
En 2032, Emmanuel Macron aura 55 ans. Un bel âge pour un ancien président de la République qui voudrait à nouveau briguer l’Élysée après un intermède de 5 ans. Eh oui, l’agenda politique est bien souvent un agenda biologique. Dans les dernières années de son second septennat, François Mitterrand, malade, ne songeait qu’à la trace qu’il laisserait dans l’histoire. La notule que des étudiants d’un autre siècle consulteraient comme on parcourt aujourd’hui celle de René Coty.
Emmanuel Macron, lui, considère qu’il peut encore écrire un morceau d’histoire. Et que son départ programmé de la présidence en 2027 ne marquera certainement pas la fin de sa carrière politique. Il lui faut donc sortir de l’écran par le haut. Moribond après la dissolution, le chef de l’État s’est refait la cerise en surfant sur l’actualité internationale. Avec une certaine adresse, il faut le reconnaître. Le voyage à Kiev en compagnie du chancelier allemand et des premiers ministres britannique et polonais pourrait se révéler un bon coup diplomatique s’il débouche sur un cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie.
Ce capital, Emmanuel Macron entend le faire prospérer sur la scène nationale. L’acte 1 de la reconquête se déroulera demain soir sur TF1. Le président enchaînera des mini débats avec la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, la lobbyiste ultra-libérale, Agnès Verdier Molinié, le maire d’extrême droite Robert Ménard, la journaliste Salomé Saqué et le roi des biscotos, Tibo Inshape. Il ne manque que Louis Sarkozy, mais il n’avait pas terminé son cahier de coloriages. Le tout sera saupoudré de reportages tournés un peu partout en France. Sans oublier le sondage de rigueur.
L’exercice ne présente pas de véritables risques. Sauf si le président laisse encore traîner son mouchoir sur la table pour le plus grand bonheur des complotistes de tout poil et des services russes. Sans compter que l’exposition des mucosités, fussent-elles présidentielles, n’est pas le truc le plus sexy de la terre. Pour autant, l’objectif de la soirée n’est pas de papillonner d’interlocuteur en interlocuteur, mais de faire des annonces. Le président de la République devrait nous annoncer la convocation d’un référendum. Ou de quelque chose qui y ressemble.
Je pense que la question de la consultation citoyenne est un sujet qui viendra sur la table, probablement, pendant son interview. Est-ce que ça sera vraiment des référendums ? Est-ce que ça sera des consultations citoyennes ? Est-ce que ça sera des sortes de votations ? Je ne sais pas. Et je ne sais pas non plus sur les thèmes. Donc on va l’écouter avec attention demain soir.
Sophie Primas, porte-parole du Gouvernement, le 12/05/2025
Terrain conquis
Le président joue sur du velours. Selon un sondage Elabe, 83 % des Français sont favorables à la tenue d’un référendum. Plusieurs questions pourraient être posées si l’on en croit Bruno Retailleau qui aura la charge d’organiser la consultation.
Deux ou trois questions, c’est possible. On ne l’a jamais fait. Ça peut être sur plusieurs sujets.
Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, le 11/05/2025
Pourquoi multiplier les questions ? Eh bien ça permet d’éviter que les Français se prononcent sur la personne du président plutôt que de répondre à la question posée. Trois questions, ça brouille les cartes. Mais justement, sur quoi porteraient les questions ? D’après radio couloirs, la réorganisation territoriale, les finances publiques, le travail, la fin de vie et le service national feraient partie des thèmes retenus par l’Élysée. Un peu tout, quoi. Du côté des oppositions de gauche, on reste sur ses gardes.
Je ne suis pas d’accord sur des référendums, j’allais dire, qui sont plus là pour occuper l’espace politique que pour véritablement interroger les Français.
Éric Coquerel, député LFI et président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale, le 12/05/2025
Le PS est sur la même longueur d’onde.
On ne craint évidemment pas la consultation des Françaises et des Français. Elle peut être un moment, d’ailleurs, de débat démocratique intéressant, intense. Pour peu, je le dis, qu’il ne soit pas trompé, qu’il ne soit pas manipulé, et qu’Emmanuel Macron ne pense pas se remettre au centre d’un jeu dont les Français m’ont écarté.
Boris Vallaud, député Socialistes et apparentés et président du groupe Socialistes et apparentés à l’Assemblée nationale, le 11/05/2025
Non, non, rien n’a changé
Si référendum il y a, ce ne sera pas avant l’automne, prévient Bruno Retailleau. Car il faut laisser du temps à la campagne électorale. C’est là qu’on devient un peu sceptique. Car à l’automne, le Parlement sera déjà en train d’examiner le budget. Bonjour les télescopages. Et les stratégies de contournement. Non, décidément, Emmanuel Macron n’a pas changé.
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