Ce vendredi, en début de soirée, deux agences de notation, Moody’s et Fitch, révéleront la note qu’elles attribuent à l’économie française.
La dette devrait représenter cette année 112,3 % du PIB. Le déficit budgétaire initialement estimé à 4,4 % a été porté à 5,1 % par les prévisionnistes de Bercy. La prévision de croissance a été ramenée de 1,4 % à 1 %. Enfin, le gouvernement, après avoir amputé de 10 milliards le budget au mois de février, annonce 10 milliards de coupes supplémentaires pour 2024 et 20 milliards en 2025.
Un non-événement
Un tableau qui devrait effaroucher les agences. Pourtant, il y a peu de chances que ces dernières dégradent de façon spectaculaire leurs notes. Car la France, malgré son surendettement, reste très attractive pour les investisseurs. Il y a d’abord le parapluie de la Banque centrale européenne qui maintient les taux dans des écarts acceptables. L’Europe, ensuite, reste une place sûre pour les marchés. On veut toujours acheter de la dette française.
Pour le dire autrement, les notes décernées ce soir seront un non-événement sur le plan économique. En revanche, sur le plan politique, le prix à payer s’annonce élevé.
La compétence des Mozart de la finance questionnée
C’est d’abord la compétence du gouvernement qui est questionnée. Les Français ont du mal à comprendre comment des technocrates ont pu se tromper à ce point-là. Eux qui sont à l’euro près découvrent avec effarement que le gouvernement peut se planter de 10 milliards dans ses prévisions.
Une interrogation dont l’Assemblée nationale sera la chambre d’écho lundi. Ce jour-là, en effet, les députés reprennent le chemin du Palais Bourbon. Et l’ordre du jour appelle un débat d’orientation et de programmation des finances publiques.
Tempête politique en vue
L’occasion inespérée pour les oppositions de mettre le gouvernement sur le gril. Les Républicains auront à cœur de mettre en avant le train de vie de l’État depuis 2017. Sans doute reviendront-ils sur leur intention de constituer une commission d’enquête sur l’endettement de la France.
Les conséquences des coupes budgétaires
À gauche, ce sont les coupes budgétaires que l’on questionnera. Comment renforcer les services publics avec un budget amputé ? Quid du pouvoir d’achat des salariés et des retraités ? Le spectre de l’austérité rôde.
La taxation des superprofits reviendra également sur le tapis. Car le Premier ministre a annoncé qu’il allait mettre en place une « task force » sur le sujet. Où en est-elle de ses réflexions ?
L’exigence d’un projet de loi de finances rectificative
À gauche et à droite, on réclame un projet de loi de finances rectificative. Le gouvernement fait la sourde oreille. Pas question d’offrir une tribune aux oppositions à la veille du scrutin du 9 juin. Mais la pression risque d’être forte. Et la menace d’une motion de censure, en cas de refus persistant, pourrait prendre corps.
C’est donc un retour de vacances en fanfare qui se profile. Tant mieux, la campagne électorale est un peu morne.
Serge Faubert
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