Dans dix-huit jours, c’est le 14 juillet. La fête nationale marque l’expiration du délai qu’Emmanuel Macron avait accordé à Élisabeth Borne pour relancer le quinquennat. Peu s’en souviennent. Vu comment l’exécutif patine depuis deux bons mois, il serait surprenant que les choses évoluent dans les prochains jours. Élisabeth Borne va-t-elle faire ses valises ? Ou bien le chef de l’État se résigne-t-il à la garder, faute d’avoir déniché un candidat plus charismatique ?
Quoi qu’il en soit, le bloc présidentiel se montre fébrile. Il en est à diffuser des offres d’emploi, histoire de faire du neuf avec du vieux. La prochaine étape, c’est Leboncoin.
« Élargir la majorité »
Si nous arrivions à élargir la majorité, faire en sorte que sur les grandes stratégies du gouvernement et de notre majorité nous ayons davantage de consensus et davantage de parlementaires… Moi, ça m’irait mieux.
Yaël Braun-Pivet, députée Renaissance des Yvelines et présidente de l’Assemblée nationale, « Dimanche en politique », France 3, 25 juin 2023
« Des appels du pied à qui ? », demande le journaliste Francis Letellier, « les Républicains » ?
Pas seulement le parti, mais aussi tous les sociaux-démocrates qui siègent à l’Assemblée nationale.
Yaël Braun-Pivet, « Dimanche en politique », France 3, 25 juin 2023
« Parti de gauche, groupe écologiste ou même PC »
Mais de qui peut-il s’agir ? Il y a bien les socialistes, mais ces derniers ont choisi l’opposition frontale avec la Nupes. Certes, deux élus socialistes, hostiles à Nupes, siègent pour cette raison sur les bancs du groupe Liot. Mais ils ne sauraient constituer une prise de guerre…
Alors, peut-être, quelqu’un au sommet de l’État nourrit-il le secret espoir d’embarquer Bernard Cazeneuve ou Carole Delga, la présidente de la région Occitanie, sur la galère gouvernementale. Mais pour ce qui est renouveau, on repassera.
Cependant, Yaël Braun-Pivet a sa petite idée. Dans Le Parisien de samedi 24 juin, elle avance des noms :
Si l’on se dit que sur tel ou tel aspect d’une politique publique on a la même vision, il est intéressant de faire entrer au gouvernement des ministres LR ou d’autres partis. […] Ça peut être un parti social-démocrate, de gauche, mais aussi quelqu’un du groupe écologiste ou même du PC. Chez les communistes, le président Chassaigne est très engagé sur les sujets agricoles, le député Stéphane Peu sur la ville et le logement.
Yaël Braun-Pivet, Le Parisien, 24 juin 2023
Un leurre
Pour l’heure, les intéressés n’ont pas réagi. Cette offre publique d’achat mérite-t-elle vraiment qu’on y réponde ? Et puis, si cette éventualité avait un soupçon de réalité, Yaël Braun-Pivet se garderait de l’évoquer publiquement. Ce démarchage n’est qu’un leurre. Le véritable objectif des macronistes reste la conclusion d’un accord de gouvernement avec Les Républicains.
Je vous rappelle que la majorité a fait passer une trentaine de textes jusqu’à présent sans aucune alliance au fond, et donc la question qui est posée c’est de se dire : est-ce que ce système est pérenne ? Est-ce qu’on peut le reproduire y compris sur les prochains budgets ? Ou est-ce qu’on peut aller plus loin ? Comment faire passer le texte sur l’immigration qui est si important pour nous, je vous le rappelle puisqu’il s’agit d’expulser davantage les délinquants et de régulariser les travailleurs et puis également simplifier la procédure qui concerne les juridictions administratives comme du droit d’asile. Et donc de ce point de vue, il s’agit pour le parti Renaissance, de ses responsables départementaux à ses ministres en passant naturellement par ses parlementaires, de définir sa stratégie à l’égard de ceux qui peuvent être des partenaires.
Sacha Houlié, député Renaissance de la Vienne et président de la commission des lois, Palais Bourbon, 20 juin 2023
« Rien à voir » avec Macron
Mais voilà, Les Républicains n’ont aucune intention de saisir la main qui leur est tendue.
Ça fait six ans qu’on dit qu’on n’a rien à voir avec le projet politique de monsieur Macron. Le projet politique de monsieur Macron, c’est toujours plus d’immigration par exemple, on veut beaucoup moins d’immigration. C’est aucune volonté en matière de sécurité, l’événement de Bordeaux n’est qu’une illustration de l’effondrement de l’autorité dans notre pays. On n’a rien à voir sur la vision de l’économie de monsieur Macron qui reste une vision très mondialiste là où il faudrait se préoccuper un peu plus des intérêts économiques de nos petites entreprises. Regardez la situation dans laquelle elles sont face à la question du prix de l’énergie. On n’a vraiment rien à voir avec ce gouvernement. N’attendez pas de nous quelque pacte que ce soit. Je crois qu’on a été très clair sur ce sujet-là.
Olivier Marleix, député d’Eure-et-Loir et président du groupe LR, Palais Bourbon, 20 juin 2023
Survie politique
En politique, les ambitions personnelles ont souvent raison des grands principes. Pourtant Olivier Marleix ne croit pas à un débauchage individuel.
Les gens qui céderaient… Je vois toujours partout, dans toute société humaine, des gens qui sont mus d’abord par une petite ambition personnelle. Chez nous, vous remarquerez que depuis l’épisode Edouard Philippe, Le Maire, Darmanin, ils ont fait choux blanc. La dernière fois il y a eu monsieur Abad, mais ça ne s’est pas bien terminé.
Olivier Marleix, Palais Bourbon, 20 juin 2023
Vendredi 23 juin, dans un ultime assaut d’amabilité en direction de la droite, Gérald Darmanin a annoncé que le gouvernement renonçait à présenter en juillet son propre projet de loi sur l’immigration. Ce texte prévoit la régularisation de certaines catégories de travailleurs sans papiers. Un casus belli pour la droite. Mais le retrait du projet de loi ne devrait pas changer grand-chose à la décision des Républicains de rester en dehors du gouvernement. Leur survie politique est à ce prix.
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