Une semaine en absurdie

À bien y regarder, la séquence que nous avons vécue depuis la démission d’Élisabeth Borne et son gouvernement est assez curieuse. Avant même que Gabriel Attal soit nommé, un ministre, Gérald Darmanin, a annoncé qu’il restait en place après s’en être entretenu avec le président de la République. Un autre, Bruno Le Maire, a indiqué au détour d’une cérémonie des vœux combien il serait regrettable de se séparer de lui, tant son bilan était bon et tant il restait à faire.

Double casquette ministérielle

Une fois Gabriel Attal nommé, c’est la géographie du gouvernement qui a surpris. La concentration de l’Éducation nationale et des sports entre les mains d’Amélie Oudéa-Castéra en année olympique défie l’entendement. Faut-il en conclure que la ministre, d’ici la rentrée de septembre, se contentera d’expédier les dossiers concernant l’école ?

Quant à ses propos dévalorisants sur l’école publique, la cohérence politique aurait voulu que le Premier ministre se sépare d’elle. Quelle légitimité peut-elle conserver auprès du corps enseignant après une pareille bourde ?

Que penser encore de Catherine Vautrin qui cumule le travail et la santé ? Un des deux portefeuilles sera forcément négligé. Or les deux secteurs sont en surchauffe. Faudra-t-il attendre qu’il y ait des manifestations pour se rendre compte que des ministres dédiés n’auraient pas été un luxe ?

Premier ministre bis

Étrange encore, la conférence de presse d’Emmanuel Macron, mardi soir. On attendait du président une vision, une perspective. Nous avons eu la déclaration de politique générale d’un Premier ministre. Que pourra bien annoncer ce dernier le 30 janvier lorsqu’il prendra la parole devant les députés ?

Paris vaut bien un ministère

Il y a encore le phénomène Rachida Dati. Mise en examen, elle a pourtant été nommée ministre. Emmanuel Macron aurait peut-être pu se montrer plus pointilleux en matière d’exemplarité.

Mais Paris, à défaut de messe, vaut bien une entorse à la règle. D’ailleurs on a bien compris, dès le lendemain de la conférence de presse, que Rachida Dati n’était que de passage au ministère de la Culture. L’ancienne sarkozyste a, en effet, annoncé qu’elle sera candidate à la mairie de Paris en 2026. Le monde de la culture est prié de patienter jusqu’à la désignation de son successeur.

L’Intérieur regarde à l’extérieur

Un autre ministre a fixé la date de son départ : Gérald Darmanin. Encore lui ! Il a fait savoir qu’il quitterait le ministère de l’Intérieur à l’issue des Jeux Olympiques. Pour aller où ? Pour l’instant, personne ne le sait.

Ce bricolage permanent n’est pas pour rassurer. Le pays traverse une crise politique et sociale. Les Français s’interrogent. On voudrait rajouter à leur trouble qu’on ne s’y serait pas pris autrement.

Serge Faubert

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