L’autre union de la gauche

Y a-t-il un espace pour une gauche non mélenchoniste ? Une gauche qui irait de Raphaël Glucksmann à François Ruffin ? On a eu cette semaine deux éléments de réponse. D’abord un sondage Harris Toluna pour la revue Regards. Selon cette enquête d’opinion, un candidat de gauche soutenu par toutes les composantes à l’exception de la France insoumise parviendrait quand même au second tour avec 20 % des suffrages. Le candidat insoumis, dans cette hypothèse ne recueillerait que 8 % des suffrages. 

Comment est-ce possible ? Le socle commun qui réunit les macronistes et la droite s’effondre, nous dit Harris Toluna. Le RN, lui, continue de progresser. La gauche devient son premier opposant.

Un sondage n’est pas une boule de cristal

Ce sondage vaut ce que vaut un sondage à deux ans de la présidentielle. C’est un cliché fragile de l’opinion à un moment précis, alors même que les dynamiques de campagne sont absentes. 

Il n’empêche. Marine Tondelier a aussitôt posté ce résultat sur X. Pour elle, les écologistes comme les socialistes ou les communistes ne sont plus condamnés à se ranger derrière Jean-Luc Mélenchon. C’est au contraire à ce dernier de dire s’il est prêt à se rassembler derrière un candidat qui ne serait pas issu de ses rangs.

Paris Dunkerque, l’enfer des pavés

Pour l’heure la réponse est dans la question. Et le premier mai l’a mis en évidence. La France insoumise a défilé à Paris, derrière le cortège syndical, tandis que le député de la Somme, François Ruffin, la secrétaire nationale des écologistes, Marine Tondelier, le premier secrétaire du Parti Socialiste, Olivier Faure, ses deux concurrents, le maire PS de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, et le patron des députés PS, Boris Vallaud, défilaient à Dunkerque, bras dessus, bras dessous avec les salariés d’ArcelorMittal.

Certes, il y avait dans le cortège des figures insoumises comme la présidente de la commission des Affaires économiques, Aurélie Trouvé. Mais elle a choisi de rester à l’écart. On voit mal, de toute façon, comment la députée de Seine-Saint-Denis aurait pu défiler avec ceux qu’elle pourfend à longueur de semaine.

Deux candidats de gauche

Une hirondelle ne fait pas printemps, c’est une évidence. Mais à côté de la candidature insoumise annoncée par Jean-Luc Mélenchon – la sienne vraisemblablement – il y aura une deuxième candidature en mesure de faire jeu égal avec lui sans prendre le risque de faire trébucher la gauche.

Reste à savoir, maintenant, si une figure consensuelle peut émerger pour incarner ce choix alternatif. S’il s’agit de préparer le retour de François Hollande, la messe est dite. 

Seule une primaire pourra designer un champion acceptable par tous. Sur la base d’un programme acceptable par tous sans trop éloigné de celui du NFP. Le chantier est immense. Car, à supposer que la gauche soit au second tour, il lui faudra trouver le réservoir de voix qui conduit à la victoire. Et pour l’heure, il reste invisible.

Serge Faubert

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