La saignée budgétaire qui se prépare pour 2026

Jean-Didier Berger, député « Droite Républicaine », le 08/07/2025 ©PurePolitique

Mardi 15 juillet, le Premier ministre exposera les grandes orientations du gouvernement pour le budget 2026. Avant même cette prise de parole, l’essentiel en a été communiqué lundi dernier par le ministre de l’Économie, Éric Lombard, au président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Éric Coquerel. 2026 sera une année blanche. Les dépenses de l’État seront reconduites à l’identique sans tenir compte de l’inflation. Celle-ci avoisine pour l’instant les 1 %. Les plus modestes des Français vont donc trinquer.

Ce qui est sûr maintenant c’est que vous allez avoir sur le budget de l’État un budget qui n’augmentera pas, voilà. Donc ça veut dire que s’il n’augmente pas, c’est une année blanche, ça veut dire que comme les besoins augmentent, l’inflation, ça veut dire qu’il va baisser. Et vous allez avoir une moindre augmentation sur le budget de la sécurité, de la collectivité territoriale. Ca, c’est acquis, ça rapporte 10 milliards, le reste est à arbitrer.

Le reste, c’est 30 milliards. Et là se cachent les questions des pensions, des allocations sociales, des niches fiscales, etc. J’ai l’impression que tout ça est dans les mains de François Bayrou, ce qui n’est pas très rassurant d’ailleurs.

Éric Coquerel, député « La France insoumise » et président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, le 08/07/2025

Ce programme est si réjouissant que le Premier ministre a préféré attendre que le Parlement ferme ses portes pour l’annoncer. C’est en effet vendredi que s’achève la session extraordinaire. Les députés ne reprendront le chemin de l’hémicycle que le 1er octobre. Ou peut-être le 22 septembre si la rumeur d’une session extraordinaire se confirmait.

Nous sommes ici le Parlement. Nous sommes en congés à la fin de cette semaine. Nous, ça ne nous dérangerait pas de siéger quelques jours, quelques semaines de plus pour discuter de ces orientations budgétaires. Or, le Premier ministre attend que l’Assemblée nationale ne puisse plus lui poser des questions, ne puisse plus se réunir pour faire des annonces. Donc moi je ne vais pas commenter des annonces qui n’ont pas encore lieu.

Ce que je sais, ce que sera notre boussole, c’est que nous combattrons toute forme d’austérité qui se traduirait, se traduira, par moins de services publics pour les Françaises et les Français, moins de protection et donc moins de capacité à nourrir nos enfants, se soigner, investir dans nos transports du quotidien, bref à ce qui va déliter notre contrat social et notre pacte républicain. Nous on sera non seulement vigilants mais très combatifs.

Benjamin Lucas, député « Écologiste et social », le 08/07/2025

L’éternel refrain de la droite

A droite, la perspective de mettre l’État au pain sec et à l’eau est plutôt bien accueillie.

Ce qui nous intéresse c’est de savoir si l’année blanche c’est vraiment une année blanche parce que c’est une année rouge. S’il s’agit de geler vraiment les dépenses de l’État, de faire preuve d’exemplarité et d’arriver à ne pas dépenser plus en 2026 qu’en 2025, on est d’accord. Si en revanche ça veut dire geler le barème de l’impôt sur le revenu, c’est-à-dire augmenter les impôts, là on n’est pas d’accord. Si ça veut dire geler les pensions des retraités, là on n’est pas d’accord.

S’il s’agit de dire on gèle les dépenses sociales et on fait en sorte d’arriver à maîtriser les dépenses publiques, là on est d’accord. Est-ce que c’est une année blanche ou est-ce que c’est une année rouge ? C’est la question qui va être posée au gouvernement. Et nous en tout cas on est très clair à la Droite républicaine, on s’opposera à toute augmentation d’impôt.

