Réindustrialisation de la France ou colonisation économique ?

Emmanuel Macron, président de la République, au Palais de l’Élysée, le 11 mai 2023. ©Élysée

Ça devient une manie. Pour la 3e fois en trois mois, Emmanuel Macron s’adressera aux Français. Après des mois de silence pendant le mouvement contre la réforme des retraites, le chef de l’État avait tenté un retour médiatique le 22 mars en s’invitant devant les caméras de TF1 et France 2 à l’heure du déjeuner.

Prestation insipide qui en a appelé une seconde le 17 avril. Pas d’annonce spectaculaire, si ce n’est un fumeux triptyque « travail, ordre, progrès » et la signature d’un CDD de cent jours pour Élisabeth Borne. Pas de quoi remuer les foules. 

Le président revient donc le 15 mai devant les caméras. Sans doute pour vanter l’attractivité économique du pays. Et nous expliquer combien il a eu raison de mener la politique qui est la sienne. Si lui-même ne le dit pas, qui d’autre le dira…

Fiscalité avantageuse

Lundi 15 mai, se tenait en effet à Versailles la 6e édition de Choose France. 200 chefs d’entreprise étrangers étaient présents. Emmanuel Macron espère les avoir convaincus d’investir dans notre pays. Fiscalité avantageuse, aides économiques, régression des acquis sociaux, autant d’arguments que le chef de l’État aura fait valoir auprès de ses hôtes. Car l’heure est à la réindustrialisation du pays.

13 milliards d’euros ont déjà été engagés pour 2 800 projets qui ont été soutenus et nous aurons engagé plus de 20 milliards d’euros avant la fin de l’année. Avec des projets portés par des start-up industrielles, comme des ETI ou des grands groupes, dans le domaine du spatial, du nucléaire, du médicament, de l’agroalimentaire, de la culture. Avec aussi des premières usines.

Emmanuel Macron, président de la République, Palais de l’Élysée, 11 mai 2023

Usines étrangères

Mais les usines en question sont souvent étrangères. Ainsi l’implantation prochaine d’une usine de batteries électriques à Dunkerque. Le chef de l’État s’est déplacé vendredi pour l’officialiser. Un investissement de 5,2 milliards d’euros qui doit créer à terme 3 000 emplois. Fort bien. Mais les capitaux de cette méga usine sont apportés par le groupe taïwanais ProLogium. 

Dans la même ville, le chinois XTC et le français Orano vont investir 1,5 milliard d’euros dans une unité de production de matériaux pour les batteries au lithium. Là, c’est 1 700 emplois qui vont être créés. Cette présence chinoise ne va pas sans poser question. En effet, le 5 mai, dans la même région, près de Valenciennes, la société Valdunes, dernier fabricant français de roues de trains, a été lâchée par son unique actionnaire, le chinois Ma Steel. Ce dernier avait racheté l’usine en 2014 avec ses brevets. 

Colonisation rampante

Emmanuel Macron a affirmé qu’il se battrait « jusqu’au dernier quart d’heure » pour sauver l’entreprise. Les marchés tremblent ! On est loin du retour à une industrie nationale qui garantirait notre souveraineté économique. Il s’agit bien plutôt, pour Emmanuel Macron, de transformer la France en eldorado des investisseurs étrangers. 

Il y a bien un haut-commissaire au plan qui pourrait freiner cette colonisation rampante en encourageant les acteurs français. Un certain François Bayrou. Mais depuis sa nomination, on est sans nouvelles de ce Béarnais, sans doute trop accaparé par sa bonne ville de Pau. À moins qu’il ne soit déjà en train de tirer des plans pour 2027.

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