Au départ de la place de la République, ce samedi 4 novembre à Paris, on aurait pu penser que la marche contre la guerre à Gaza allait connaître un succès limité. Les manifestants n’étaient guère nombreux. C’était se tromper, pourtant. Au fil des heures, des milliers et des milliers de personnes ont rejoint le cortège. Si bien que la police a dénombré 19 000 manifestants au final. Les organisateurs – La France insoumise, les Écologistes, le Parti communiste, des syndicats et une kyrielle d’associations – avancent le chiffre de 60 000 manifestants.
Ce qui est certain, c’est que samedi, Paris a connu la plus grosse manifestation de soutien aux Palestiniens depuis le 7 octobre. Entre deux 49-3 et trois motions de censure, Mathilde Panot est venue donner le cadre du rassemblement.
Personne ne pourra dire qu’on ne savait pas. Et donc je crois qu’il est extrêmement important d’avoir, partout dans les pays du monde, des pressions populaires extrêmement fortes qui disent aux gouvernants de notre pays mais aussi à la communauté internationale en général : il faut régler politiquement la question.
Mathilde Panot, députée du Val-de-Marne et présidente du groupe LFI-Nupes, 4 novembre 2023
Retrouvailles de la gauche
S’il ne comporte aucune référence aux massacres perpétrés par le Hamas – et encore moins de condamnation – l’appel à la manifestation associe cependant les victimes israéliennes et palestiniennes.
Nous demandons un cessez-le-feu immédiat à Gaza, la fin des bombardements, des offensives terrestres et des déplacements forcés de populations, ainsi que la levée immédiate des blocus. Nous exigeons que la France s’engage activement dans ce sens. Nous rendons hommage à l’ensemble des populations civiles, palestiniennes et israéliennes, victimes de crimes de guerre. Chaque vie compte.
Bertrand Heilbronn, président de l’Association France Palestine solidarité, 4 novembre 2023
Petit événement dans la grande histoire, cette manifestation a été le théâtre des retrouvailles de la gauche.
Moratoire illisible
C’est le cessez-le-feu qui est la question centrale, celle à partir duquel tout le reste peut se discuter. Tout. Depuis les questions les plus profondes, la réorganisation du débat politique, sur les deux États, la question des otages, etc, on ne peut rien faire sous les bombes. Je suis très heureux de voir que la tension initiale, qu’il y avait dans le mouvement social et à gauche, baisse, et que enfin on se retrouve sur des positions raisonnées et raisonnables qui sont, au fond, assez traditionnelles. […] Jusqu’aux socialistes, avez-vous vu, qui, pour finir, se retrouvent à, eux-mêmes, venir à la marche. Alors ça c’est bien parce que ça veut dire que maintenant, en gros, tout le monde est là.
Jean-Luc Mélenchon, coprésident de l’Institut La Boétie, 4 novembre 2023
Jean Luc Mélenchon se félicitant de la présence du PS. Après les invectives de ces dernières semaines, cette sobriété dans l’expression sonne presque comme une volonté de rabibochage. Mais Olivier Faure n’avait pas envie d’évoquer le sujet. Peut-être parce que cette union dans la rue, autour d’une même cause, rendait tout à coup illisible le moratoire décrété par le PS sur sa participation à la Nupes.
Queue de cortège
Vous n’allez pas ramener le sujet à un autre sujet aussi médiocre que celui-là. La raison pour laquelle nous sommes ici présents, nous étions présents après le 7 octobre avec le CRIF, en solidarité avec le peuple israélien, nous sommes aujourd’hui en solidarité avec le peuple palestinien parce que nous considérons que chaque vie compte et qu’il y a aujourd’hui une forme d’escalade qui ne mène à rien sinon à ce que génération après génération se reproduise la tragédie que nous connaissons aujourd’hui. Et c’est la raison pour laquelle nous sommes ici, pour réclamer à la fois la libération des otages, un cessez-le-feu immédiat, et la relance d’un processus de paix.
Olivier Faure, député de Seine-et-Marne et premier secrétaire du Parti socialiste, 4 novembre 2023
En désaccord avec le texte de l’appel à la manifestation, les socialistes ne se sont pas joints au carré de tête. Ils ont préféré déplier une banderole et cheminer un moment en queue de cortège. Cette manifestation a sans doute été une des plus tranquilles que Paris a connue depuis des années. Ce qui questionne l’interdiction des précédents rassemblements au motif qu’ils présentaient un risque de trouble à l’ordre public. Manifestement, le ministère de l’Intérieur joue à se faire peur.
Soyez le premier à commenter