
Depuis 48 heures, la France insoumise dénonce une attaque menée par le système. La sortie du livre “La Meute” de Charlotte Belaïch et Olivier Pérou aurait donné le signal d’une offensive médiatique. Offensive qui ne serait que le thermomètre inversé des succès futurs du mouvement de Jean-Luc Mélenchon. “On nous attaque parce que nous allons gagner.” La ficelle est vieille comme la politique. Car elle évite de s’interroger sur la ligne du parti. Quel qu’il soit.
De fait, la France insoumise n’a pas besoin qu’on la diabolise. Elle se débrouille très bien toute seule. Les deux jours qui viennent de s’écouler en ont apporté l’éclatante démonstration. D’abord mardi. LFI est le seul groupe parlementaire à s’être prononcé contre une résolution de l’Assemblée nationale réclamant la libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. L’octogénaire a été condamné en mars dernier à 5 ans de détention par la justice algérienne.
Vous vous souciez aussi peu de la libération de Boualem Sansal que de la défense des libertés. Vous ne cherchez qu’à instrumentaliser cette situation au service d’une stratégie de la tension que vous poursuivez depuis des mois. Bras de fer sur l’expulsion des ressortissants algériens, menace de dénoncer l’accord franco-algérien de 1968 ou de ralentir les procédures d’indemnisation des victimes des essais nucléaires français dans le désert algérien.
Vous ravivez les préjugés hérités du colonialisme et les spectres de la guerre d’Algérie. Vous soufflez sur les braises de la xénophobie, de l’islamophobie et du racisme. Vous voulez faire de l’Algérie et des Algériens, des boucs émissaires.
Bastien Lachaud, député LFI, le 06/05/2025
Avis de tempête pour La France insoumise
Mercredi, à l’exception de trois députés communistes, le groupe LFI s’est à nouveau retrouvé seul pour voter contre une proposition de loi “relative à la lutte contre l’antisémitisme, le racisme, les discriminations, les violences et la haine dans l’enseignement supérieur”.
Oui, oui, oui. Vous êtes responsables de la montée de l’antisémitisme, de l’islamophobie et du racisme dans ce pays. Et, summum de l’abjection avec cette proposition de loi, alors que vous baissez les moyens qui permettent de lutter contre le racisme et l’antisémitisme à l’université, vous y glissez un article 3, un article 3 vicieux qui n’a qu’un seul intérêt : réprimer les mobilisations étudiantes contre le génocide en Palestine.
Louis Boyard, député LFI, le 07/05/2025
Alors qu’elle est au cœur de la tempête, la France insoumise a réussi le tour de force de voter contre la libération de Boualem Sansal et contre la répression de l’antisémitisme et du racisme. S’il s’agit d’une stratégie, on aimerait bien en connaître le général. En 1940, il aurait fait merveille.
On peut très bien considérer que les réserves de Bastien Lachaud et Louis Boyard ne sont pas toutes à balayer d’un revers de main. Qu’il y a bien, ici et là, des arrière-pensées. Surtout du côté de la droite et de l’extrême droite. Mais dans ce cas, pourquoi voter contre ces textes ? Il suffisait de s’abstenir. Ce qui était une façon de dire : “l’intention est bonne, la forme est mauvaise”. Mais non, il y a comme une délectation à jouer les parias, les réprouvés. Quel sera le gain politique de cette posture ? On le cherche encore.
Alors, oui, il y a le livre. Les auteurs racontent les coulisses de la France insoumise. Comme d’autres journalistes ont raconté celles du Vatican, du Kremlin ou de l’Élysée. Ces récits impressionnistes font parfois renoncer les présidents. François Hollande ne dira pas le contraire. Pour Mathilde Panot, tout est faux ou presque dans l’ouvrage.
