L’hypothèse d’une nomination de Bernard Cazeneuve au poste de Premier ministre chahute le Nouveau Front Populaire

Lucie Castets, candidate NFP pour le poste de Premier ministre, le 30/08/2024 ©PurePolitique

Emmanuel Macron s’est remis à lorgner vers la gauche. Persuadé que l’unité de celle-ci est factice et qu’il se trouve en son sein quelques figures dont l’appétit l’emportera sur les convictions. C’était déjà l’objectif caché de la dissolution de l’Assemblée nationale. Casser la gauche. Mauvais calcul. Le président de la République n’a réussi qu’à conduire son propre camp à la défaite.

Il y a encore quelques jours, le chef de l’État semblait se résigner à nommer Bernard Cazeneuve. Je dis résigné, parce que Bernard Cazeneuve incarne l’ancien monde, celui du hollandisme. Autrement dit la préhistoire du macronisme.

Mais pour Jupiter, c’était là le seul profil susceptible d’échapper à la foudre d’une censure immédiate de la droite et de l’extrême droite. Cazeneuve n’avait-il pas claqué la porte du PS au lendemain de la création de la NUPES ? Et surtout, ne dénonçait-il pas la France insoumise chaque fois que l’occasion lui en était donnée ? Emmanuel Macron en était certain : il tenait enfin le bon candidat. Celui qui lui permettrait de sortir des sables mouvants de la dissolution.

Emmanuel Macron veut faire exploser le Parti socialiste

Mais une fois encore, les choses ne se sont pas passées comme il l’espérait. C’est vendredi que tout a basculé. À Blois, où le PS tenait son université d’été. Un champ clos qui a vu s’affronter les socialistes prêts à se ranger derrière Bernard Cazeneuve et ceux qui continuent de mettre en avant le nom de Lucie Castets. Car celle-ci n’entend pas jeter l’éponge.

Rien n’est terminé. La situation du pays est celle de l’immobilisme. Nous allons continuer à travailler. Nous allons toujours montrer que nous préparons les mesures de notre gouvernement. Nous sommes au travail, nous sommes sérieux et nous continuons évidemment à avoir des contacts bien au-delà du NFP. Je ne me sens pas du tout moins soutenue qu’avant. Vous voyez l’accueil ici. Je me sens soutenue par les quatre forces du Nouveau Front Populaire et je n’ai pas l’impression que ce soit démenti par les militants qui appellent tous à l’unité.

Lucie Castets, candidate NFP pour le poste de Premier ministre, le 30/08/2024

À la tribune du meeting du Nouveau Front Populaire organisé en marge du Campus socialiste, l’ancienne insoumise Clémentine Autain a décortiqué la manœuvre du chef de l’État.

Essayer de faire en sorte qu’on puisse à nouveau s’éclater. Et donc, de prendre celui ou celle, j’ai l’impression que c’est surtout “celui” là qui est en jeu, qui aurait la bonne idée d’aller gouverner, d’accepter d’être Premier ministre, sans accord du Nouveau Front Populaire et qu’à ce moment-là il pourrait y avoir une crise ouverte chez vous, qui impacterait l’ensemble du Nouveau Front Populaire, et qui mettrait à bas notre stratégie et ainsi il pourrait tirer les marrons du feu.

Clémentine Autain, députée NFP, le 30/08/2024

Une odeur de naphtaline

Vendredi, les barons socialistes qui contestent Olivier Faure se sont retrouvés pour une prise de parole commune aux allures de coup de force. Ils déplorent que le Parti socialiste ne poursuive pas les discussions avec le président de la République sur le choix du Premier ministre. Oubliant que c’est Emmanuel Macron qui a définitivement écarté le Nouveau Front Populaire et sa candidate, Lucie Castets.

Les discussions se sont embourbées et nous sommes dans une crise. En tant que socialistes, nous avons appelé, Nicolas Mayer-Rossignol et moi-même, à ce que le Parti socialiste poursuive des discussions pour essayer de trouver une solution de sortie qui nous semble être la plus simple, c’est-à-dire nommer un Premier ministre de gauche, issu des rangs socialistes ou sociaux-démocrates, dans un gouvernement de cohabitation.

La direction nationale du Parti socialiste a choisi la stratégie de la France insoumise qui consiste à être dans le bruit et la fureur en appelant à manifester. Vous avez compris que nous n’irons pas manifester le 7 septembre prochain parce qu’il nous semble qu’il faut trouver des solutions plutôt que de mettre de la pays sous un tension maximale, il l’est déjà suffisamment.

Hélène Geoffroy, maire PS de Vaulx-en-Velin et vice-présidente de la métropole de Lyon, le 30/08/2024

La France insoumise, voilà la responsable de tous les maux. À en croire les opposants à l’actuel Premier secrétaire, ce dernier aurait inféodé leur parti à Jean-Luc Mélenchon. Ces socialistes-là veulent retrouver les allées du pouvoir le plus rapidement possible. Pour monter dans le bus qui les ramènerait vers les ors de la république, ils sont prêts à céder le volant au chauffeur que leur désignera Emmanuel Macron. Un tramway nommé Cazeneuve si j’ose dire.

Je suis étonnée qu’on me demande si Bernard Cazeneuve est un homme de gauche. Mais bien évidemment que c’est un homme de gauche, il l’a toujours prouvé. Qu’il y ait eu des erreurs dans le gouvernement de François Hollande, je peux le reconnaître. On peut dire que la déchéance de nationalité, la loi travail, ce furent des erreurs. Oui. Mais pour autant le bilan du quinquennat Hollande est bien plus positif que le bilan d’Emmanuel Macron.

Carole Delga, présidente PS du Conseil région d’Occitanie, le 30/08/2024

Mais voilà, Olivier Faure ne croit pas qu’un socialiste débauché par Emmanuel Macron puisse mener une politique de gauche.

La réalité c’est que si vous voulez, demain, gouverner sans le Front Populaire avec la droite vous serez avec la droite et vous serez même la droite parce qu’on n’a jamais vu une équipe de droite faire une politique de gauche. Ça n’existe pas.

C’est la raison pour laquelle nous ne participons pas à cette mise en scène qui se prolonge avec le chef de l’État. Non pas que nous n’ayons plus envie de retourner à l’Élysée. Le plus vite, j’allais dire, sera le mieux, dans d’autres conditions. Mais, surtout, ce que nous ne voulons pas, c’est ce qu’il a appelé lui-même un “parfum de cohabitation”. Nous ne sommes pas des parfumeurs. Nous voulons une cohabitation.

Olivier Faure, député PS et Premier secrétaire du PS, le 30/08/2024

Si la nomination à Matignon de l’actuel président du CESE, Thierry Beaudet, venait à se confirmer, cela changerait-il la donne ? Sans doute l’intéressé bénéficierait-il de quelques semaines de répit. Mais suspendu dans le vide, comment pourrait-il faire autrement que poursuivre la politique voulue par le chef de l’État ? Tôt ou tard, une motion de censure viendrait clôturer ce qui risque bien de n’être qu’un intermède. Pas grand-chose pour le pays. Mais une éternité pour un Emmanuel Macron qui ne se résout pas à partager le pouvoir.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.