Et si le gouvernement était renversé avant l’été ?

Ni l’Élysée, ni Matignon n’ont vu venir le coup. Jeudi, Bruno Retailleau, le patron des sénateurs Les Républicains, a déterré la hache de guerre. Dans un entretien musclé accordé au Figaro, il déclare : « Il faut un projet de loi de finances rectificative d’ici l’été. Soit le gouvernement est capable de sauver la situation, soit il ne l’est pas, et alors la question de le faire tomber se posera, avec une motion de censure. Nous lançons un ultimatum au gouvernement : soit vous redressez la barre, soit vous quittez le navire. »

Rodomontades ou véritable menace ?

Rodomontades ou bien véritable menace ? Certes la période électorale invite à la surenchère. Mais l’orthodoxie budgétaire est l’un des derniers fondamentaux du parti d’Éric Ciotti. C’est même celui qui permet encore au mouvement de se différencier du RN. 

Les élus LR ne peuvent donc passer l’éponge sur une mauvaise gestion gouvernementale, qui plus est dissimulée jusqu’au bout. Ce serait prendre le risque d’en être comptable devant leurs électeurs.

Coalition des oppositions

Voilà pourquoi Bruno Retailleau sort du bois. Il veut un débat à l’Assemblée (alors qu’il est sénateur, ce qui n’est pas le moindre paradoxe). Débat dont l’issue serait certainement le rejet du projet de loi de finances rectificative ou bien l’engagement de la responsabilité du gouvernement. Dans les deux cas, l’affaire tournerait au désastre pour ce dernier. Dans la première hypothèse, il est battu. Et dans la seconde, il est renversé, la coalition des votes des oppositions étant acquise.

Matignon joue la montre

Matignon refuse donc pour l’instant de présenter un projet de loi rectificative. Dans les antichambres, on explique qu’il suffit d’attendre l’examen du budget 2025 (à partir du mois d’octobre) pour parler gros sous.

C’est là que ça se complique. Si les députés ne sont pas appelés à se prononcer avant l’été sur les finances de la nation, LR déposera une motion de censure. Motion qui aura toutes les chances d’être votée par l’ex-NUPES et le RN.

Le suicide collectif des LR ?

La riposte d’Emmanuel Macron est déjà connue. Il dissoudra l’Assemblée. Combien de députés LR reviendront alors dans l’hémicycle après des élections législatives ? C’est de la réponse à cette question que tout dépend. S’il apparaît que le groupe LR s’engage dans un suicide collectif – comme un récent sondage l’indiquait -, l’hypothèse d’une motion de censure pourrait bien s’éloigner. Dans le cas inverse, l’année 2024 pourrait bien marquer un tournant dans l’histoire démocratique de ce pays. 

Serge Faubert

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