La Nupes fait son bilan interne de la séquence retraites

Sébastien Jumel, député GDR-Nupes de Seine-Maritime, à l’Assemblée nationale, le 28 février 2023. ©Purepolitique

Mardi 28 février, à l’Assemblée, la Nupes a lavé son linge sale en famille. L’intergroupe a tiré un premier bilan de la séquence sur les retraites. 

Le débat a été très serein, avec des points qui étaient les points de tension qui ont été énoncés et des points aussi de fierté dans notre action commune. On a fait un bilan partagé là-dessus. Et pour ce qui concerne l’acte II de la Nupes, je veux tout de suite dire, puisqu’ici on est à l’Assemblée nationale, ce dont on parle c’est l‘intergroupe parlementaire. Donc il y a des choses qu’on peut faire au titre de l’intergroupe mais l’acte 2 de la Nupes il ne va pas se jouer dans l’intergroupe parlementaire. Je peux vous annoncer que ce qui a été décidé ce matin c’est de rendre plus fréquent nos réunions d’intergroupe avec l’ensemble des députés, les 150. […] Pour ce qui est de nos modalités de fonctionnement ou éventuellement même une charte de l’intergroupe, pas de toute la Nupes, mais éventuellement une charte, toutes ces questions n’ont pas été réglées ce matin dans une heure de réunion, vous imaginez bien, mais elles vont continuer à se discuter.

Clémentine Autain, députée LFI de Seine-Saint-Denis, Assemblée nationale, 28 février 2023

Mots de Jean-Luc Mélenchon

Les mots employés par Jean-Luc Mélenchon ont cependant laissé des traces. En particulier le fait d’avoir qualifié d’« inepte baratin » les arguments qui militaient pour aller jusqu’à l’article 7 du projet de loi, celui qui porte l’âge du départ à 64 ans.

Écoutez, je ne partage pas le sentiment de Jean-Luc Mélenchon. Il y avait une vision très différente, une stratégie très différente entre lui, une partie de son groupe, et les trois autres groupes de la Nupes, très clairement. On assume, et non seulement on assume et on pense, pour le coup, objectivement, qu’on avait raison. Et que ce qu’il s’est passé, le fait de ne pas discuter l’article 7, sert uniquement la majorité et les Républicains et évite de mettre au jour les dissensions de ce camp-là parce qu’il n’y aurait pas eu un vote unanime, ni sur le banc des Républicains, ni même sur les bancs de la majorité.

Christine Pires Beaune, députée PS-Nupes du Puy-de-Dôme

« Bilan globalement positif »

La Nupes a donc encore du boulot pour trouver son mode de fonctionnement. C’est ce que suggère Sébastien Jumel. 

C’est un bilan globalement positif, avec tout ce que ça implique comme points d’irritation. On fera un bilan collectif. Il nous appartient, vous savez l’un des enjeux, faire vivre la Nupes, c’est de considérer qu’elle est riche de ses singularités et qu’elle est riche du respect de ses différentes composantes et qu’elle doit crédibiliser surtout, c’est ça notre responsabilité dans les quatre ans à venir. Sa capacité à réparer le pays en étant aux responsabilités.

Sébastien Jumel, député GDR-Nupes de Seine-Maritime

En 1979, Georges Marchais, secrétaire général du Parti communiste français, avait déclaré que le bilan de l’Union soviétique et ses satellites était « globalement positif ». Alors que tout le monde savait, dès cette époque, que c’était faux et archi-faux. L’histoire l’a démontré depuis.

Proposition de Manuel Bompard

Rendons à César ce qui est à César. Et à Manuel Bompard ce qui est à Manuel Bompard. Début février, le coordinateur de La France insoumise avait écrit à ses partenaires de la Nupes pour leur proposer une « nouvelle étape » de la coalition électorale. Pure Politique a donc demandé aux écologistes, qui réclament à présent un acte II de la Nupes, pourquoi ils n’ont pas répondu, à l’époque, au courrier du bras droit de Jean-Luc Mélenchon. Réponse :

Le moment où c’est arrivé c’était en plein au milieu de la réforme des retraites. Ce n’était peut-être pas le bon timing pour faire le bilan de ce qui a fonctionné ou pas. Là aujourd’hui, il y a eu une semaine de repos parlementaire qui permet à tout le monde aussi de redescendre après ces deux semaines du travail législatif sur le texte des retraites. Je pense que là on est dans le bon moment justement pour pouvoir faire un bilan, un peu à froid, de ce qui a fonctionné ou pas et de pouvoir justement travailler cet acte II. Cet acte II ça ne veut pas dire qu’on efface tout ce qui a été fait jusqu’à présent, qu’on efface la Nupes. Au contraire, ça veut justement dire qu’on se coordonne mieux et qu’on est plus efficace sur ce qu’on souhaite défendre au sein de l’Assemblée Nationale.

Sabrina Sebaihi, députée écologiste-Nupes des Hauts-de-Seine, Assemblée nationale

« Surmontons les bisbilles »

L’écologiste Julien Bayou, dont on oublie souvent qu’il fut un des artisans de la Nupes, voit plus loin. 

On a des désaccords, on a des désaccords. Bien, c’est normal. Je vous dis, dans un seul groupe vous avez différentes stratégies. On les surmonte, on les tranche, on les décide. Au sein d’une coalition, c’est normal. Vous avez des cultures différentes, vous avez des stratégies différentes. Ça n’est pas un drame. L’essentiel c’est maintenant comment on fait reculer le gouvernement, ça passe par la mobilisation la plus large le 7 mars, et puis qu’est ce qu’on fait au-delà. S’opposer oui, évidemment, il faut arrêter de prendre des buts, mais il va falloir maintenant en marquer quelques-uns. Je pense que la Nupes, de coalition presque défensive, elle peut maintenant se transformer en une plateforme qui porte une candidature commune en 2027. C’est ça que j’ai envie de creuser, de travailler. Je peux vous donner des noms, ça n’a pas forcément d’intérêt à ce stade. Par exemple Clémentine Autain, François Ruffin, Fabien Roussel, Olivier Faure, Yannick Jadot, Delphine Batho, Cécile Duflot, peuvent rassembler plus largement. On ne manque pas de candidatures. Travaillons un projet, surmontons les bisbilles, ça n’est vraiment pas le plus intéressant.

Julien Bayou, député écologiste-Nupes de Paris, Palais Bourbon

Il n’est pas certain que la liste des présidentiables retenus par Julien Bayou satisfasse tout le monde. Mais elle a le mérite de briser un tabou : celui de se demander qui, à gauche, peut l’emporter en 2027 et sur quel programme.

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