Rentrée chaotique en vue

Si les mois qui viennent de s’écouler ont été synonymes de marasme – au moins pour la politique intérieure – la rentrée pourrait bien connaître des accélérations. Les orientations budgétaires présentées le 15 juillet par François Bayrou ont été rejetées à la fois par le Rassemblement national, les insoumis, les communistes, les écologistes et les socialistes.

Même les socialistes sont sur le pied de guerre

Ces derniers avaient permis, par leur refus de voter la motion de censure, l’adoption du précédent budget. Une abstention dictée par des considérations internes : pour être reconduit à la tête de son parti, Olivier Faure devait donner à son opposition interne des preuves de son émancipation de la tutelle de la France insoumise.

Le congrès est passé. Le Premier ministre n’a donc aucune mansuétude à attendre des députés socialistes lors de la discussion budgétaire. D’autant que la perspective des élections municipales invitera les uns et les autres à se situer dans une opposition franche à l’actuel gouvernement.

Le 49-3, aller simple pour la censure

La marge de négociation du Premier ministre est extrêmement maigre. La croissance est en berne, les plans sociaux se multiplient et le dogme libéral lui interdit de renoncer à la politique de l’offre. Le plan d’austérité présenté à l’opinion ne bougera qu’à la marge. Sans doute François Bayrou abandonnera-t-il un des deux jours fériés qui devaient être travaillés. Renoncement qui sera présenté comme une concession majeure. Mais il serait surprenant que les Français se laissent abuser…

En l’état, le recours à l’article 49-3 pour l’adoption du budget entraînerait la chute du gouvernement. Sans oublier que l’alinéa 2 de l’article 49 permet aux députés de déposer une motion de censure, indépendamment de l’engagement de responsabilité du gouvernement.

Dissolution, la mauvaise solution ?

Si la chute du gouvernement Bayrou est plus que vraisemblable, la question reste de savoir ce qu’il se passera ensuite. Le président de la République peut dissoudre l’Assemblée nationale. La plupart des partis se sont d’ailleurs préparés à cette éventualité (désignation des candidats, réservation de papier pour les documents électoraux, etc.).

Télescopage ?

Cependant, cette éventuelle dissolution interviendrait moins de 6 mois avant les élections municipales (mars 2026). La campagne des législatives percuterait alors la campagne des municipales. Un mélange des genres qui risque de brouiller les messages et de ne pas être du goût de l’électeur.

Au demeurant, toutes les enquêtes d’opinion montrent que le bloc central laisserait des plumes dans une nouvelle consultation. Et les grands équilibres de l’Assemblée ne seraient modifiés qu’à la marge par un nouveau scrutin, même à la proportionnelle. Le gain politique pour Emmanuel Macron serait nul.

Un macroniste à Matignon

Le président aurait tout intérêt à nommer un proche à Matignon. Comme Sébastien Lecornu, l’actuel ministre de la Défense. Le chef de l’État aurait au moins la certitude d’avoir un gouvernement plus à l’écoute.

Ce scénario doit cependant être envisagé avec prudence. L’augmentation des droits de douane américains va avoir des conséquences sur l’emploi dans plusieurs filières françaises. La viticulture et les cosmétiques sont menacés. L’aluminium et l’acier, taxés à 50 %, sont en danger. L’isolationnisme américain pourrait bien accélérer la crise politique et sociale de la France, faute d’une riposte européenne à la hauteur.

Trois indicateurs

Dès la rentrée, trois rendez-vous donneront une indication de la température.

D’abord les initiatives que les huit centrales syndicales (CGT, CFTC, CFDT, Unsa, FSU, FO, Solidaires, CFE-CGC) ont décidé d’engager en riposte aux annonces budgétaires de François Bayrou.

Ensuite, les tribulations de la loi Duplomb. Aussi bien la décision du Conseil constitutionnel que la pétition sur le site de l’Assemblée nationale (plus de deux millions de signatures à ce jour). Les Français auront-ils droit à une seconde délibération comme le chef de l’État peut le demander ?

Enfin, l’appel à bloquer le pays le 10 septembre avec une trentaine de rassemblements prévus. S’agit-il vraiment d’une résurgence du mouvement des Gilets jaunes ou bien d’un simple emballement sur les réseaux sociaux sans aucune traduction réelle ? Les services de police s’inquiètent…

Pure politique prend de courtes vacances

En attendant d’être fixée, l’équipe de Pure politique va prendre un peu de repos. Boules de pétanque et parasols sont déjà dans le coffre de la voiture.

On se retrouve le jeudi 21 août. Et courant septembre, le Tour de la question revient dans un format remanié.

Passez de très bonnes vacances d’ici-là !

Serge Faubert

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