Et Michel Barnier finit par céder. Dans le Figaro de ce jeudi après-midi, le Premier ministre annonce qu’il renonce à l’augmentation des taxes sur l’électricité. Un geste qui, espère-t-il, lui évitera de voir les députés du Rassemblement national joindre leurs voix à celles des députés du Nouveau Front Populaire pour censurer le gouvernement.
Nous n’avons pas les détails de cette mesure. Nous ne savons pas si c’est une annulation totale, si c’est une annulation compensée. Je vous rappelle qu’au Sénat ça a avait été compensé par une augmentation du gaz. Les Français, on leur reprenait d’une main ce qu’on venait de leur rendre de l’autre.
En l’état actuel des choses, il faut qu’on se retrouve, il faut qu’on en discute, mais en l’état actuel des choses ce n’est pas suffisant. Maintenant, il faut aller évidemment, il faut que le gouvernement aille encore plus loin. On n’est pas dans du marchandage. Tout ce que l’on veut c’est un bouclier de pouvoir d’achat pour les Français.
Franck Allisio, député RN, le 28/11/2024
Ce n’est pas suffisant, dit Franck Allisio. Que manque-t-il ?
Vous avez un communiqué de presse, ce n’est pas à moi de vous le dire. Ce communiqué de presse énonce tout ce qu’il faut, notamment sur le PLFSS. Ce communiqué de presse est toujours en vigueur. Rien n’a bougé.
Franck Allisio, député RN, le 28/11/2024
Marine Le Pen pose ses conditions
Ce communiqué, le voici. Il a été rendu public quelques instants avant les annonces de Michel Barnier au Figaro. Outre la baisse des taxes sur l’électricité, le document réclame l’indexation pour tous les retraités des pensions au 1er janvier prochain, la suppression des allégements de charges sur les entreprises et l’engagement de ne pas dérembourser les médicaments. S’y rajoutent la baisse de l’Aide médicale d’État et celle de la contribution à l’Europe.
Cette liste en forme d’ultimatum fait suite à la réunion, hier soir, d’une Commission mixte paritaire sur le projet de loi de finances de la sécurité sociale. Le fameux PLFSS. Les 7 sénateurs et les 7 députés qui composent la CMP sont tombés d’accord sur une version du texte qui sera présentée lundi aux députés sans possibilité d’amendements.
Conscient qu’il est minoritaire, le gouvernement engagera sa responsabilité conformément à l’article 49-3 de la Constitution. La gauche a prévenu qu’elle déposerait aussitôt une motion de censure qui sera discutée au plus tôt mercredi 4 décembre.
Évidemment, nous, nous l’avons dit à chaque moment, à chaque fois qu’il y aura un 49-3 nous déposerons une motion de censure.
Mathilde Panot, députée LFI et présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, le 26/11/2024
Si, à l’évidence, et comme ça se dessine, le gouvernement présentait à l’Assemblée nationale un budget qui ne correspond pas au mandat qu’ont donné les Français à la représentation nationale, qu’il ne pouvait adopter que par 49-3 à l’évidence l’ensemble du groupe socialiste votera une motion de censure.
Emmanuel Grégoire, député Socialistes et apparentés, le 26/11/2024
L’avenir du gouvernement ne tient plus qu’à un fil
C’est là que va se jouer l’avenir du gouvernement. Si le RN et ses supplétifs de l’UDR votent la motion de censure, Michel Barnier gagne son billet de retour pour les alpages savoyards. Ça tombe bien, la saison de ski commence…
Car Marine Le Pen ne peut plus faire semblant d’être dans l’opposition tout en continuant à jouer la béquille du gouvernement. Elle doit composer avec les attentes de son électorat. Comme nous l’apprend un sondage Elabe, 64% des électeurs du RN sont aujourd’hui favorables au vote d’une motion de censure contre le gouvernement.
Il faut donc que la présidente du groupe arrache au moins quelques trophées à défaut du scalp du Premier ministre. Et ce n’est pas facile. On se dispute les prises de guerre. Écoutez Prisca Thévenot revendiquer la baisse du prix de l’électricité.
Je m’échappe quelques instants de l’hémicycle où nous débattons en ce moment sur la niche parlementaire de LFI pour venir saluer devant vous une annonce qui a été faite et sur laquelle nous pouvons être soulagés, au nom du groupe Ensemble pour la République.
Cette annonce a été faite par le Premier ministre Michel Barnier sur les enjeux de pouvoir d’achat, d’énergie, pour l’ensemble des foyers français. Il y a une mesure que nous avions demandé depuis un certain nombre de semaines maintenant, et nous voyons que nous avons pu être entendus, aussi bien à l’Assemblée nationale qu’au Sénat, puisque c’était une demande que nous portions aussi bien ici avec le groupe Ensemble avec la République qu’avec nos représentants au Sénat.
