La gauche a enfin trouvé comment déjouer le piège du RN sur les retraites

C’est un sacré défi que la gauche s’apprête à relever. Persuader les Français, et au premier chef les électeurs du NFP, qu’elle a raison de refuser de voter la proposition de loi du Rassemblement national abrogeant la réforme des retraites.

Le NFP pris entre deux feux

Le groupe lepéniste a en effet inscrit à l’ordre du jour de sa journée d’initiative parlementaire, le 31 octobre, un texte qui ramène l’âge de départ à 62 ans. L’objectif à peine caché du RN est de mettre en porte-à-faux la gauche. Soit cette dernière mêle ses voix à celles de l’extrême droite et alors le front républicain aura vécu, soit elle ne prend pas part au vote et Marine Le Pen aura beau jeu de dénoncer le sectarisme d’un NFP sacrifiant l’intérêt de ses électeurs sur l’autel de l’idéologie.

Ce choix cornélien travaille les partis de gauche. Du côté des communistes, la tentation de voter le texte du RN est forte. Les écologistes n’ont pas encore pris leur décision. En revanche, les socialistes et les insoumis ont décidé de ne pas voter la proposition de loi du RN.

Pas de sénateurs RN

Au-delà du refus de banaliser le RN, ces deux derniers groupes ont un argument de poids pour justifier leur décision. Dans l’hypothèse où la proposition de loi du RN trouverait une majorité dans l’hémicycle, elle ne pourrait prospérer au Sénat. Le parti de Jordan Bardella n’y compte aucun élu. Le texte ne pourrait donc être inscrit à l’ordre du jour puis revenir à l’Assemblée. Une éventuelle victoire des oppositions resterait donc sans lendemain.

Mais cette explication a contre elle sa technicité. Il faut entrer dans le détail de la navette parlementaire pour en saisir la pertinence. Pas sûr que l’opinion suive. Le RN compte bien surfer sur cette incompréhension et instruire le procès du NFP.

Tenir jusqu’au 28 novembre

Celui semble cependant avoir trouvé la parade. La prochaine journée d’initiative parlementaire d’un parti de gauche tombe le 28 novembre. C’est la niche de la France insoumise. Mathilde Panot et ses amis ont prévu d’inscrire une proposition de loi abrogeant la réforme des retraites.

Aux voix du NFP devraient venir s’ajouter celles du Rassemblement national, permettant ainsi l’adoption du texte en première lecture. Au Sénat, un des trois groupes de gauche pourra alors récupérer la proposition de loi et l’inscrire à l’ordre du jour.

À la fin, c’est l’Assemblée qui gagne

Même si la droite, majoritaire au Palais du Luxembourg, repousse le texte, celui-ci reviendra à l’Assemblée. Avec toutes les chances d’être définitivement adopté.

Sur le papier, le scénario fonctionne. Mais les mois qui viennent de s’écouler montrent que les plans les plus élaborés restent à la merci d’événements inattendus. Rien n’est joué par conséquent.

Serge Faubert

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