Lecornu II, un gouvernement bis…cornu

Y croit-il lui-même ? En assurant assurer « par devoir » la charge de Premier ministre, Sébastien Lecornu a implicitement reconnu qu’il était assis sur un siège éjectable dont l’Assemblée nationale avait le bouton. Mais, comme il l’a souligné en marge de sa première sortie ce samedi, il n’y avait pas beaucoup de candidats… 

Pénurie de ministres 

Il n’y en a pas davantage pour rejoindre son gouvernement. Les Républicains, non sans drame, ont décidé qu’ils n’en feraient pas partie. Et qu’ils se contenteraient de soutenir celui-ci, texte par texte. Horizons, le parti d’Édouard Philippe a également déclaré forfait. L’UDI, qui joue un rôle charnière au Sénat avec ses soixante élus, a fait savoir qu’il ne fallait pas compter sur elle pour boucher les trous.

Au final, ne rejoignent la croquignolesque « plateforme de stabilité », vantée par le Premier ministre mercredi soir sur France 2, que le MoDem et Renaissance. Soit 127 députés. 

Censure en vue 

Ce radeau de la Méduse peut-il échapper à la censure ? Si Emmanuel Macron s’était montré moins psychorigide, il y avait un chemin pour reprendre l’expression fétiche du moment. 
Il suffisait d’offrir au Parti socialiste une vraie victoire, la suspension immédiate de la réforme des retraites, que ce soit sur la mesure d’âge ou le nombre de trimestre cotisés. Olivier Faure et ses amis auraient alors consenti à un accord de non-censure dont ils n’auraient pas eu à rougir devant leurs électeurs. Rappelons aux étourdis que les élections municipales se déroulent dans six mois…

Le psychorigide de l’Élysée

Mais non, enfermé dans sa suffisance, Emmanuel Macron ne veut pas payer le prix d’un compromis qui mettrait un terme à la crise. Il est persuadé que la menace d’une dissolution tient les oppositions en respect. Résultat de ce brillant calcul, les socialistes censureront le gouvernement si rien ne bouge. 

La calculette est formelle : ce samedi soir, si l’on s’en rapporte aux déclarations des uns et des autres, 333 députés sont prêts à renverser le Premier ministre. La majorité absolue est à 289.

La messe n’est pas encore dite, mais les crêpes noirs sont tendus à l’entrée de l’Église.

S’il veut survivre, Sébastien Lecornu n’a d’autres choix que de céder sur la réforme des retraites et la fiscalité des hauts revenus. Sa déclaration de politique générale – attendue pour ce mardi – sera scrutée par toutes les oppositions. Et cette fois, il faudra être concret. Très concret.

Serge Faubert

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