Article 7 : les syndicats veulent un vote

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, lors d’une manifestation contre le projet de loi sur les retraites, à Paris, le 31 janvier 2023. ©Purepolitique

Le tohu-bohu parlementaire qu’a provoqué le député insoumis Thomas Portes, en s’affichant sur Twitter avec un ballon de football à l’effigie du ministre du Travail, Olivier Dussopt, n’est pas du goût de Laurent Berger. Le secrétaire général de la CFDT l’a dit dimanche 12 février.

On aurait dit le plateau d’Hanouna. C’est un spectacle lamentable qui n’a rien à voir avec la dignité dont je vous parlais du mouvement de la rue.

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, « Le Grand Jury », LCI-RTL-Le Figaro, 12 février 2023.

Ces incidents à répétition se font au détriment de l’avancement des débats. Les députés ont entamé, ce lundi 13 février, l’examen de l’article 2 d’un projet de loi qui en comporte 20. Sur les 20 000 amendements déposés, il en reste 16 000 à discuter. Autant dire qu’à ce train là, il est peu probable que l’article 7, celui qui repousse l’âge de départ en retraite à 64 ans, soit voté avant vendredi minuit, terme des débats à l’Assemblée. Ce que déplorent Laurent Berger…

« Une connerie »

Je pense que l’obstruction c’est une connerie, c’est une profonde bêtise. Les gens dans la rue sont responsables, expriment un mécontentement, un rejet des 64 ans et on ne débattrait pas de l’article qui concerne… à l’Assemblée nationale. Ce n’est pas possible.

Laurent Berger, « Le Grand Jury », LCI-RTL-Le Figaro, 12 février 2023

… et Philippe Martinez.

Nous souhaitons, non seulement qu’il y ait un débat mais qu’il y ait un vote sur l’article 7. Je m’imagine mal des députés nous annoncer qu’ils auraient bien aimé voter contre mais que comme le débat n’a pas… l’ordre du jour n’a pas pu avoir lieu, ils n’ont pas pu se prononcer.

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, BFMTV, 11 février 2023

« La faute du gouvernement »

Mais cet objectif ne semble pas être partagé par La France insoumise. Du moins si l’on se réfère aux propos tenus par Jean-Luc Mélenchon jeudi soir sur BFMTV.

Il n’y a rien, même dans le cadre du 47-1, qui oblige le gouvernement à arrêter vendredi. Par conséquent, si vendredi on n’a pas voté l’article 7 qui est, en effet, le nœud de la loi, mais qui n’est pas tout seul, et bien ce sera de la faute du gouvernement, pas des insoumis. Mais les insoumis, eux, ne seront pas tombés dans des pièges aussi grossiers.

Jean-Luc Mélenchon, coprésident de l’Institut La Boétie, BFMTV, 9 février 2023

Dépasser les délais ?

Jean-Luc Mélenchon soutient que le gouvernement peut aller au-delà des vingt jours de délai accordés à l’Assemblée pour examiner le projet de loi. La vérité est plus subtile. Par le passé, il est arrivé que l’Assemblée dépasse les délais sans être sanctionnée par le Conseil constitutionnel. Mais cela n’en fait pas une règle pour autant.

L’ancien candidat à la présidentielle veut faire la démonstration que c’est le gouvernement qui interrompt les débats. La belle affaire. Si après dix applications de l’article 49-3, l’opinion n’a pas compris que le gouvernement avait une conception assez étriquée du débat démocratique, c’est à désespérer. Il reste cinq jours aux uns et aux autres pour changer de posture.

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