
Depuis 24 heures, l’humiliation a un visage. Celui d’Ursula von der Leyen, la présidente de la commission européenne faisant allégeance à Donald Trump. Convoquée en Écosse pour entériner l’augmentation des droits de douane sur les importations européennes, la présidente de la Commission européenne a démontré un insoupçonné talent de carpette.
Bel accord que voilà. Menacés d’être taxés à 30 %, les Européens voient les droits de douane de leurs exportations passer en fin de compte à 15 %. En échange, Donald Trump, cet homme qui n’a qu’une seule parole, s’engage à renoncer à toute escalade commerciale. Il promettait le fouet. Réjouissez-vous, nous n’aurons que le martinet.
Même François Bayrou a trouvé qu’il ne fallait pas pousser grand-mère dans les orties. Accord Van der Leyen – Trump : “C’est un jour sombre que celui où une alliance de peuples libres, rassemblés pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs intérêts, se résout à la soumission.”
C’est bien la vassalisation de l’Europe qui est en marche. Les exportations européennes de marchandises vers les États-Unis seront taxées à 15 %. Autrement dit, les produits européens seront plus chers pour le consommateur américain. Il en achètera moins. Et c’est bien l’objectif poursuivi par Donald Trump. Car les 27 pays membres de l’Union européenne vendent davantage de produits manufacturés aux États-Unis qu’ils n’en achètent. L’Union européenne exporte pour 531 milliards d’euros de marchandises. Et elle en importe 334 milliards. Le déficit commercial américain avec l’Europe s’élève donc à 198 milliards.
Pourtant, l’Union européenne est en mesure de riposter.
L’Europe reste un nain politique
Donald Trump a dit pendant des mois et des mois : “Je veux rééquilibrer une relation commerciale qui est totalement au détriment des États-Unis”. Et en fait il ne parlait que des biens. Si vous prenez les services, c’est l’inverse. Et donc à nous aussi de faire ce travail de rapport de force et de rééquilibrage, désormais.
Laurent Saint-Martin, ministre chargé du Budget et des Comptes publics, le 28/07/2025
Côté services, le déséquilibre commercial est à l’inverse de celui des biens manufacturés. Les importations américaines s’élèvent à 396 milliards d’euros tandis que les exportations européennes n’atteignent que 292 milliards. Les services dont parle le ministre, c’est surtout le numérique. Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft auxquels il faut rajouter Nvidia ou Netflix. Il existe d’ailleurs une taxe GAFAM. Elle a été votée par le parlement français en 2019 et s’élève à 3 % du chiffre d’affaires des entreprises concernées. Elle rapporte environ 350 millions d’euros par an. C’est un levier qui pourrait être musclé pour ramener Donald Trump à davantage de modération. Mais l’Europe reste un nain politique.
Ce qui ne va pas, c’est d’abord que l’Europe n’a pas assumé sa force. Nous sommes la première puissance commerciale mondiale. Nous sommes plus importants comme marché, comme nombre de citoyens et de consommateurs, que les États-Unis. Mais que l’Europe assume sa force.
C’est une révolution mentale. Nous ne sommes pas adaptés à l’ère Trump en Europe. La France l’a compris depuis plusieurs années. Mais l’Europe a encore du mal à embrayer. Il faut que la France soit à la manoeuvre comme elle l’est depuis plusieurs mois pour pousser l’Europe à assumer la puissance.
Clément Beaune, Haut-commissaire à la Stratégie et au Plan, le 28/07/2025
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