Réjouissez-vous, braves gens, tout va bien. Ou plutôt, ça va aller mieux. C’est notre ministre de l’Économie, Bruno le Maire, qui le dit.
L’inflation, c’était 16 % sur les produits alimentaires par rapport à 2022 en mars, aujourd’hui c’est 11 %. On a perdu cinq points. J’ai dit qu’il y aura un ralentissement de l’inflation à l’été. Il y a un ralentissement de l’inflation sur les produits alimentaires à l’été. Et là, l’engagement que je prends, c’est qu’on va accélérer la lutte contre l’inflation et stopper définitivement la spirale inflationniste.
Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, BFMTV, 3 septembre 2023
Jeudi 31 août, le grand argentier du régime a annoncé que les prix de 5 000 produits – un quart des références d’une grande surface – ne devraient plus bouger. Les industriels et les distributeurs sont en train de finaliser la liste. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sera chargée de faire respecter cet accord. Les distributeurs devront immédiatement répercuter dans les rayons les baisses de prix consenties par les industriels.
Credo libéral
Pas question d’en profiter pour augmenter leurs marges. Là encore, la DGCCRF veillera à l’application de la mesure. La hausse des prix continue cependant de progresser en août. Le taux d’inflation a bondi à 4,8 % alors qu’il n’était que de 4,3 % en juillet. Si les prix de l’agroalimentaire ont commencé à reculer, ceux de l’électricité et des produits pétroliers ont en revanche grimpé. C’est la conséquence de la fin des boucliers tarifaires.
On pourrait bien sûr donner un coup de pouce aux salaires. Mais le gouvernement s’y refuse car, selon lui, pareille augmentation alimenterait l’inflation. C’est l’habituel credo libéral.
Le Fonds monétaire international, dont on ne peut pas dire qu’il soit une officine de La France insoumise, dit : « La première cause de l’inflation aujourd’hui à l’échelle mondiale est l’augmentation des profits des entreprises. » Donc il faut indexer les salaires et les pensions de retraite sur l’inflation, donc il faut bloquer les prix sur les produits de première nécessité, donc il faut encadrer les marges.
Manuel Bompard, député des Bouches-du-Rhône et coordinateur de La France insoumise, « Le Grand Jury », RTL-Le Figaro-M6, 3 septembre 2023
Les Restos du Cœur doit réduire la voilure
Preuve supplémentaire, s’il en fallait une, que la situation est grave, les Restos du Cœur n’arrivent plus à faire face. En 2022, ils ont accueilli 1,1 million de personnes. Cette année, ils en ont déjà accompagné 1,3 million. Et il reste quatre mois. Cet accroissement du nombre des demandeurs s’accompagne d’une hausse des coûts de fonctionnement. Du coup, l’association est contrainte de réduire la voilure.
Nous allons devoir prendre des mesures très difficiles et notamment réduire fortement le nombre de personnes que l’on va accueillir dès la prochaine campagne.
Dire « non » à des gens qui se présenteront ?
Dire « non » à des personnes à qui on aurait dû dire « oui » l’hiver dernier. Et surtout, ce qui est encore plus terrible c’est que les personnes que l’on va accueillir, nous allons devoir leur donner moins de produits.
Patrice Douret, président des Restos du Cœur, TF1, 3 septembre 2023
Goutte d’eau dans le budget de l’État
150 000 personnes pourraient ainsi être éconduites. Les difficultés sont telles que Patrice Douret envisage même que les Restos du Cœur puissent mettre la clé sous la porte d’ici trois ans. Le 3 septembre, Aurore Bergé, ministre des Solidarités, a annoncé que 15 millions d’euros allaient être débloqués pour venir en aide aux Restos du Cœur. Est-ce que ce sera suffisant ?
Très clairement, non. Sur ces 15 millions, c’est le programme « Mieux manger pour tous », une partie était déjà connue, comptabilisée. Il y a des avancées, on va continuer à travailler et surtout à expliquer la situation des Français qui fait qu’aujourd’hui les Restos du Cœur sont en difficulté.
Patrice Douret, BFMTV, 3 septembre 2023
Au total, les Restos ont besoin de 35 millions pour terminer l’année. Une goutte d’eau dans le budget de l’État. Une perfusion de vie pour des centaines de milliers de gens…
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