Emmanuel Macron espère sauver la liste Renaissance du naufrage

Le député LFI Manuel Bompard sur le plateau de Franceinfo le 22/04/2024 ©Franceinfo

Comment reprendre la main ? Ou plutôt, comment limiter la casse ? Avec un Jordan Bardella qui caracole à 30 % d’intentions de vote depuis plusieurs semaines, Emmanuel Macron est contraint d’intervenir dans la campagne électorale. Gabriel Attal, dont la mission était justement de terrasser le candidat du RN, est dans les choux. En un mois, il a perdu 5 points d’opinions favorables selon le baromètre IPSOS pour La Tribune dimanche. Quant à la tête de liste Renaissance Valérie Hayer, elle parle si peu aux Français qu’elle est obligée de rappeler que sa campagne électorale a commencé. Même le Premier ministre ne s’en était pas aperçu.

Une conférence à la Sorbonne

Emmanuel Macron entend donc prendre les choses en main. Ce jeudi à la Sorbonne, comme il l’avait fait en septembre 2017, il présentera ses orientations pour l’Europe. Le lieu retenu fait sursauter Manuel Bompard.

J’observe que ça ne pose apparemment pas de problème au président de la République de faire une conférence dans une université. J’observe un deux poids deux mesures puisque manifestement certains ont le droit de faire des conférences dans les universités, et d’autres n’ont pas le droit. Mais le motif invoqué, vous le savez, ce sont des troubles à l’ordre public. Je ne suis pas sûr que la conférence de Emmanuel Macron à la Sorbonne ne donne pas lieu à un certain nombre de manifestations d’opposition.

Manuel Bompard le 22/04/2024

Quant au fond de l’intervention, il semble qu’on s’achemine vers un monument d’autosatisfaction. Pourrait-il en être autrement, d’ailleurs, avec notre bon président…

Il va dresser un cap mais il va revenir aussi sur l’action qu’il a menée depuis 2017, depuis son premier discours dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne pour montrer que par sa combativité et sa mobilisation il a fait en sept ans changer l’Europe, en tenant les engagements qu’il avait pris.

Jean-Noël Barrot le 19/04/2024

À qui s’adressera ce beau discours ? À la jeunesse ? Perdu. C’est aux retraités qu’Emmanuel Macron entend parler. Cette tranche de la population déteste l’incertitude et le risque. Ce qui la conduit généralement à voter pour le pouvoir en place. Mais ce réflexe légitimiste est en train de s’éroder. Renaissance et le Rassemblement national sont aujourd’hui à égalité dans ce segment de la pyramide des âges. 25 % chacun. La reconquête de cet électorat est l’une des clés du scrutin. Le sondeur Jérôme Fourquet le souligne dans l’entretien qu’il a accordé à la Tribune dimanche.

L’ennui, c’est que le gouvernement et ses relais font tout pour inquiéter les retraités en question. Sylvain Maillard, le génial président du groupe Renaissance suggérait il y a peu de geler les pensions des retraités pendant une année. Pour les inciter à glisser le bon bulletin dans l’urne, on peut trouver mieux.

Nous avons une situation économique difficile, avec une baisse des recettes importante. Et donc pour cela, il faut que nous adaptions nos dépenses. C’est comme n’importe quel ménage, et l’État doit faire attention à ces dépenses et donc nous travaillons sur plusieurs pistes.

Sylvain Maillard le 7/04/2024

Plusieurs pistes, mais ils n’ont toujours pas identifié celle qui permet d’atterrir sans casser du bois… Pour reprendre l’avantage, Emmanuel Macron compte encore sur son agenda diplomatique. Au début du mois de mai, la France recevra le président chinois Xi Jinping qui fera escale à Paris dans le cadre d’une tournée européenne. Loin de générer le profit escompté, cette visite risque bien de profiter à l’adversaire socialiste. Raphaël Glucksmann considère en effet que le président chinois est un criminel génocidaire qu’il faut traduire devant les tribunaux internationaux. Il le rappelait, il y a six mois.

Il est coupable d’avoir déporté un peuple et donc, oui, d’avoir génocidé les Ouïghours. Moi je veux qu’il réponde de ses crimes. Il a déporté un peuple dans son entièreté, dans des camps de concentration, stérilisé les femmes, réduit en esclavage une nation.

Raphaël Glucksmann le 27/09/2023

La carte du 6 juin

Caramba, encore raté ! Heureusement, il y a le 6 juin. Cette année, on célébrera les 80 ans du débarquement. Emmanuel Macron pourra ainsi se mettre en scène au milieu des grands de la planète. Mais la cérémonie risque de tourner à la polémique. L’Élysée a invité une délégation russe à participer à la commémoration. Tout en faisant savoir que Vladimir Poutine n’était pas le bienvenu. À supposer qu’il ait eu l’intention de faire le déplacement avec quelques chars, sait-on jamais… Si cette invitation est légitime d’un point de vue historique, il n’est pas certain qu’elle soit appréciée par tous les partenaires européens. Sans parler de l’absurdité de la séquence qui se prépare : on va inviter des militaires à qui l’on n’exclut pas de faire la guerre dans un très proche avenir.

L’implication du chef de l’État dans la campagne sauvera-t-elle le bloc présidentiel de la déroute ? À moins d’un geste diplomatique fort, comme pourrait l’être la reconnaissance de l’État de Palestine, elle risque de laisser indifférents une bonne partie des électeurs.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.