Élisabeth Borne veut rester à Matignon. Abdiquant toute dignité, elle le déclare, le 13 mai, dans Le Journal du Dimanche. Mais il va lui falloir faire la preuve de son utilité. Cette semaine, elle reçoit les syndicats à Matignon. Objectif, leur faire avaler la prochaine réforme du travail. Ce n’est pas gagné. Écoutez ce que disait Sophie Binet dimanche 14 mai :
Ce que je veux dire à la Première ministre, c’est qu’il n’y aura pas de retour à la normale si cette réforme n’est pas abandonnée. […] Et par contre nous allons dire que les exigences, oui, il y en a beaucoup dans le monde du travail. Évidemment le retrait de cette réforme des retraites mais aussi l’augmentation des salaires, par exemple.
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, « Le Grand Jury », RTL-Le Figaro-LCI, 14 mai 2023
Texte immigration durci
La Première ministre est également chargée de trouver, d’ici le mois de juillet, une majorité pour voter la loi immigration, un texte rédigé par Gérald Darmanin et Olivier Dussopt. Le projet de loi a déjà été examiné au mois de mars par la commission des lois du Sénat. À cette occasion, le texte a été durci : mise en place de quotas migratoires, regroupement familial plus difficile, contrôle de l’immigration étudiante renforcé, aide médicale d’État transformée en aide médicale d’urgence.
Mais à l’époque, le contexte social avait incité le gouvernement à la prudence. Pas la peine de jeter de l’huile sur le feu en pleine contestation de la réforme des retraites. L’examen en séance du projet de loi avait été renvoyé à l’automne. Sans doute l’exécutif se sent-il aujourd’hui moins menacé. Le projet de loi refait donc surface.
Pression de la droite
La pression de la droite n’est pas étrangère à ce revirement. Le patron de LR, Éric Ciotti, ne cesse de dénoncer les reculs du gouvernement et réclame un référendum sur la question. Pour dégager une majorité autour du projet de loi, Élisabeth Borne serait prête à reprendre à son compte la version amendée par le Sénat.
Mais il lui faudrait alors abandonner la régularisation des travailleurs sans papiers prévue par le texte initial. Renoncement dont le groupe Renaissance à l’Assemblée ne veut pas entendre parler pour l’instant. Entre le Sénat et l’Assemblée, il va falloir choisir.
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