L’effondrement qui vient

Mardi prochain, les députés de gauche défendront leur première motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier. Le texte dénonce à la fois le refus de nommer Lucie Castets à Matignon et les mesures budgétaires « les plus austéritaires de ces vingt-cinq dernières années » que s’apprête à prendre le gouvernement.

Le RN ne censurera pas

Sur France 2, jeudi soir, la députée RN du Var, Laure Lavalette, a confirmé que son mouvement ne voterait pas la motion. Il n’y a donc aucun suspense : la motion sera rejetée.

S’il ne change rien dans l’immédiat, ce vote aura cependant une valeur symbolique forte. Car le choc économique et social qui se prépare va considérablement ébranler un pays déjà fragilisé par une dissolution dont les raisons restent incomprises. Que la cinquième force politique dans l’hémicycle s’empare dans la foulée de Matignon n’a pas rajouté de lisibilité à la séquence.

La menace de la récession

Le danger de récession économique est réel. En comprimant la demande, le gouvernement prend le risque de casser l’économie nationale. Moins de consommation donc moins d’entreprises, donc plus de chômeurs donc encore moins de consommation… La spirale est connue.

Dans ce contexte d’effondrement, la motion de censure de la gauche permettra d’affirmer l’existence d’une alternative aux politiques néolibérales. 

La gauche doit s’élargir

Encore faut-il que le Nouveau Front Populaire soit en mesure de formuler un projet qui rassemble au-delà de ses différentes composantes. Car si la gauche ne veut pas rester tributaire du Rassemblement national pour renverser le gouvernement, il lui faut trouver des alliés. Y compris chez les orphelins du macronisme. Elle ne peut prétendre passer de 30 % à 51 % des voix sans nouer des compromis.

Quelle place pour la France insoumise

C’est là que surgit la question de la place de la France insoumise. En l’état, celle-ci ne peut plus prétendre au leadership du rassemblement. Trop clivante. Mais par ailleurs, il est impossible de faire sans elle, quoi qu’en pensent les adversaires d’Olivier Faure et tous ceux qui rêvent d’un retour du funeste François Hollande.

Du congrès d’Épinay au 10 mai 1981

L’équation peut paraître insoluble. Elle a pourtant un précédent dans la longue histoire de la gauche. Dans les années 1970, François Mitterrand, après avoir rassemblé la famille socialiste au congrès d’Epinay (1971), avait dû composer avec un parti communiste dont les scores électoraux dépassaient les 20 %. Le PC rêvait alors de plumer la volaille socialiste pour reprendre l’expression de Georges Marchais. C’est finalement ce parti qui laissera dans l’aventure ses électeurs et son influence. Le 10 mai 1981 marquera à la fois le triomphe de l’union de la gauche et le déclin définitif du Parti communiste.

Comparaison n’est pas raison, mais…

Olivier Faure n’est certainement pas François Mitterrand et Jean-Luc Mélenchon n’est pas davantage Georges Marchais. Mais ce précédent prouve une chose : la gauche n’est pas condamnée à témoigner devant l’histoire. À elle d’inventer son chemin.

Serge Faubert

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