Je n’ai pas envie de commenter un ouvrage qui collectionne à la fois des ragots et des mensonges puisque beaucoup des faits rapportés dans ce livre sont faux, sont des mensonges. Je pourrais en citer de nombreux, y compris lorsqu’on le regarde, ce livre, si on le croit, dans ce mouvement tout le monde se détesterait.
J’ai vu des passages circuler dans lesquels un tel comploterait contre l’autre, l’autre essaierait de prendre la place de l’autre. Ce n’est pas du tout ce qu’est la France insoumise.
Il est même noté, je le dis un peu pour que ça soit risible, que Jean-Luc Mélenchon aime boire un verre de vin blanc après les meetings. Il se trouve que quiconque a déjà vu Jean-Luc Mélenchon après un meeting sait qu’il aime boire généralement un verre de vin rouge, éventuellement un vin du Jura… Je veux dire : tout est factuellement faux et contestable dans ce livre. L’argument est irréfutable.
Mathilde Panot, députée LFI et présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, le 06/05/2025
Si Jean-Luc Mélenchon ne boit que du rouge alors qu’on lui prête une appétence pour le blanc, c’est donc que tout le livre est faux. In vino veritas, n’est-ce pas ? Du coup, nous sommes allés demander à Alexis Corbière ce qu’il pensait du livre en question. Mauvaise pioche, le purgé de LFI ne l’avait pas encore lu. Mais il a quand même fait une suggestion à Mathilde Panot.
Il faut porter plainte, s’il y a des mensonges. Si c’est faux. Qu’est ce que vous voulez que je vous dise ? Elle a lu le livre. Moi je ne l’ai pas lu. Moi, ce que j’ai lu, les bonnes feuilles dans Le Monde, ce qui me concerne est vrai. Je peux témoigner. Après j’ai découvert des choses. Je n’y ai pas lu des ragots et des mensonges. Il y en a peut-être.
Je crois que les deux journalistes en question travaillent sérieusement. Et je crois qu’ils ont des documents qui attestent ce qu’ils disent.
Alexis Corbière, député Écologiste et social, le 06/05/2025
Amalgames
Les emmerdes, ça vole en escadrille, avait coutume de dire Jacques Chirac. Mathilde Panot a pu le vérifier lorsque Jérôme Guedj a pris la parole dans l’hémicycle, mardi après-midi. Le député socialiste est revenu sur la manifestation du 1er mai et l’attaque du stand du Parti socialiste.
Eh bien je vous le dis : ces combats, nous les mènerons sans baisser la tête, jamais, avec le respect de l’intégrité physique, l’amour de la dispute apaisée, avec comme exigence de chaque instant le courage de la nuance et l’universalisme. Alors, n’en déplaisent aux parangons de la pureté idéologique qui brutalisent le débat public, conflictualisent jusqu’à essentialiser et jeter en pâture ceux qui n’utilisent pas leurs mots et n’épousent pas leur stratégie de pompiers-pyromanes. Avec ceux-là, notre rupture est totale.
Jérôme Guedj, député Socialistes et apparentés, le 06/05/2025
Les parangons de la pureté idéologique, c’est bien sûr la France insoumise. Présente lors de l’agression des socialistes, la caméra de Pure Politique n’a vu aucun militant de la France insoumise participer de près ou de loin à cette bousculade. De la même façon, notre micro n’a enregistré aucune insulte à caractère antisémite. Les assaillants font partie de la mouvance black bloc. Et c’était bien le Parti socialiste qui était visé, à raison de ses positions politiques récentes.
Jerôme Guedj aurait dû se souvenir que pour ces éléments radicalisés, la compromission avec l’État bourgeois commence dès la France insoumise. Le 16 octobre 2022, à l’issue de la Marche contre la vie chère et l’inaction climatique, le camion de la France insoumise avait été encerclé par des éléments black bloc et le service d’ordre bousculé. Aussi incroyable que cela paraisse, cette mouvance ne fait pas de Jean-Luc Mélenchon sa boussole.
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