Quand on met le doigt dans l’engrenage, on finit par y laisser le bras. C’est ce que Michel Barnier est en train de vérifier. Après avoir concédé, jeudi, la baisse des taxes sur l’électricité et un rabotage de l’Aide médicale d’État (AME), le voilà sommé par Marine Le Pen de s’aligner sur les mesures prévues dans le contre budget du Rassemblement national. Ce que le Premier ministre ne peut faire sauf à s’engager dans la constitution d’une union des droites. Conglomérat dans lequel le Rassemblement national tiendrait bien évidemment la barre.
Lâcher quelques miettes supplémentaires
Certes, Michel Barnier peut encore lâcher du lest. Sur l’indexation des retraites, sur l’allègement des charges des entreprises ou sur l’immigration. Mais pourquoi Marine Le Pen se contenterait-elle de quelques miettes ? Son électorat réclame qu’on lui apporte la preuve de l’utilité du soutien apporté à Michel Barnier. Il faut donc que la présidente des députés RN fasse carton plein dans le bras de fer qui se joue avec Matignon.
Le gouvernement renversé mercredi ?
Sauf capitulation en rase campagne de Michel Barnier, il y a de grandes chances que celui-ci soit renversé mercredi par une motion de censure déposée par le Nouveau Front Populaire et votée avec le renfort des voix lepénistes.
Les scénarios
Dès lors, plusieurs scénarios sont envisageables. D’abord celui de la nomination d’un Premier ministre issu du Nouveau Front Populaire. Mais la droite et l’extrême droite joueront immédiatement la carte de la censure.
La nomination de Jordan Bardella alors ? Il faudrait a minima que le bloc central observe une bienveillante neutralité à son égard. Ce n’est pas impossible, mais il y aura des défections, voire des fractures.
Enfin, Emmanuel Macron peut prospecter à droite pour trouver une figure qui soit agréée par le RN. Il y en a. Mais l’une de ces dernières voudra-t-elle aller à Matignon ?
La démission d’Emmanuel Macron ne résoudra rien
Bref, le blocage institutionnel n’est pas loin. Pour Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, le dénouement passe par la démission du président de la République et l’organisation d’une nouvelle élection.
Mais cette démission ne résoudra rien. Nouveau président ou pas, il est impossible de dissoudre l’Assemblée nationale jusqu’au mois de juillet. Le nouvel occupant de l’Élysée se retrouverait impuissant à peine élu.
Quelle que soit l’issue de l’affrontement entre le RN et Matignon, la France n’est donc pas prête de sortir de l’ornière dans laquelle Emmanuel Macron l’a faite basculer.
Serge Faubert
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