Le congrès du Parti socialiste avance dans une indifférence quasi générale mais mérite tout de même de s’y attarder

Affiche de campagne de François Mitterrand lors de la campagne présidentielle de 1981

Il y a le PSG. Et puis il y a le PS. A Pure Politique, rien ne nous fait peur. Pas même évoquer le congrès des socialistes qui devrait se terminer à la mi-juin par la reconduction d’Olivier Faure. Je sais, je viens de divulgâcher l’issue d’un rendez-vous démocratique d’une famille historique de la gauche. Vous ne pouvez savoir comme je m’en veux. Mais que voulez-vous, l’événement ne tient pas les foules en haleine. Le PS n’est plus que l’ombre de lui-même.

Nous sommes rentrés dans une logique, que moi j’avais qualifiée il y a quelques années, j’en avais peur, une logique groupusculaire dans un climat crépusculaire. Je le regrette. Pourquoi je dis cela ? C’est parce qu’il y a un décalage terrible, un paradoxe terrible entre le fait que nous soyons la première force parlementaire à gauche. 131 parlementaires. On a une galaxie socialiste très puissante qui devrait, notamment, emmener la gauche vers le pouvoir. Et le paradoxe, c’est que nous avons maintenant un petit parti.

Patrick Kanner, Président du groupe socialiste au Sénat, le 28/05/2025

Le PS est aujourd’hui un petit parti

Patrick Kanner, c’est la droite du Parti socialiste. Il a donc intérêt à noircir le tableau. Car ce faisant, il instruit le procès d’Olivier Faure. Il n’en reste pas moins vrai que le PS est aujourd’hui un petit parti. 40 000 militants dont seulement 24 000 ont participé au vote sur les textes d’orientation.

Olivier Faure a recueilli 42,21 % des suffrages, Nicolas Mayer-Rossignol, le maire de Rouen, 40,38 %, et Boris Vallaud, le président du groupe socialiste à l’Assemblée, 17,41 %. À titre personnel, ce dernier s’est rallié à Olivier Faure, ce dimanche. La messe est dite.

Ce n’est pas la première fois dans son histoire que le PS est subclaquant. Il y a plus d’un demi-siècle, il a failli passer l’arme à gauche – je n’allais pas la rater celle-là. Ouvrons notre séquence “la caméra explore le temps” et remontons jusqu’en 1969.

Cette année-là, Jacques Duclos, candidat du Parti communiste français à l’élection présidentielle arrive en troisième position à l’issue du premier tour. Il obtient 21,27 % des voix. Il lui aura manqué 460 000 voix pour être au second tour.

Le candidat du Parti socialiste, Gaston Defferre, ne rassemble, lui, que 5% des suffrages. Il est quatrième. Ça ne vous rappelle rien ? Cherchez bien. En 2022, Jean-Luc Mélenchon rassemblait 21,95 % des suffrages. Il ratait le second tour de 420 000 voix. La candidate socialiste, Anne Hidalgo, réalisait le pire score de l’histoire de son parti en n’obtenant que 1,8 % des voix. Entre ces deux séquences, celle de 1969 et celle de 2022, il y a une différence.

Trois ans après la présidentielle ratée de Jacques Duclos, en 1972, donc, la gauche se rassemblait autour du programme commun. Et le 10 mai 1981, le premier président socialiste de la Ve République entrait à l’Élysée. La comparaison s’arrête là. Trois ans après la présidentielle ratée de Jean-Luc Mélenchon, en 2025 donc, la gauche est divisée comme jamais.

L’histoire semble donner raison à Karl Marx. Quand elle se répète, c’est sous forme de farce, soulignait-il dans le 18 Brumaire de Louis Bonaparte. Le Parti socialiste cherche son homme providentiel, son François Mitterrand.

Quand Mitterrand prend le PS à Epinay, le PS c’est 5 % et le PC c’est 22 %. Et, il a réussi à rassembler la gauche. Il a été l’homme du programme commun. Il a été… ensuite quand le programme commun a été rompu par les communistes, il a maintenu le programme commun.

Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste, le 11/05/2025

Celui qui n’accepte pas la rupture, la méthode, ça passe ensuite. Celui qui ne consent pas la rupture avec l’ordre établi, politique, ça va de soi, c’est secondaire, avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, il ne peut pas être adhérent du Parti Socialiste.

François Mitterrand, député socialiste de la Nièvre, le 13/06/1971

La production idéologique du PS est inexistante

Si l’on s’en tenait à ce critère, les socialistes se compteraient aujourd’hui sur les doigts d’une main… Mais l’époque était différente. C’était la fin des 30 glorieuses. Le logiciel keynésien de l’État providence était encore réaliste, comme aurait dit l’ami Gaston. Aujourd’hui, la gauche non mélenchoniste pêche par son absence de programme. Quoi que l’on pense de la France insoumise, l’Avenir en commun reste, en l’état, la production la plus aboutie de la gauche française.

Et à ceux qui trouverait ce programme par trop extrémiste, je leur suggère de feuilleter le Programme commun signé en 1972 ou même les 110 propositions pour la France de François Mitterrand. Celles justement sur lesquelles il s’est fait élire en 1981. Souvenez-vous simplement des nationalisations. Y compris celles des banques ! A côté, l’Avenir en commun a un petit côté eau tiède, ce qui, somme toute, est rassurant.

La production idéologique du PS d’aujourd’hui ressemble à une grande steppe glacée sur laquelle souffle le blizzard du marché. Ce parti a renoncé à penser pour préserver son unité. Ce qui est le meilleur moyen de disparaître dans le trou noir du libéralisme. Une exception cependant. La tentative de Boris Vallaud, le patron des députés socialistes, pour proposer un nouveau concept : la démarchandisation. Gadget de campagne ou socle d’un renouveau, l’avenir le dira.

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