Valérie Hayer, le boulet des macronistes

Valérie Hayer sur France Inter le 5/04/2024 ©FranceInter

C’est le branle-bas de combat au sommet de l’État. Jordan Bardella s’envole dans les sondages. Le tête-à-tête installé par l’exécutif depuis des mois entre Rassemblement national et Renaissance est en train de tourner à l’avantage du premier. Loin d’être le repoussoir espéré, Jordan Bardella apparaît aux yeux de nombreux Français comme le plus court chemin pour en terminer avec le macronisme. Pire, en ciblant systématiquement le parti de Marine Le Pen, le chef de l’État et son Premier ministre n’ont fait que crédibiliser son accession éventuelle au pouvoir.

Face au candidat du RN, Valérie Hayer, la tête de liste Renaissance – qui n’a toujours pas bouclé sa liste, d’ailleurs – cède lentement, mais sûrement, du terrain. Le dernier sondage en date, celui de l’institut Elabe, confirme la tendance des précédentes enquêtes d’opinion : en trois mois, Renaissance est passé de 18 % d’intentions de vote à 16,5 %. Au cours de la même période Bardella a gagné un point et demi, atteignant ainsi la barre des 30 % d’intentions de vote. Soit 13 points et demi de plus que la liste du bloc présidentiel.

Le 2 mai, Jordan Bardella débattra avec Valérie Hayer. La seconde mettra-t-elle le premier en difficulté ? Il est permis d’en douter quand on écoute la candidate livrer son analyse sur les raisons de la progression de son concurrent.

Aujourd’hui le Rassemblement national à 30% dans les intentions de vote. Évidemment que ça pose question, que ça m’inquiète. On voit la dynamique de l’extrême droite en France mais partout en Europe. Et donc ça suppose que, un, on apporte des réponses claires au questionnement, aux interrogations des Français et des européens. Si l’extrême droite est si haute dans le pays, il y a des éléments d’explication qu’il faut apporter, nous, sur les politiques qu’on met en œuvre.

Valérie Hayer le 5/04/2024

Absence de pédagogie

Et revoilà l’increvable argument de l’absence de pédagogie. Si le bloc présidentiel s’effrite dans l’opinion, c’est juste parce qu’il n’a pas bien expliqué combien sa politique était formidable. Non contente d’être distancée par le RN, Valérie Hayer est talonnée par la liste du PS. Au point que certains envisagent déjà que la courbe ascendante de Glucksmann puisse bientôt croiser la courbe descendante de Renaissance. Plutôt social-libéral que social-démocrate, le leader de Place publique mord en effet sur l’électorat macroniste. Mais il capte aussi une proportion non négligeable d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2022. Pour remettre en selle Valérie Hayer, l’Élysée mise paradoxalement sur Marion Maréchal.

Les stratèges de la campagne espèrent que la tête de liste Reconquête brillera suffisamment pour voler quelques miettes à Jordan Bardella. En gros, il s’agit d’opérer un rééquilibrage au sein de l’extrême droite. Un pari hasardeux. Et plutôt humiliant pour Valérie Hayer. On se croirait dans un de ces vieux films américains sur la boxe où l’entraîneur véreux parie en catimini sur la défaite de son poulain. Pas sûr, cependant que le débat soit très éclairant pour l’électeur.

Samedi, Gabriel Attal occupait l’espace médiatique avec ses annonces sur la santé. Annonces qu’on pourrait résumer ainsi : “Vous ne trouvez pas de médecin généraliste ? On va vous apprendre à vous en passer”.

Ce qui remonte de tous les députés, partout sur le territoire, cette angoisse de ne pas pouvoir avoir accès à un médecin quel que soit l’endroit où vous êtes. Il faut que nous puissions y répondre et nous apportons des réponses. Est-ce que ce sont des réponses parfaites ? Probablement pas. Mais en tout cas il faut une réponse et il faut qu’il y ait une réponse médicale à une interrogation de n’importe quel Français.

Sylvain Maillard le 7/04/2024

Le Mozart de la finance est à court de partition

L’opticien va ainsi remplacer l’ophtalmo, le pharmacien va délivrer des antibiotiques et du collyre, à moins que ce ne soit son employé sans aucune qualification qui s’en charge. Quant au kinésithérapeute, il pourra être sollicité directement dans 13 départements. Et tant pis si un médecin du sport ou un rhumatologue eut été plus indiqué… Tant que le charcutier du coin n’est pas sollicité pour les transplantations cardiaques, on peut s’estimer heureux.

Cerise sur le gâteau, chacun pourra s’adresser directement au spécialiste de son choix sans passer par son médecin traitant. Mais comment le patient va-t-il déterminer celui qui convient le mieux à sa pathologie ? Doit-il s’inscrire à son tour en faculté de médecine ? Ça, les Diafoirus du gouvernement n’y ont pas réfléchi. Cette apparente simplification est en réalité un immense cache-misère. Les 6 000 étudiants en médecine supplémentaires, d’ici 2027, ne seront diplômés que dans 10 ans pour les premiers. Et parmi eux, combien abandonneront en cours de route ? Combien exerceront vraiment à l’issue de leurs études ? Cette augmentation reste largement en deçà des besoins. Et puis il y a la “taxe lapin” qui fait beaucoup parler. Vous n’honorez pas votre rendez-vous avec le médecin ? 5 euros de pénalité. Prélevés, on ne sait trop comment. On évoque une empreinte bancaire.

C’est sûr que s’aligner sur les réservations hôtelières va accroître la relation de confiance entre le patient et le praticien. Mais la véritable préoccupation du gouvernement, ce sont les finances publiques. Cette semaine, Bruno Le Maire doit transmettre “pour avis” le programme de stabilité de la France au Haut conseil des finances publiques. En gros, le ministre doit indiquer comment il compte ramener le déficit à 3 % en 2027. Pour atteindre cet objectif, il faut réduire la dépense publique de 65 milliards d’ici-là. Ou bien augmenter les recettes. Par exemple les taux de TVA comme y songe le gouvernement. Au point que Manon Aubry a lancé une mise en garde.

Que le gouvernement nous dise, oui ou non, s’ils ont prévu d‘augmenter la TVA pour aller chercher de l’argent dans les caisses de l’État. Et j’observe au passage que Bruno Le Maire, quand même, nous demande de rembourser un trou financier qu’il a lui-même creusé. Il se présente en Mozart de la finance, pardon mais ce sont des tocards de l’économie.

Manon Aubry le 7/04/2024

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