Prisca Thévenot, députée EPR, le 28/11/2024
Jean-Philippe Tanguy a pété un câble
S’il fallait une preuve supplémentaire que le ton a changé entre le RN et le socle commun, il n’est qu’à regarder le comportement du groupe lepéniste ce jeudi matin. Il a bordélisé la séance sur l’abrogation de la réforme des retraites. Comme s’il voulait afficher une radicalité retrouvée. Le député Jean-Philippe Tanguy s’en est pris à l’une de ses collègues, la députée de la Droite républicaine Éliane Kremer.
Finalement, je suis plutôt content d’avoir attendu mon tour pour parler après cette morgue de classe qui vient d’apparaître. Il ne faut pas gratter longtemps pour voir la morgue de classe du parti des petits bourgeois qui n’ont jamais travaillé, qui veulent prétendre qu’on peut travailler jusqu’au bout. Jamais ! C’est ce que vous êtes. On n’en peut plus !
Jean-Philippe Tanguy, député RN, le 28/11/2024
Brouhaha, suspension de séance. Tout le monde revient dans l’hémicycle. Et le show continue. Jean-Philippe Tanguy affirme vouloir présenter ses excuses.
Au nom de l’article 100 pour la bonne tenue des débats, je tenais à présenter mes excuses. Je voulais présenter mes excuses à notre collègue Kremer, parce qu’effectivement je ne la connaissais pas, je la découvre ce matin. Je présente mes excuses à notre collègue. Effectivement, je comprends mieux pourquoi elle a tenu son propos parce que d’après monsieur Hetzel, qui était le député qu’elle remplace, effectivement c’est une jeune retraitée de 62 ans de la Banque de France, un des régimes les plus favorables de la République.
Jean-Philippe Tanguy, député RN, le 28/11/2024
Le bloc central fait de l’obstruction
Jean-Philippe Tanguy a écopé d’un rappel à l’ordre. Mais cet esclandre ne doit pas éclipser l’obstruction du bloc central autrement plus pernicieuse.
Comment se sont passées les premières heures de notre niche parlementaire ? D’abord, vous avez deux gouvernements, deux ministres du gouvernement qui ont parlé pendant une heure. Puis ensuite, des amendements, alors 10 amendements qui ont été passés entre 9 heures et 13 heures, avec à chaque fois des rappels au règlement extrêmement provocants et indignes de députés macronistes qui ont été faits. Et une ministre qui répondait tel un répondeur automatique absolument la même chose à chaque fois pendant le plus longtemps possible pour essayer de freiner les débats.
Je vais vous dire : il est indigne d’un gouvernement, il est indigne de député d’aller ainsi à l’encontre de la souveraineté populaire qui a encore exprimé dans les urnes en juillet dernier qu’ils étaient massivement pour l’abrogation de la réforme à 64 ans.
Mathilde Panot, députée LFI et présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, le 28/11/2024
Bien sûr, les macronistes assurent n’avoir fait que leur devoir de parlementaires.
Moi je récuse le terme d’obstruction. On a déposé des amendements parce que c’est un texte qui le mérite. C’est un texte qui mérite qu’on en débatte, qui change la vie de millions de Français, qui engage durablement l’avenir des finances publiques. On ne peut pas à la vite, comme ça, revenir sur une réforme aussi importante.
J’ai vu des amendements qui permettaient d’avoir le débat sur des sujets essentiels, sujet de la recevabilité financière de cette proposition de loi, personne ne l’évoque du côté des insoumis.
Mais est-ce qu’on pense vraiment qu’on va abroger la réforme des retraites en augmentant le prix du paquet de cigarettes ? Est-ce que c’est sérieux ? Est-ce que c’est une copie crédible à présenter aux Français. Est-ce qu’on pense vraiment qu’on va réformer notre modèle social en créant une contribution temporaire sur les bénéfices des pétroliers ?
Mathieu Lefèvre, député EPR, le 28/11/2024
Les grandes manœuvres ont commencé. Jusqu’où le gouvernement peut-il reculer pour ne pas être renversé par le Rassemblement national ? Jusqu’où Marine Le Pen peut-elle faire monter les enchères ? Comment le Nouveau Front Populaire peut-il reprendre l’initiative et, éventuellement, imposer une candidature à Matignon ? C’est tout cela qui va se jouer dans les prochains jours. Avec, en filigrane, la question de l’avenir du président de la République.
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