Des journalistes du magazine d’extrême droite Frontières ont été pris à partie par des députés

Mathilde Panot, députée LFI et présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, le 09/04/2025 ©AssembléeNationale

Des journalistes du magazine d’extrême droite Frontières ont été pris à partie par des députés de gauche tandis que des collaborateurs parlementaires manifestaient dans le jardin de l’Assemblée. Ces derniers reprochaient au magazine d’avoir publié le nom de certains d’entre eux. Les agents de l’Assemblée nationale ont réussi à éviter que la bousculade ne dégénère en pugilat. Il est vrai que ces derniers temps, leur savoir-faire en la matière s’est considérablement étoffé. Dans l’hémicycle, le Rassemblement national s’est emparé de l’incident. Ce qui a donné lieu à quelques échanges plutôt grandiloquents.

Cet après-midi, nous avons plusieurs collègues qui se sont rendus coupables en flagrant délit, toutes les vidéos le prouvent, de plusieurs voies de fait. Et donc je demande évidemment que la discipline et la déontologie soient appliquées dans notre Assemblée. Pour le moment cela n’a pas été fait, et le groupe Rassemblement national n’acceptera que les travaux puissent se poursuivre alors qu’un des pires événements de la Ve République parlementaire s’est produit aujourd’hui.

Jean-Philippe Tanguy, député RN, le 09/04/2025

Nos collègues du Rassemblement national troublent cette séance par leur opération de victimisation qui n’a qu’un seul objectif, c’est de faire oublier la condamnation de Marine Le Pen pour avoir détourné de l’argent public. Les coupables, les crapules, c’est vous !

Cyrielle Chatelain, députée Écologiste et social et présidente du groupe Écologiste et social à l’Assemblée nationale, le 09/04/2025

En ce moment, le groupe du Rassemblement national essaie clairement de bordéliser une séance de l’Assemblée nationale. Et je veux redire ici que vous pouvez mettre toutes les cravates du monde : les violents, c’est vous ! C’est vous qui êtes, avec un média d’extrême droite Frontières, qui avez diffusé des informations contre la magistrate dans le procès de Marine Le Pen, contre un domicile privé d’un député. Les violents, c’est vous.

Mathilde Panot, députée LFI et présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, le 09/04/2025

A gauche, des voix se sont élevées pour réclamer qu’on retire leur accréditation aux journalistes de Frontières. La vice-présidente de l’Assemblée, Naïma Moutchou, en charge d’une mission sur les accréditations des journalistes et les prises de vue a fait une mise au point dans un communiqué.

“On peut critiquer un journal. On peut saisir la justice. Mais on ne peut choisir qui a le droit de couvrir les travaux parlementaires selon ses opinions. La liberté d’informer ne se défend pas à la carte. C’est un principe universel.”

Au-delà des questions de principes qui sont déterminantes, imaginons qu’on fasse le tri parmi les journalistes. Sur quels critères. On risque d’y passer un moment. Sans parler de la chouette ambiance qui s’installera. Mais surtout, que se passerait-il demain, si les électeurs envoyaient une majorité bleu marine, et même plutôt Marine que bleu, siéger à l’Assemblée ? La nouvelle présidence, le nouveau bureau, auraient beau jeu d’interdire à leur tour l’accès à tel ou tel journaliste dont le média serait considéré comme hostile.

S’il y a des litiges qui appellent réparation, il y a les tribunaux pour cela. De la dénonciation calomnieuse à la diffamation en passant par l’injure, les incriminations ne manquent pas. Je rappelle que la délivrance de la carte de presse se fait sur des critères administratifs et non éditoriaux. Et c’est très bien comme ça. Le jour où ça changera, c’est que la liberté d’expression aura déjà fichu le camp.

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