Don Quichotte à Matignon

Juché sur la selle de Rossinante, Don Quichotte prenait les moulins pour des géants menaçants. Depuis Matignon, François Bayrou, lui, voit des succès là où tout le monde ne distingue que des échecs. La conférence de presse de ce jeudi, organisée à l’issue du conclave sur les retraites, avait quelque chose de lunaire. En plein déni, le Premier ministre s’est acharné à démontrer que le conclave en question marquait « un progrès » et « un espoir pour la démocratie »

Toujours dans l’à-peu-près

Renouant avec l’approximation coupable qui avait accompagné ses déclarations successives sur les violences commises à Betharram, François Bayrou a évoqué des « accords pour ainsi dire acquis ». De deux choses l’une. Soit il y a des accords, soit il n’y en a pas. Que le locataire de Matignon veuille souligner l’existence de convergences entre partenaires sociaux, on peut l’entendre. Sur l’amélioration de la pension des femmes ayant eu des enfants, sur l’abaissement de l’âge de départ à taux plein à 66 ans et demi au lieu de 67 ans, il y a eu l’ébauche d’un consensus. 

Mais pour importants que soient ces deux points, ils restent périphériques au regard de l’objet de ce conclave. Pour le dire autrement, c’est le seul lest que le Medef ait accepté de lâcher au terme des 18 réunions du conclave.

Financement et pénibilité

En revanche, sur le retour à l’âge de départ à 62 ans, le non a été immédiat. Trois organisations syndicales – CFDT, CFE-CGC et CFTC – ont néanmoins accepté de rester à la table des négociations. Mais sur le financement des retraites comme sur la prise en compte de la pénibilité, elles n’ont rien obtenu du Medef.

Bref, les désaccords l’emportent très largement sur les compromis. Tant et si bien que les dirigeants des trois syndicats se sont refusés à poursuivre les négociations deux semaines de plus comme le leur proposait François Bayrou. La messe est dite et le Premier ministre doit en prendre acte. 

Rendez-vous en octobre

S’il survit à la motion de censure déposée par les socialistes – ce qui est vraisemblable vu le refus du RN de s’y associer – François Bayrou aura un nouveau rendez-vous avec la réforme des retraites en octobre. C’est à ce moment que les députés entameront l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026. 

Le Premier ministre a promis d’intégrer ce qu’il considère être les « avancées » du conclave dans cette loi de finances. On demande à voir. D’autant qu’à cette occasion, la droite, l’extrême droite et la gauche pourraient bien se retrouver pour sceller le sort du miraculé de Matignon. Avec la bénédiction de l’Élysée, lassé de cette navigation politique à la petite semaine.

Serge Faubert

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