L’équation impossible de Sébastien Lecornu

« Ce n’est pas une crise de régime » a déclaré Sébastien Lecornu, vendredi soir à Arras – la ville où naquit Robespierre ! -, alors qu’il dînait avec les parlementaires Renaissance. Comment alors qualifier la conjonction d’une crise politique, institutionnelle, économique et sociale ? Peut-on faire pire ? Oui, la guerre pourrait s’y rajouter. Mais, même sans cela, nous sommes bien en face d’une crise de régime. La Ve République craque de partout.

Réveil social

Le réveil social amorcé le 10 septembre, et accentué le 18, chamboule l’équation déjà délicate que devait résoudre le Premier ministre. Négocier un accord de non-censure avec le Parti socialiste sans que Les Républicains ne claquent la porte.

Parmi les manifestants, il y a beaucoup d’électeurs de gauche. Dans ce contexte de grogne générale, quel intérêt auraient Olivier Faure et ses amis à sauver le macronisme crépusculaire ? Surtout à six mois d’un rendez-vous électoral vital pour les socialistes.

Il faut le répéter, c’est uniquement grâce à son réseau de municipalités que le PS a survécu au naufrage d’Anne Hidalgo en 2022. Cet ancrage territorial demeure essentiel pour reconquérir l’opinion.

La corbeille de mariage de Matignon est vide

Sébastien Lecornu n’a pas grand-chose dans sa corbeille de mariage. Le maintien des deux jours fériés que voulait supprimer François Bayrou ne saurait remplacer la suspension de la réforme des retraites et l’instauration de la taxe Zucman.

Il se murmure que le Premier ministre pourrait proposer des ersatz. En guise de taxe sur les plus fortunés, surgirait une contribution différentielle sur les hauts revenus. 

Initialement prévue dans le budget Bayrou, cette mesure fiscale laisse de côté les biens professionnels. Autrement dit, elle ne touche pas aux actions sur lesquelles s’est construite la fortune des ultrariches.

L’addition revue à la baisse

Second appel de phares de Matignon, la révision du mode de calcul de l’effort budgétaire. Ce qui permettrait de rapprocher le montant des économies à réaliser du chiffre avancé par le Parti socialiste dans son projet de contre-budget. De 44 milliards d’euros, on descendrait ainsi à 36 milliards. Ce qui reste assez loin des 22 milliards proposés par le PS.

L’ultimatum de l’intersyndicale va contraindre le Premier ministre à lâcher rapidement du lest. D’ici mercredi, date à laquelle il doit rencontrer à nouveau les syndicats, il faut qu’il formule des annonces concrètes .Faute de quoi, un bras de fer analogue à celui de la réforme des retraites pourrait s’engager.

Et le gouvernement ?

Dans ce tumulte, on a presque oublié que Sébastien Lecornu devait également former un gouvernement. Car la session parlementaire reprend le 1er octobre. Pour que les députés puissent délibérer, il faut au moins que les ministres de plein exercice aient été nommés. Signe des temps, l’opinion se désintéresse complètement de la composition de cette équipe. Comme si, déjà, on attendait l’annonce de la dissolution…

Serge Faubert

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