Les Iraniens étaient-ils vraiment sur le point de fabriquer une bombe nucléaire ?

Peut-on croire Benyamin Netanyahou quand il affirme que l’Iran était à quinze jours de disposer d’une arme atomique ? En temps de guerre, la vérité est la première des victimes. Et depuis 2003, quand Colin Powell agitait devant le Conseil de sécurité de l’ONU une fiole censée contenir de l’anthrax pour prouver l’existence d’armes de destruction massive en Irak, on sait tous les mensonges sont possibles pour justifier une guerre.

« Aucune preuve » dit l’IAEI

S’il est raisonnable de douter des affirmations israéliennes, c’est parce que celles-ci sont démenties par deux sources, a priori fiables. D’abord l’Agence internationale de l’énergie atomique (IAEA) en la personne de son directeur général Rafael Grossi qui a déclaré, mardi 17 juin sur CNN, à propos de l’Iran : « Nous n’avons aucune preuve d’un effort systématique visant à aller jusqu’à une arme nucléaire ».

« Pas d’armement nucléaire » dit le renseignement américain 

Deuxième source, la directrice nationale du renseignement américain Tulsi Gabbard qui, en mars dernier, devant le congrès, estimait que l’Iran ne travaillait pas sur une ogive nucléaire. La patronne de l’espionnage américain avait indiqué que les différentes agences de renseignement ne croyaient pas au redémarrage d’un programme d’armement nucléaire arrêté en 2003.

Sollicité le 17 juin par des journalistes dans l’avion qui le ramenait à Washington, Donald Trump a balayé les informations de Tulsi Gabbar : « Je me fiche de ce qu’elle a dit. Je pense qu’ils étaient très proches d’en avoir une. ».

Ils, ce sont les Iraniens, bien sûr. Qu’ils aient contrevenu au Traité de non-prolifération des armes nucléaires, c’est certain. Qu’ils aient enrichi de l’uranium à 60 %, c’est encore établi.

Les États du seuil

Mais qu’ils aient eu l’intention de fabriquer une arme nucléaire reste à prouver. Car nombre de pays sont restés au rang d’États du seuil. C’est-à-dire qu’ils ont acquis la capacité de fabriquer une bombe sans pour autant passer à la production. Ce qui a été le cas pendant très longtemps de l’Inde et du Pakistan. Au milieu des années 1980, l’Argentine et le Brésil étaient classés dans la même situation jusqu’à la signature d’un traité de renonciation.

L’attaque israélienne ne se justifie que par l’imminence d’une possible destruction. S’il se vérifie qu’il s’agit d’une manipulation de Benyamin Netanyahou et de Donald Trump, cette guerre devient une agression. Une agression qui risque d’entraîner cette région du monde dans un chaos dont nous finirons tous par payer le prix.

Serge Faubert

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