Le PS va-t-il retomber dans les oubliettes du hollandisme ?

Le Parti socialiste est-il en train de renouer avec ses vieux démons ? Ceux du hollandisme dans sa version la plus crépusculaire. C’est la question, bien légitime, que certains se posent à gauche.

La percée de Raphaël Glucksmann dans les sondages interpelle. Le principal animateur de Place publique a une solide réputation de social-libéral. Si le PS arrive en tête des listes de gauche au soir du 9 juin, faudra-t-il en conclure que c’est cette ligne-là qui l’a emporté sur la ligne de rupture qui avait conduit les socialistes à rejoindre la NUPES ?

La bataille pour l’hégémonie

Dans le Figaro du 11 avril, Jérôme Guedj, député de l’Essonne, avertit ses camarades : « Je tiens à prévenir : un beau score de Raphaël Glucksmann ne doit pas signifier le retour d’un Parti socialiste vintage. (…) Si le PS est en tête, pas question de se voir trop beaux, de fanfaronner et de considérer que nous repartons à gauche d’une page blanche. Une hirondelle ne fait pas le printemps. Ce qui a fracassé la Nupes, c’est d’une certaine manière l’approche hégémonique de LFI, notamment sur sa stratégie de la conflictualisation. Il serait aberrant de vouloir remplacer une tentative d’hégémonie par une autre. »

Recomposer la gauche autour du PS ?

Cette tentation existe. Ceux qui ont toujours été hostiles à la NUPES, comme Carole Delga, la présidente de la région Occitanie, estiment que la voie est libre pour recomposer la gauche autour du PS.

Or, comme le souligne Jérôme Guedj, ils se trompent.

La gauche, c’est à peine 30 % des voix

Le problème de la gauche n’est pas tant une question d’hégémonie que d’arithmétique. L’addition des scores LFI-PS-PCF-Écologistes ne dépasse pas la barre des 30 %. Pour gagner en 2027, il faudra obtenir plus de 50 % des suffrages. Sans dynamique d’union à gauche, c’est mission impossible. Au lendemain des Européennes, il faudra que la gauche envisage un nouveau cadre unitaire. Une NUPES II ou autre chose.

Mélenchon est-il toujours le candidat providentiel ?

Quelle place aura Jean-Luc Mélenchon dans ce scénario ? C’est en partie le résultat de LFI en juin qui le dira. Le chef de file des insoumis a maintes fois répété qu’il s’agissait là du premier tour de la prochaine présidentielle. Si le score est mauvais, Jean-Luc Mélenchon aura beaucoup de mal à convaincre qu’il peut être au second tour de 2027.

La relève se prépare

Au sein même de son mouvement, on lui conteste déjà cette dimension. Clémentine Autain et François Ruffin se préparent à être candidats à la candidature. Sous le regard intéressé d’une partie des écologistes et des socialistes.

Sauf à vouloir juste témoigner devant l’histoire, la gauche dans toutes ses composantes doit se réinventer. Il y a plus d’un demi-siècle, à Épinay, elle y était parvenue. Il n’y a pas de raison qu’elle en soit aujourd’hui incapable.

Serge Faubert

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