Jean-Didier Berger, député « Droite Républicaine », le 08/07/2025

Pas touche au barème de l’impôt, préviennent les amis de Laurent Wauquiez. Car le gel de celui-ci aurait comme conséquence mécanique de faire passer certains contribuables dans une tranche supérieure, voire d’assujettir à l’impôt des Français jusqu’alors non imposables. Faut-il vraiment s’en étonner, Renaissance tient le même discours sur le sujet que Les Républicains.

C’est une bonne idée, c’est une bonne solution si ça consiste à dire qu’on ne dépense pas plus que ce qu’on dépensait l’an dernier. La dépense publique augmente mécaniquement de 60 milliards d’euros par an. C’est insoutenable et ça conduit à des déficits publics qui minent notre souveraineté. Donc c’est une bonne idée. Maintenant moi je pense que dépense publique zéro, ça veut dire aussi impôt zéro. Il faut qu’à l’année blanche budgétaire réponde une année blanche fiscale à la fois pour garantir la stabilité économique du pays et pour rassurer les Français.

Mathieu Lefèvre, député « Ensemble pour la République », le 08/07/2025

Des augmentations d’impôts sont inévitables

Mathieu Lefèvre risque d’être déçu. Il y aura une augmentation d’impôts. Reste à savoir la forme qu’elle prendra.

Si vous augmentez la TVA, tout le monde paie la TVA. Si vous augmentez les tranches supérieures du barème de l’impôt sur le revenu, c’est une petite minorité de gens aisés qui paieront. Tout ça n’est pas neutre.

Charles de Courson, député LIOT, le 08/07/2025

Quelque chose me dit que ce ne seront pas les plus riches qui seront mis à contribution. A moins que François Bayrou n’ait été touché par la grâce du partage. Mais ça se saurait depuis le temps… Le Rassemblement national, pour sa part, ne se montre pas très charitable.

L’année blanche c’est la solution de ceux qui n’ont pas de solution. On ne paie pas un gouvernement pour jouer au répondeur et faire ce que tout le monde pourrait faire. Donc vous mettez un sage savant à la place du ministre, il peut faire une année blanche. Soit on a un gouvernement qui au bout de 7 à 8 ans est capable de nous proposer des économies structurelles, soit on peut les virer puisqu’ils ne servent à rien. Franchement, l’année blanche c’est vraiment la non décision, c’est le néant politique, c‘est l’absence de choix et c’est dire : “Bah comme on ne sait pas quoi faire, tout le monde va payer”.

Jean-Philippe Tanguy, député « Rassemblement national », le 08/07/2025

Cette année blanche ne déchaîne pas davantage les enthousiasmes parmi les maigres soutiens du Premier ministre.

On reporte les réformes de structure, on ne touche à rien et on va vers la solution, j’allais dire, la plus facile. Il y avait deux choses à éviter, c’était les années blanches ou le coup de rabot pour le coup de rabot. On va vers les solutions qui, effectivement, automatiquement vont amener à des économies.

Sur le plan de la justice, je ne suis pas sûr que ça réponde à la question puisque ça va s’appliquer de la même manière à tout le monde. Ça va impacter sans discernement de condition l’ensemble des Français et ça permet d’éviter les réformes de structure.

Frédéric Valletoux, député « Horizons », le 08/07/2025

Mentionnons le rapport que vient de livrer la commission d’enquête du Sénat sur les aides publiques aux grandes entreprises et à leurs sous-traitants. Pour l’année 2023, ces aides atteignent 211 milliards d’euros. Un pactole qui comprend les rabais fiscaux, les allègements de cotisations sociales, les subventions de l’État et les aides versées par Bpifrance, la banque publique d’investissement.

Ce rapport s’attarde sur le suivi et l’évaluation des dépenses fiscales. Autrement dit, sur les ristournes consenties aux entreprises sans contreparties ou véritable contrôle. Il y en a pour 43 milliards d’euros. Bonjour l’assistanat… Si ces 43 milliards d’euros étaient allés dans les caisses de l’État plutôt que de s’évaporer dans le triangle des Bermudes des grands groupes, le budget de la nation se porterait mieux. Je rappelle que François Bayrou est à la recherche de 40 milliards d’euros d’économies. Voilà donc une piste toute trouvée.

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