Les raisons de la dynamique Glucksmann

Qu’attend-on en fin de compte de ces élections européennes ? Plus les jours passent et plus ce rendez-vous électoral se nationalise et prend des allures de référendum anti-Macron.

La liste Renaissance parviendra-t-elle à conserver la deuxième place ou bien s’effondrera-t-elle, laissant ainsi la place à la liste emmenée par Raphaël Glucksmann ?

Un attelage disparate

Ce qui confirmerait que la dynamique référendaire est bien à l’œuvre. Car lorsqu’on regarde attentivement les différentes enquêtes d’opinion, on découvre que la liste emmenée par le fondateur de Place publique fédère des intentions de vote disparates : d’anciens électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2022, épouvantés par le cours nouveau de la France insoumise ; des déçus du macronisme, orphelins des promesses de 2017 ; des socialistes qui espèrent reconstruire une union de la gauche dans laquelle ils seraient incontournables à défaut d’être hégémoniques ; des socialistes adversaires des précédents et de tout rapprochement avec ce qui pourrait ressembler à un insoumis et des abstentionnistes qui se ravisent, estimant qu’il y a peut-être moyen de secouer le pouvoir en votant pour un candidat qui n’est pas forcément leur tasse de thé.

Tout sauf Macron

Qu’une dynamique s’enclenche avec pareil aréopage témoigne du niveau de détestation de l’exécutif. Car Glucksmann incarne le vote anti-Macron, alors qu’il est peut-être, hormis Valérie Hayer, le candidat le moins éloigné de l’actuel président.

Pour tous ceux qui rejettent ne serait-ce que l’idée de voter en faveur de Jordan Bardella, le fondateur de Place publique représente l’assurance d’un changement dans la continuité. Changement, parce que la France insoumise perdrait le leadership de la gauche. Continuité, parce que Glucksmann n’a rien d’un révolutionnaire. Cerise sur le gâteau, il ne prétend pas concourir en 2027.

Déverrouiller la situation

Voilà pourquoi il est devenu le vote utile de cette élection. Il déséquilibre le bloc présidentiel et il rétablit l’équilibre entre les partis de l’ancienne NUPES. Bref, il déverrouille une situation politique bloquée.

Certes, chez les socialistes, certains se sentent pousser des ailes. Mais les plus avertis savent bien qu’il serait vain de conclure d’un succès en 2024 à la victoire en 2027. Tout simplement parce que la gauche dans ce pays ne dépasse pas les 30 % d’intentions de vote. Et qu’il faudra bien trouver quelque part les 21 % qui manquent. Sans parler de la candidate ou du candidat à même de rassembler tout le monde…

Serge Faubert

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