La gauche à Matignon ? Un Premier ministre socialiste pourrait peut-être faire mieux que Michel Barnier et François Bayrou

Olivier Faure, député « Écologistes et apparentés » et Premier secrétaire du Parti socialiste, le 04/09/2025 ©RTL

Un socialiste à Matignon ! Un vrai, pas un défroqué qui ne représente que lui-même et les habitués du Bar Tabac PMU au coin de sa rue. Mais non, je ne parle pas de Bernard Cazeneuve ! Ce songe d’une nuit d’été semble prendre consistance. Sans que l’on puisse écarter la piste d’un leurre présidentiel pour masquer l’arrivée d’un Bardella ou d’un prétendant du bloc central, bloc qui, soit dit en passant, ressemble de plus en plus à une pierre tombale au regard de la cacophonie de ses ténors.

Tout est parti d’une exhortation présidentielle. Mardi, dans un accès de folie, Jupiter a enjoint aux chefs de parti du socle commun de travailler avec les socialistes. Banco, lui a répondu Olivier Faure, le patron du PS.

La gauche est candidate à gouverner. Ce n’est pas une question de personne. Je n’ai jamais dit “je souhaite aller à Matignon”, etc. Et si on vous le propose ? J’ai dit à tous les socialistes, j’ai dit aux écologistes, aux communistes, aux ex-insoumis, je leur ai dit : “Si demain le président vous appelle et qu’il vous demande si vous êtes d’accord pour aller à Matignon, vous y allez et ensuite on gouverne ensemble.”

Olivier Faure, député « Écologistes et apparentés » et Premier secrétaire du Parti socialiste, le 04/09/2025

Une hirondelle ne fait pas le printemps, surtout à l’automne. Mais l’idée d’essayer la gauche après le naufrage de Michel Barnier et l’autodissolution de François Bayrou fait son chemin. Y compris chez ceux qui aiment à se présenter comme des gens raisonnables.

Il faut commencer par le bloc qui est arrivé en tête aux dernières élections. C’est un bloc de gauche. Sollicitons les personnalités qui sont susceptibles de constituer ce gouvernement.

Dominique de Villepin, ancien Premier ministre, le 03/09/2025

Mais l’engouement va au-delà. Bien au-delà. Jusqu’à Laurent Wauquiez, le patron des députés LR.

On a pris un engagement, nous. On ne censure pas. C’est-à-dire qu’on ne censurera pas un gouvernement socialiste, on ne censurerait pas un gouvernement du RN. Pourquoi ? Je suis pour la stabilité politique. Nous ne faisons pas partie de ceux qui font tomber les gouvernements dans ce pays. Tout simplement, parce que quel qu’il soit, je pense que l’instabilité c’est catastrophique pour le pays.

Laurent Wauquiez, député « Droite républicaine » et président du groupe « Droite républicaine » à l’Assemblée nationale, le 04/09/2025

Un engagement qui tombe à pic. Les socialistes ont justement déclaré qu’ils n’emploieraient pas l’article 49-3 s’ils venaient à gouverner. Embrassons-nous folleville ! C’était compter sans Bruno Retailleau. Le ministre de l’Intérieur, président des LR, s’est fendu d’un post cinglant dès qu’il a pris connaissance des propos de son éternel rival. “Si LR a accepté d’entrer au gouvernement, c’est justement pour empêcher la gauche d’accéder au pouvoir. Il ne peut pas y avoir de chèque en blanc. Si un gouvernement socialiste devait mener une politique contraire aux intérêts de la France, le devoir de la droite serait de l’empêcher.”

Chouette ambiance à droite. Qui n’a d’équivalent que la vaisselle cassée à gauche. Car avant même que le président de la République lorgne vers les socialistes, Mathilde Panot avait prévenu.

Nous ne soutiendrons qu’un gouvernement sur un programme de rupture. Nous n’accorderons pas de confiance à un gouvernement qui ne porte pas le programme de rupture sur lequel les socialistes ont été élus.

Mathilde Panot, députée « France insoumise » et présidente du groupe « France insoumise » à l’Assemblée nationale, le 01/09/2025

Entre autres mesures dans son projet de budget, le PS prévoit d’instaurer la taxe Zucman – la taxation des 1800 plus hauts patrimoines du pays – et la suspension de la réforme des retraites. Quoi qu’en dise Mathilde Panot, on voit mal la France insoumise censurer les socialistes sur ce programme. En réalité, la présidente du groupe parlementaire soupçonne le PS de préparer une alliance honteuse avec les macronistes. Mais ce scénario a été écarté par le Premier secrétaire du PS.

Je ne veux pas, demain, un gouvernement qui serait en même temps de droite et de gauche. Je veux un gouvernement de gauche.

Olivier Faure, député « Écologistes et apparentés » et Premier secrétaire du Parti socialiste, le 02/09/2025

Il n’y aura donc aucun ministre de droite ou du centre dans le gouvernement tel que l’envisage Olivier Faure. A charge pour cette équipe de trouver, texte par texte, une majorité autour de ses propositions. Cette posture ne convainc pas Jean-Luc Mélenchon. “Heure après heure, se fait un glissement politicien vers une grande coalition de Glucksmann à Wauquiez avec le PS et la macronie. Les insoumis n’ont rien à voir avec cette tambouille et ils la combattent car ce n’est pas l’engagement pris devant les électeurs avec le programme du Nouveau Front Populaire.”

La grande coalition que croit apercevoir le chef de la France insoumise n’est pour l’instant qu’une supputation de sa part. Pourquoi faudrait-il torpiller un gouvernement socialiste ? Parce que les insoumis n’en feraient pas partie ? Pas sûr que cet argument fasse mouche auprès des électeurs, y compris ceux de la France insoumise. Imagine-t-on vraiment les députés LFI voter avec le RN contre le PS ? Il y a une explication à cette hostilité.

La France insoumise réclame une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale. Elle estime qu’elle sortira renforcée des élections législatives qui suivront. Ce qui ne sera pas forcément le cas pour le PS. Cependant, ces législatives ne modifieront qu’à la marge les rapports de force. La France restera bloquée. Et dans la foulée, la question d’une présidentielle anticipée se posera. Une élection que le candidat de la France insoumise estime être en mesure de remporter.

Dans ce scénario, un gouvernement socialiste, à qui l’on prédit l’échec par ailleurs, retarderait l’alternance. La direction de LFI veut donc en faire l’économie. Cette stratégie présente un biais. Que se passera-t-il si le Rassemblement national obtient une confortable majorité au sortir de ces législatives ? Les dirigeants de la formation d’extrême-droite sont convaincus de leur prochaine victoire.

Je pense que les Français ont les yeux ouverts. L’écroulement du bloc central pourrait amener, effectivement, une majorité Rassemblement national et alliés. Je pense que nous pouvons avoir une majorité absolue.

En clair, Sébastien Chenu parie sur le retour d’une bipolarisation de la vie politique. La gauche d’un côté, la droite et l’extrême droite de l’autre. On peut penser qu’il se trompe. Mais s’il a raison, le risque d’être écrasé est considérable.

Sébastien Chenu, député « Rassemblement national », le 02/09/2025

Dingue

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