Raquel Garrido est sanctionnée par le groupe LFI

Antoine Léaument, député LFI-Nupes de l’Essonne, à l’Assemblée nationale, le 7 novembre 2023. ©Purepolitique

La députée Raquel Garrido a donc été sanctionnée, lundi 6 novembre, par le bureau du groupe LFI à l’Assemblée nationale. Pendant quatre mois, elle n’a plus le droit de s’exprimer au nom du groupe. Dans un long tweet publié dans la nuit de lundi, la députée énumère les prises de position qui lui ont été reprochées. En particulier la dénonciation de la communication masculiniste d’Adrien Quattenens, la défense de l’unité de la Nupes, du mouvement syndical et de LFI au moment de la réforme des retraites et l’inscription d’une proposition de loi constitutionnelle abrogeant l’article 49-3 lors de la prochaine niche de LFI, le 30 novembre.

« Quatre mois, c’est comme Adrien Quatenens », écrit la députée.

Mission commandée

Une remarque qui fait bondir Antoine Léaument, en mission commandée auprès des journalistes pour défendre la sanction décidée par son groupe.

Vous voyez bien que ça n’est pas la même sanction. Adrien Quatennens a été exclu de notre groupe parlementaire. Exclu, pendant une durée de quatre mois. Exclu de notre groupe parlementaire. Il ne pouvait ni parler, ni prétendre à représenter notre groupe insoumis. Ce n’est pas le cas de Raquel. Raquel peut venir dans l’hémicycle, siéger dans notre groupe parlementaire, défendre des amendements si elle a envie de le faire parce qu’il faut bien reconnaître qu’elle ne vient pas souvent pour défendre les amendements qui sont les nôtres, et ensuite parler au nom de notre groupe. Ça n’est pas impossible, ça fait partie des choses qui lui sont possibles. C’est juste quoi ? C’est juste ne pas faire les discussions générales, c’est-à-dire les interventions de cinq minutes au début d’un débat sur un texte. Il faut arrêter de faire comme si c’était un truc énormissime. C’est une sanction qui fait suite à un certain nombre de prises de position de Raquel, et au bout d’un moment moi je pense qu’il était temps qu’il y ait un holà.

Antoine Léaument, député LFI-Nupes de l’Essonne, Assemblée nationale, 7 novembre 2023

Antoine Léaument l’assure, la décision du bureau du groupe parlementaire LFI correspond aux attentes des insoumis.

Solution plus simple : le vote

Allez regarder les commentaires sur les réseaux sociaux et le profil des gens qui mettent les commentaires sur les réseaux sociaux. Vous verrez que les insoumis, allez je vous donne un chiffre approximatif : à 90 % ou 95 % ils sont d’accord avec cette décision parce qu’ils en ont ras-le-bol, justement, de ce type de comportement. Les insoumis, d’une manière générale, ils aiment bien le débat mais ils n’aiment pas le bordel.

Antoine Léaument, Assemblée nationale, 7 novembre 2023

Pour savoir ce que pensent les insoumis, il existe une solution encore plus simple que l’exploration minutieuse des réseaux sociaux : que les militants votent sur les orientations et les équipes de direction de leur mouvement. Cette solution éprouvée présente l’incontestable avantage d’éviter que les divergences ne s’étalent devant les caméras ou sur les réseaux sociaux, comme c’est le cas depuis mardi.

« Deux poids, deux mesures »

Moi je suis atterrée, atterrée par cette sanction parce que je pense qu’on ne règle pas des divergences politiques par des sanctions bureaucratiques. Quand d’autres, je pense par exemple à Danièle Obono qui a pu tenir des propos sur le Hamas qui ne sont pas en correspondance avec la position de groupe, je pense à ce que nous avons pu entendre ou lire sur Sophia Chikirou. Donc oui, j’estime qu’il y a un deux poids deux mesures.

Clémentine Autain, députée LFI de Seine-Saint-Denis, France Inter, 7 novembre 2023

« Quelle honte ! », s’est encore exclamée Danièle Simonnet sur le réseau social X.

Sur Twitter encore, François Ruffin persifle :

« Où est la buanderie ? »

Salle des Quatre-Colonnes, Alexis Corbière, qui est à la fois frondeur et compagnon de Raquel Garrido, ne mâchait pas ses mots.

Tout débat politique, en particulier d’ordre stratégique, ne peut se régler par des mesures administratives. C’est un désaccord stratégique que Raquel Garrido a exprimé mais elle n’est pas la seule, je partage ses opinions, je crois que d’autres de mes amis comme Clémentine Autain, François Ruffin et beaucoup d’autres pensent que à l’heure actuelle nous ne devons pas être seulement sur une stratégie que je qualifierais de socle dur autour duquel un peu par une question de vote utile les gens se rangeront, mais au contraire aussi de quelque chose qui rassemble, qui convainc. Cette soif d’en finir avec le présidentialisme, cette volonté de dire qu’on veut que les citoyens puissent s’exprimer, puissent contrôler, puissent intervenir, le mouvement que nous animons doit aussi l’incarner à sa façon. À ceux qui disent qu’il faut laver le linge sale en famille, je réponds : « où est la buanderie ? ». C’est la question qu’on pose. Où ça se passe, et on le fera. Pour l’instant ça se passe comme ça se passe.

Alexis Corbière, député LFI de Seine-Saint-Denis, Assemblée nationale, 7 novembre 2023

Consternation générale de la Nupes

Au sein de la Nupes, c’est la consternation générale, car Raquel Garrido incarnait, avec d’autres, la volonté de relancer la coalition électorale.

Nous on est solidaires de Raquel Garrido. Je pense qu’on a été suffisamment clairs là-dessus. Elle se dit, dans sa déclaration, humiliée et portant une sorte de honte. Nous ce qu’on veut lui dire c’est que je crois que la honte n’est pas de son côté.

Elsa Faucillon, députée GDR des Hauts-de-Seine, Assemblée nationale, 7 novembre 2023

Il est normal, naturel même, que dans toute formation politique, dans toute coalition, on puisse exprimer une parole qui est une parole différente parce que c’est comme ça que nous arrivons à avancer. Nous ne sommes pas identiques et nous ne pouvons pas nous aligner sur la parole d’un seul. Nous critiquons suffisamment souvent Jupiter qui est à l’Elysée pour ne pas avoir un Jupiter dans l’opposition.

Olivier Faure, député de Seine-et-Marne et secrétaire national du Parti socialiste, Assemblée nationale, 7 octobre 2023

Quatre mois de sanction c’est évidemment un symbole, et c’est un symbole violent. Violent, vraiment. Des paroles politiques dissidentes, voire une attitude politique dissidente, ça n’est pas la même chose que d’être condamné pour violences conjugales.

Sandrine Rousseau, députée écologiste-Nupes de Paris, Assemblée nationale, 7 novembre 2023

Avec cette mise à l’écart de Raquel Garrido, La France insoumise s’enfonce un peu plus dans une radicalité dont on voit mal où elle mène. Sera-t-elle payante électoralement ? On en aura un premier aperçu dans quelques mois.

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