Macron : une popularité en panne

Emmanuel Macron, président de la République, à l’Élysée, le 29 mars 2023. ©Élysée

Depuis plusieurs semaines, les macronistes ont du vague à l’âme. La bataille des retraites les a laissés sur le flanc. Et ce n’est pas le grand entretien d’Emmanuel Macron publié dimanche 23 avril dans Le Parisien qui va remonter le moral des troupes. Oui, à l’occasion du premier anniversaire de sa réélection, les lecteurs du quotidien ont passé le président à la casserole. Dans cet échange, Emmanuel Macron se livre à un étrange mea culpa. Si tout va mal, c’est parce qu’il serait resté en retrait de la scène politique. 

Peut-être que j’aurais dû plus me mouiller, mais ce sont les institutions. […] Et donc peut-être que l’erreur a été de ne pas être assez présent pour donner une constance et porter cette réforme moi-même. […] Je pense surtout que je dois me réengager dans le débat public parce qu’il y a des choses qui ne sont pas claires.

Emmanuel Macron, président de la République, Le Parisien, 23 avril 2023

Péché d’orgueil

Mais chez Emmanuel Macron, la contrition masque toujours un péché d’orgueil. Car, en réalité, le président rend son propre camp responsable de l’échec. « Il faut que je fasse tout moi-même », semble-t-il dire. Sous-entendu, je suis entouré d’incapables. Tout va mal en effet. Vendredi, l’institut BVA, dans une enquête réalisée pour RTL, donne le chef de l’État à 26 %, soit le plancher qu’il avait atteint au plus fort de la crise des gilets jaunes. Au point qu’on se demande si c’est bien le même homme qui a été réélu, voici un an.

Et la chute pourrait ne pas s’arrêter là. Le même sondage nous apprend que 63 % des Français souhaitent que la mobilisation contre la réforme des retraites se poursuive. Par deux fois déjà, le président a tenté de tourner la page. Le 22 mars, il s’entretient avec les deux présentateurs du 13 heures de TF1 et France 2. Puis, le 17 avril, c’est une allocution solennelle à 20 heures. Mais sa parole glisse comme une savonnette dans le bac à douche. 

En panne

Emmanuel Macron est en panne. Plus d’imagination, plus d’envie. Et ça se voit. Comme Valéry Giscard d’Estaing avant lui, il est passé du statut de jeune président réformateur à celui de monarque détesté, sinon haï. Pour autant, il n’entend pas céder la place. C’était jeudi dernier dans l’Hérault. Il répondait à des contradicteurs.

Je ne vais pas démissionner, je vous rassure. Je vous rassure ça n’arrivera pas, faudra attendre 2027.

Emmanuel Macron, TF1, 20 avril 2023

Arrêtons-nous un instant sur cette déclaration. Elle est proprement inouïe, car Emmanuel Macron admet implicitement que la question de son départ est dans l’air. S’il éprouve le besoin de souligner qu’il ira jusqu’au terme de son mandat, c’est qu’il n’en est plus certain lui-même. Simple maladresse ou aveu de faiblesse ? De fait, les déplacements du chef de l’État et les prises de parole entretiennent la colère au lieu de la désamorcer.

« On reproche tout et son contraire »

La garde rapprochée vante cependant son courage : 

Je préfère un président chahuté à un président planqué. Et parfois j’ai l’impression qu’on reproche un peu tout et son contraire au président. Quand il est à l’Elysée on considère qu’il faut qu’il aille sur le terrain et quand il est sur le terrain on lui reprocherait presque d’y aller. Je ne sais pas discuter avec une casserole.

Gabriel Attal, ministre délégué chargé des Comptes publics, Europe 1, 21 avril 2023

Ah les casseroles ! Les Français aimeraient surtout avoir de quoi les remplir. Mais voilà, il s’agit d’un complot :

La France de l’apaisement, ce n’est pas la France des guet-apens et du sabotage. Certes il y a effectivement des concerts de casseroles, d’ailleurs souvent mis en place, orchestrés, savamment orchestrés par l’extrême gauche, par la CGT, par La France insoumise, mais ça n’empêche pas le président, aussi, de pouvoir discuter avec les Français.

Karl Olive, député Renaissance des Yvelines, France info, 23 avril 2023

Plus discret

Certes, avec ses concerts de casseroles, le mouvement social est en train de cuire à l’étouffée le chef de l’État. Mais de là à confisquer tous les récipients en fer-blanc aux abords des visites présidentielles, il y a un pas que le ridicule interdisait de franchir. À quand la surveillance des quincailleries par la DGSI et le Renseignement territorial ? À quand la fermeture des rayons spécialisés dans les grandes enseignes ? À quand l’interdiction des émissions culinaires pour injures publiques envers le chef de l’État ?

Quoi qu’il en soit, Emmanuel Macron va se faire plus discret si l’on en croit un de ses ministres, Roland Lescure.

Il va faire des petits débats. On a vu quelques images tout à l’heure, il est sur le terrain, il échange avec des gens. Une fois que les casseroles s’éteignent, il y a des gens qui sont d’accord et des gens qui ne sont pas d’accord qui sont prêts à échanger avec lui. Je pense qu’il va continuer à le faire.

Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie, « Dimanche en politique », France 3, 23 avril 2023

« Les casseroles et les gens qui les tiennent »

Ce matin, sur CNews, alors qu’une nouvelle casserolade se prépare, un des comploteurs jetait le masque :

Je rappelle au président de la République qu’il y a les casseroles et puis il y a les gens qui les tiennent. Et par contre les gens qui tiennent les casseroles c’est bien eux qui font avancer la France et certainement pas le président de la République par son programme.

Manuel Bompard, député des Bouches-du-Rhône et coordinateur de La France insoumise, CNews, 24 avril 2023

Emmanuel Macron s’est donné cent jours pour rebondir. Pour l’instant, on a du mal à percevoir l’esquisse d’un frémissement. Le pays reste désespérément bloqué. Cette situation ne pourra pas se prolonger indéfiniment. En tout cas, pas pendant quatre ans.

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