
Samedi à Pantin, en banlieue parisienne, les Écologistes tenaient leur convention d’investiture. Le sacre, en quelque sorte, de Marine Tondelier. La secrétaire nationale a été réélue le 19 avril à la tête de son mouvement. La veste verte la plus connue de France a recueilli 73 % des voix au premier tour. Un score pharaonique qu’il faut tempérer. Sur les 16 000 adhérents du parti, il n’y a eu que 6 700 votants. Mais l’essentiel n’est pas là. Après les naufrages de la NUPES et du Nouveau Front Populaire, la question était de savoir dans quel camp les écologistes allaient se ranger. Celui des insoumis ou celui des socialistes.
Je vais le dire une bonne fois pour toutes : à toutes celles et ceux qui nous somment de choisir entre deux partenaires de gauche comme s’il était impossible et même souhaitable de ne travailler qu’avec l’un ou qu’avec l’autre, non, nous ne choisirons pas ! Peut-être que des partenaires choisiront à notre place. Nous ne le souhaitons pas. Mais peut-être que certains choisiront à notre place en s’isolant, en refusant de travailler avec les autres. Mais nous, nous ne choisirons pas.
Marine Tondelier, Secrétaire nationale des Écologistes, le 26/04/2025
Eh oui, les municipales, c’est dans moins d’un an. Et selon les villes, il faudra pouvoir compter, tantôt sur le soutien des insoumis, tantôt sur celui du PS. Alors, on ne se fâche avec personne. Pour la présidentielle, l’écologiste en chef a sa petite idée. C’est le théorème de l’entonnoir. Une découverte qui révolutionne la science politique.
Vous imaginez bien que le bon usage de l’entonnoir c’est donc de partir du bout le plus large pour arriver au plus étroit. Pour la présidentielle, c’est pareil. La partie la plus étroite, c’est la question de quelle personne sera candidate et de comment on la désigne. Si nous avons envie de gagner, il nous faut penser un projet commun, un programme. Et puisque nous sommes tous pour la 6e République, assumons-le clairement, désignons une équipe, avec un candidat ou une candidate à la présidentielle, bien sûr, mais avec déjà un collectif solide pour gouverner, ensemble.
Marine Tondelier, Secrétaire nationale des Écologistes, le 26/04/2025
Théorème de l’entonnoir
Le problème de l’entonnoir, c’est que ça risque de coincer. Avec Jean-Luc Mélenchon, bien sûr. Même s’il n’a pas officiellement déclaré sa candidature, tout le monde a bien compris qu’il sillonne le pays dans cette perspective. Sans parler de ses déplacements à l’étranger. Mais il y aura aussi embouteillage avec les socialistes. Même si pour l’instant, il est difficile de dire si c’est François Hollande qui restera coincé dans la partie étroite de l’entonnoir ou bien quelqu‘un d’autre de moins enveloppé, comme dirait Obélix.
Car le PS prépare lui aussi son congrès. Les 40 000 adhérents du parti se prononceront le 27 mai sur les trois textes d’orientation qui leur sont soumis. Et le 5 juin, ils désigneront leur nouveau Premier secrétaire. On va essayer de résumer le périmètre des trois courants en lice. Celui d’Olivier Faure d’abord. Sa ligne aujourd’hui, pourrait se résumer ainsi : ni Mélenchon, ni François Hollande. Pour la présidentielle, il est favorable à une primaire de la gauche. Entendez celle qui va de Raphaël Glucksmann à François Ruffin. Un grand écart qui pourrait avoir raison de ses adducteurs.
Mais sait-on jamais. Face à Olivier Faure, il y a le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol. Il fédère les opposants : la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy, la présidente de la région Occitanie Carole Delga, le député de l’Eure Philippe Brun et le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane. On chercherait en vain dans ce courant un ciment idéologique autre que la détestation d’Olivier Faure. Disons que ce conglomérat rassemble les nostalgiques de François Hollande et les ambitieux de demain. Ça donne envie…
Et puis surtout, cet aréopage craint qu’une reconduction d’Olivier Faure ne rende ce dernier présidentiable. Une bonne raison de l’écarter maintenant de la course à l’Élysée. Ce syndicat des mécontents ne semble pas effrayer le Premier secrétaire sortant.
