Mathilde Panot veut désarmer les policiers municipaux et débrancher la vidéosurveillance

Mathilde Panot, députée « La France insoumise » et présidente du groupe « La France insoumise » à l’Assemblée nationale, le 06/07/2025 ©BFMTV

Le débat sur la sécurité s’invite dans la campagne des municipales. Et par la grande porte. Le ministère de l’Intérieur met la dernière main à un projet de loi qui élargira les compétences des polices municipales. Les 28 000 fonctionnaires territoriaux affectés à ces missions pourront ainsi dresser procès-verbal lorsqu’ils constatent de petites infractions, accéder à certains fichiers de la police nationale, fouiller les coffres des véhicules, placer des voitures en fourrière, relever plus facilement les identités des suspects, et même utiliser des drones et des caméras-piétons, à certaines conditions.

Ce texte devrait être inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée dès la rentrée parlementaire. En octobre, donc. Les attributions des policiers municipaux vont être par conséquent un des enjeux majeurs de la campagne des municipales. Car 4600 communes se sont déjà dotées de leur propre police. Mais la polémique n’a pas attendu le projet de loi pour démarrer.

Ce dimanche, sur BFM, Mathilde Panot a déclaré qu’elle voulait désarmer les policiers municipaux.

Pour la présidente du groupe parlementaire LFI, les policiers municipaux, qui jouent le rôle de police de proximité, ont vocation à être intégrés à la police nationale. Ne demeureraient sur le terrain que des agents, désarmés, dont la mission serait de créer du lien et de faire remonter des informations.

Dans la foulée, Mathilde Panot réclame également le retrait des caméras de vidéosurveillance qu’elle juge inutiles. C’est vrai pour la prévention. C’est faux en revanche lorsqu’il s’agit de rechercher les auteurs de délits ou de crimes. Il est incontestable que l’État, au fil des ans, s’est déchargé sur les collectivités locales d’une partie de ses missions de sécurité. Il économise ainsi chaque année 2,2 milliards d’euros. C’est en effet la somme rondelette que les communes déboursent pour mettre du bleu dans leurs rues. Et ce n’est pas demain la veille que ces fonctionnaires territoriaux rejoindront le giron de la police nationale. Car à l’exception de LFI, aucune force politique ne propose cette intégration.

Il y a pourtant un réel danger de voir des maires se transformer en shérif en privatisant, en quelque sorte, la force publique. Dans l’intervalle, la question de l’armement reste donc posée. Pour les socialistes, il est hors de question de soutenir des candidats qui voudraient supprimer l’armement des policiers municipaux ou la vidéoprotection.

De l’huile sur le feu

Je ne me mettrai pas derrière un maire insoumis qui annoncerait qu’il va supprimer la vidéoprotection ou qu’il va supprimer l’armement des policiers. Ça n’a aucun sens. Et il n’y aura aucun socialiste qui aura dans son programme ou dans le programme qu’il avance pour les prochaines élections municipales, la fin de toute forme de vidéoprotection.

Olivier Faure, député « Socialistes et apparentés » et Premier secrétaire du Parti socialiste, le 07/07/2025

Déjà délicates, les négociations pour les municipales risquent de se transformer en mission impossible. D’autant que les positions varient selon les communes, quant bien même celles-ci affichent la même couleur politique. Prenons les écologistes. A Grenoble, le maire, Éric Piolle s’est toujours refusé à armer ses policiers, autrement qu’avec des bâtons de défense. Mais à Bordeaux, le maire écologiste Pierre Hurmic a décidé qu’un quart de ses 200 agents seraient équipés d’armes à feu. Cherchez l’erreur.

On s’en doute, la droite a sauté sur l’occasion pour instruire l’éternel procès en laxisme de la gauche laxiste. Ainsi Gérald Darmanin : “Traduction : avec cette gauche, vous n’aurez plus le droit à la sécurité. La gauche sans le peuple.” Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France n’est pas en reste. “La France insoumise fait le choix de l’insécurité dans nos communes ! Les Français jugeront…. On comprend mieux pourquoi ils souhaitent mettre à terre notre bouclier de sécurité avec les communistes. Aux municipales, nous ferons tout pour leur faire barrage !”

Si le barrage est à la hauteur de son score à la présidentielle – 4,78% -, LFI et les communistes n’ont pas de trop de souci à se faire… Quant au Rassemblement national, il fait du… Rassemblement national.

Pas très malin

LFI est clairement aujourd’hui le parti des voyous et le parti des racailles. Et c’est insupportable parce que derrière il y a des Français qui souffrent de l’insécurité. Vous avez un parti qui aujourd’hui les met clairement en insécurité avec des politiques qui sont délirantes. Des politiques qui font le jeu de ceux qui agressent, de ceux qui attaquent, de ceux qui violent, de ceux qui volent.

Julien Odoul, député « Rassemblement national », le 07/07/2025

Cette annonce sur le désarmement des policiers municipaux était-elle la façon la plus adroite d’entamer la campagne des municipales ? On aura la réponse en mars 2026. D’ici-là, on n’a pas fini d’en entendre parler.

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