Face à la Russie, Macron n’est guère épais

Vladimir Poutine à Moscou le 13/03/2024

Plus c’est gros, plus ça passe. Mardi, à l’Assemblée nationale, Gabriel Attal a une nouvelle fois démontré la pertinence de cet adage.

Dans un moment aussi grave, dans une situation aussi complexe, il n’y a pas de place pour l’instrumentalisation.

Gabriel Attal le 12/03/2024

Comment n’aurait-on pas ricané dans l’hémicycle ? Ce débat était purement franco-français. Quelle qu’eut été l’issue du vote, l’accord signé avec l’Ukraine ne pouvait être remis en question, le président de la République l’ayant déjà signé. Il s’agissait simplement de cornériser le Rassemblement national. C’est à ce parti que Gabriel Attal a réservé ses piques les plus violentes.

Il y a eu une succession d’interventions qui ont fait, madame Le Pen, l’exacte démonstration de l’inverse de ce que vous disiez tout à l’heure quand vous aviez estimé que dans notre discours être contre le président de la République c’était être pro-Poutine. Ce qu’il s’est passé, et les prises de position qui ont été celles de plusieurs de présidents de groupe de l’opposition cet après-midi, ont précisément montré qu’on pouvait être dans l’opposition à la majorité présidentielle, contre le président de la République et en opposition à Poutine. Donc, être pro-Poutine ce n’est pas être anti-Macron. Etre pro-Poutine, c’est être pro-Poutine comme vous l’avez été ces dernières années.

Gabriel Attal le 12/03/2024

Pour grossier qu’il soit le piège a fonctionné. 372 députés, dont les socialistes et les écologistes, ont apporté leur soutien à l’accord. Les députés communistes et LFI se sont prononcés contre. Enfin, les 88 membres du groupe Rassemblement national se sont abstenus.

Un danger direct pour notre sécurité alimentaire

Pourquoi ces coups de menton ? Pourquoi se lancer dans une escalade de comptoir ? J’en profite à ce titre pour rappeler à toutes fins utiles à ceux de nos responsables qui confondent verbiage et fermeté que la meilleure ambiguïté stratégique c’est le silence qui plonge l’adversaire dans l’incertitude. Cette sage ligne de conduite semble malheureusement avoir été oubliée. Ce jeu de postures n’est pas du goût de Manuel Bompard.

La situation est trop grave. Sur des questions aussi sensibles, sur des questions qui impliquent notre sécurité à tous, sur les questions qui posent des risques d’escalade vers un conflit qui est un conflit généralisé, un conflit mondial, il faut mettre la politique politicienne de côté. Notre position elle est très claire : il faut aider la population ukrainienne, le peuple ukrainien, à se défendre face à une agression qui est une agression inacceptable du régime russe et qui a violé le droit international. Premièrement.

Deuxièmement : il faut ouvrir la voie d’une solution qui soit une solution diplomatique pour permettre le retour à la paix le plus rapidement possible. C’est la seule solution réaliste et raisonnable. Tout à l’heure, le Premier ministre disait que la situation était difficile sur le front, en Ukraine, qu’elle allait être encore plus difficile dans les prochaines semaines et dans les prochains mois. Et en même temps qu’il nous dit ça, il nous dit qu’il faut continuer à faire comme avant.

Manuel Bompard le 12/03/2024

De toute façon, il faudra bien, à un moment donné, que s’ouvre une négociation. C’est toujours avec ses pires ennemis que l’on signe la paix. Ou bien alors nous serons tous retournés à l’âge de pierre. Cette posture guerrière a peut-être une autre explication. Une victoire de la Russie, c’est la plus grande vague migratoire de l’histoire sur le continent européen. Des millions de réfugiés ukrainiens, et des pays voisins qui craindraient désormais pour leur propre sécurité, qui se déplaceraient sur le continent européen.

Une victoire de la Russie, cest un danger direct pour notre sécurité alimentaire. La Russie et l’Ukraine sont les deux plus grands producteurs de céréales au monde. Si la Russie prenait le contre des céréales ukrainiennes, elle serait libre de faire monter les prix comme bon lui semble en réponse à nos sanctions, menaçant directement nos agriculteurs et le pouvoir d’achat des Français. Bref, si on file de l’oseille à l’Ukraine, c’est pour continuer à avoir du blé.

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