Celui qui peut faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre, c’est Boris Vallaud, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale. Candidat au poste de Premier secrétaire, il affirme vouloir rassembler tout le monde.
Je suis en mesure de dire que 80 % des militants sont d’accord. Sont d’accord sur la ligne stratégique, et plus encore, sur le fond politique que nous sommes en train de construire et que nous devons construire plus encore. Et nous ferions un grand mensonge, un grand mensonge aux militants en prétendant qu’il y a une fracture entre nous.
Parce que je le dis, Olivier, je le dis, Nicolas, il est inutile de se projeter en 2027 avec un parti qui serait coupé en deux. Il est inutile d’espérer le grand soir ou des lendemains qui chantent dans la désunion entre nous. Laissons la discorde à l’ennemi.
Boris Vallaud, député Socialistes et apparentés et président du groupe Socialistes et apparentés à l’Assemblée nationale, le 26/04/2025
Pour l’instant, Boris Vallaud est donné en troisième position. De son ralliement dépendra la victoire d’Olivier Faure ou de Nicolas Mayer-Rossignol. Suspense… A droite aussi, ça bouge. Le 25 mai, Les Républicains se choisiront un nouveau chef. Soit Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, soit Laurent Wauquiez, le président du groupe parlementaire. En retard sur Retailleau, Wauquiez a sorti l’artillerie lourde ce week-end. Le prétexte lui a été fourni par le Premier ministre. François Bayrou entame cette semaine une série de consultations afin que les députés soient élus à la proportionnelle. Il a toujours défendu ce mode de scrutin. Mais là, il y a urgence.
Oui, il y a un agacement, je ne vous le cache pas parce que je ne vois rien venir sur la proportionnelle. C’était un engagement et cet engagement a été effectué d’ailleurs par Emmanuel Macron maintes fois et c’est un des axes forts de monsieur Bayrou. Je ne vois rien venir, et je trouve que le temps est long.
Marine Le Pen, députée RN et présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, le 27/03/2025
Retour de la proportionnelle
Que ne ferait pas François Bayrou pour éviter une motion de censure ! Voilà donc le serpent de mer de la proportionnelle qui refait surface. Et ce n’est pas du goût de Laurent Wauquiez.
Je suis contre la proportionnelle. Le général De Gaulle a sorti notre pays de l’impuissance en supprimant la proportionnelle. La proportionnelle aboutira à ce qu’on va institutionnaliser le chaos politique qu’on connaît en ce moment et qui deviendra la règle. C’est le ministre de l’Intérieur qui est chargé de l’application des lois électorales. C’est que je demande donc, c’est que Bruno Retailleau, dont c’est la compétence, s’oppose à cette volonté de François Bayrou et impose au Premier ministre l’abandon de cette proposition de loi.
Laurent Wauquiez, député Droite républicaine et président du groupe Droite républicaine à l’Assemblée nationale, le 27/04/2025
La manœuvre est habile. Voilà Bruno Retailleau sommé de choisir entre la solidarité gouvernementale et la fidélité à son parti. A part ça, il n’y a pas de guerre des chefs à la tête des Républicains. Le tableau ne serait pas complet sans les déclarations tarabiscotées de Jordan Bardella ce samedi dans le Parisien.
“Marine Le Pen est ma candidate. Si elle devait être empêchée demain, je pense pouvoir vous dire que je serai son candidat. Je ne peux pas être plus clair que ça.”
La syntaxe de ce message, vraisemblablement validée par Marine Le Pen, laisse songeur. Jordan Bardella propose aux Français d’être en quelque sorte le président délégué de Marine Le Pen. C’est inédit comme posture. Pas sûr, cependant, que ça déclenche l’enthousiasme des électeurs.
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