Comment ramener la paix civile en Nouvelle-Calédonie sans que les décisions qui seront prises ne soient exploitées par les adversaires politiques ? C’est l’équation à laquelle est confronté le gouvernement. À trois semaines des élections européennes, chaque mot, chaque mesure aura un double impact. Ici en métropole et là-bas, dans l’archipel.
Simplisme et complexité
Sans être particulièrement violente, la campagne électorale, comme toutes les campagnes, à tendance devenir de plus en plus simpliste et caricaturale au fur et à mesure que l’heure du scrutin approche. Or justement, la crise en Nouvelle-Calédonie réclame d’entrer dans la complexité. De comprendre qu’il ne peut y avoir ni vainqueur ni vaincu au sortir des évènements – à supposer qu’ils touchent à leur fin. Bref, il faut une vision et non une gestion à la petite semaine des événements.
Car sinon, c’est le spectre d’Ouvéa qui se profile. Une action militaire sanglante – dans laquelle certains militaires ont déshonoré l’uniforme – uniquement dictée par un opportunisme électoral.
Une classe politique dans la posture
Déjà le raidissement de la parole politique sur le sujet se fait entendre. Du côté de la France insoumise et d’une partie de la gauche, on dénonce une France éternellement colonialiste. À l’inverse, les Républicains crient au laxisme. Laxisme qui ne ferait qu’encourager les éléments les plus radicaux. Quant au RN, il excelle dans le double langage, comme à son habitude. D’un côté, il vote le projet de loi constitutionnelle, de l’autre, il explique qu’il aurait fallu reporter l’examen de ce texte.
Cet emballement dans les postures n’augure rien de bon. Car on le sait depuis les gilets jaunes, l’exécutif a une fâcheuse tendance à naviguer à vue dans les crises.
L’exécutif navigue à vue
D’abord la brutalité – on l’a vu au moment de la réforme des retraites – ; ensuite un ersatz de concertation – souvenons-nous du grand débat – ; enfin un président qui vient annoncer un cours nouveau qui se révélera aussitôt n’être que la poursuite de l’ancien.
Déjà détestable, ce scénario appliqué à la Nouvelle-Calédonie ne ferait que rajouter du combustible à l’embrasement. Et conduirait à la guerre civile.
À la recherche du médiateur
Il faut une médiation qui recueille l’assentiment de toutes les parties. Au moins sur son impartialité. Depuis 24 heures, le nom de Gérard Larcher, le président du Sénat, revient souvent. Comme celui de Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale. Ou encore celui d’Édouard Philippe, l’ancien Premier ministre. On cite également deux anciens hauts-commissaires à la Nouvelle-Calédonie, Thierry Lataste et Alain Christnacht.
Celle ou celui qui renouera les fils du dialogue est-il dans cette liste ? Ce qui est certain, c’est que ni Gérald Darmanin, ni Gabriel Attal, ne peuvent être des interlocuteurs. Le premier, parce qu’il est responsable du désastre actuel. Le second, parce qu’il n’a jamais voulu s’impliquer dans ce dossier. Étrange de la part d’un homme qui invoque l’autorité à chacune de ses prises de parole. N’est pas Michel Rocard qui veut…
Serge Faubert
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