La victoire de Donald Trump est d’abord une défaite idéologique. Celle d’un projet essentiellement sociétal qui prétendait attirer à lui, mécaniquement, les différentes communautés. Kamala Harris, comme Hillary Clinton avant elle, n’incarnait-elle pas le camp du bien, de l’élite cultivée et libérale, du politiquement correct ?
Les limites de l’essentialisation
Mais l’essentialisation des citoyens américains a trouvé ses limites. Trump progresse ainsi de 13 points chez les latinos par rapport à 2020. Il améliore de 7 points son score chez les électrices. Le vote noir n’a pas bougé, mais le candidat républicain réalise de surprenantes percés dans certains états, comme la Caroline du Nord où il passe de 5 à 12 %.
La question sociale l’emporte sur le reste
Le ressort des discriminations n’a pas produit les effets escomptés. Car la question sociale l’a emporté sur tout le reste. Une majorité d’Américains est inquiète pour son pouvoir d’achat. Le milliardaire Trump est paradoxalement le seul, dans la campagne électorale, à s’être fait l’écho de cette préoccupation. De façon démagogique, certes. Make america great again est d’abord la promesse d’enrayer le déclin et du retour à la puissance d’antan. Comment ? Trump ne l’a jamais dit. À supposer qu’il en ait une quelconque idée. Mais ce cap affiché suffit à mobiliser les électeurs.
La détestation des élites
La détestation de l’establishment des côtes ouest et est a fait le reste. Donald Trump améliore ses résultats dans les comtés de banlieue et les régions rurales et même certaines villes historiquement démocrates. Il progresse chez les électeurs sans diplôme universitaire alors qu’il recule chez ceux qui ont fait des études supérieures.
Le retour de boomerang du wokisme
Trump, au fond, c’est le retour de boomerang du wokisme. Malgré ses outrances, ou peut-être grâce à elles, l’oligarque est parvenu à incarner l’Amérique profonde. Celle qui est étrangère aux débats qui enflamment les campus jusqu’à l’absurde.
Du paria au rebelle
La diabolisation a paradoxalement servi le candidat républicain. Le paria s’est métamorphosé en rebelle. Ce d’autant plus facilement que l’information aux États-Unis fonctionne en silo. Au royaume des vérités alternatives et du complotisme, le vrai n’a plus sa place. Il suffit de répéter mille fois un mensonge pour qu’il supplante le réel.
Certes, comparaison n’est pas raison. L’histoire des États-Unis n’est pas la nôtre. Mais Donald Trump est d’une certaine façon le miroir de notre avenir. Du moins, si nous n’y prenons garde.
Serge Faubert
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