Fête de l’Humanité : le choc des stratégies à gauche

Fête de l’Humanité à Brétigny-sur-Orge, le 14/09/2024 ©PurePolitique

Jean-Luc Mélenchon s’exprimait depuis la fête de l’Humanité à Brétigny. Une fête qui a été fidèle à sa tradition de débat. Notamment celui qui traverse la France insoumise et par extension la gauche dans son ensemble. Comment retrouver l’adhésion des milieux populaires ? Pour Jean-Luc Mélenchon, les acteurs de la révolution citoyenne sont à recruter dans deux groupes sociaux bien identifiés.

C’est la jeunesse qui dans sa majorité a voté pour le Nouveau Front Populaire. Ce sont les quartiers populaires, qui dans leur majorité, ont voté. C’est eux qui, au deuxième tour, ont sauvé la République. Ce travail, nous l’assumons et nous disons à tous ceux qui nous suggèrent d’aller ici ou là : eh bien qu’il y aillent. Nous nous occupons, nous, de la jeunesse, des quartiers populaires, de la population qui travaille. Oui, qui travaille.

J’ai entendu dire ici ou là, “la classe ouvrière”, mais il est temps que quelques-uns sortent le dimanche. La classe ouvrière, notamment pour les tâches les plus pénibles, elle est racisée. Mes amis, mes camarades, pour que vous compreniez à quel point cette tâche est centrale, incontournable : si les quartiers, si les plus pauvres avaient voté comme le reste du pays, alors à cette heure nous aurions la majorité absolue.

Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, le 14/09/2024

Tirs croisés

On l’aura compris, le chef de file des insoumis répondait à François Ruffin. Dans un livre qu’il vient de publier, le député de la Somme accuse le chef des insoumis d’abandonner une partie de la classe ouvrière. Justement, samedi, il a croisé le fer avec la jeune garde mélenchoniste en la personne de Raphaël Arnault.

Je te le dis François : encore une fois tu as blessé nombre de camarades, et surtout je pense que tu es dans la faute politique à ce moment-là. Diviser les classes populaires entre elles n’est pas la bonne façon d’entrevoir la période politique. Oui, il existe une conscience de classe dans ce pays. Mais notre plus grande épine dans le pied c’est encore une fois ce racisme qui pollue les classes populaires et qui fait qu’on viendrait diviser les classes entre elles.

Raphaël Arnault, député LFI, le 14/09/2024

Si l’insoumis en rupture de ban a été hué à son arrivée sur scène, il a cependant réussi à retourner la majorité de la salle en posant une question très politique.

Veut-on unir les classes populaires ? C’est la première question. Comment on fait ? Mais il y a une première question qui est : Veut-on les unir ? Et là j’ai un désaccord moral et électoral profond dans la durée avec Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise.

Quand, la semaine dernière, Jean-Luc Mélenchon dit : “Il faut tout faire pour la jeunesse et les quartiers populaires, le reste on laisse tomber, c’est perdre son temps”, qui ici est d’accord avec cette ligne-là ? Levez les mains.

Je peux être minoritaire ici, mais c’est un choix que je considère comme suicidaire. C’est un choix qui ne nous permet d’être majoritaire. Il nous faut tout faire pour toutes les classes populaires. Qu’il s’agisse des quartiers populaires ou des campagnes populaires.

François Ruffin, députée écologiste et social, le 14/09/2024

La stratégie de la gauche pour remporter les élections

Il ne faut s’y tromper. Ce qui se joue dans ce débat, c’est la question de la stratégie pour que la gauche passe la barre des 50 % lors des prochaines élections municipales, législatives et présidentielle. Pas forcément dans cet ordre, vous l’aurez compris. Et ce débat est pollué, bien sûr, par le soutien que tous les adversaires déclarés de la France insoumise se sont empressés d’apporter à François Ruffin.

François Ruffin dit de l’intérieur, puisqu’il est partie prenante de LFI, ce que nous, nous disons depuis longtemps de l’extérieur, c’est-à-dire une dérive sectaire, brutale, communautariste et surtout une stratégie minoritaire de la part de la France insoumise et de Jean-Luc Mélenchon. Mieux vaut tard que jamais. Mais d’une certaine façon ça contribue à la clarification.

Est-ce que ça justifie une candidature ? C’est son affaire. Si c’est sur la même ligne que Jean-Luc Mélenchon, moi la brutalité, je ne crois pas que ce sera une ligne qui permettra d’être majoritaire.

François Hollande, député PS et ancien président de la République française, le 16/09/2024

La dernière phrase est croustillante. L’ancien président voudrait nous suggérer qu’il ferait un excellent candidat en 2027 qu’il ne s’y prendrait pas autrement. La gauche n’est vraiment pas sortie de l’auberge.

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