Alors que depuis plusieurs mois le spectre de la guerre civile plane sur la Nouvelle-Calédonie, les annonces de Michel Barnier ont laissé entrevoir une reprise du dialogue.
Je suis en mesure d’annoncer, en accord avec le président de la République, la décision de reporter les élections provinciales jusqu’à fin 2025. Les assemblées parlementaires ont donc prochainement à se prononcer sur ce report par une loi organique.
Le projet de loi constitutionnel sur le dégel du corps électoral adopté en mai dernier par les parlementaires ne sera pas soumis au Congrès, comme le confirmera le président de la République aux élus de Nouvelle-Calédonie comme il a l’intention de le faire en les réunissant au mois de Novembre.
Michel Barnier, Premier ministre, le 1/10/2024
Ce changement de pied au sommet de l’État est apprécié par Emmanuel Tjibaou, l’unique député indépendantiste de l’Assemblée.
C’est sûr que l’organisation politique institutionnelle qui a été proposée par le Premier ministre Barnier, c’est que les outre-mers reviennent à Matignon. C’est une bonne chose, c’est un élément qu’avaient demandé les indépendantistes. On demande l’impartialité de l’État. Et que dans ce cas-là, une mission parlementaire soit engagée. C’est ce qui a été annoncé tout à l’heure, notamment avec l’application de madame la présidente de l’Assemblée nationale autant que celle de monsieur Larcher au Sénat.
C’est une bonne chose pour nous parce que ça permet aussi de prendre de la hauteur par rapport aux enjeux. C’est là où on dit qu’il y a des gages de confiance qu’il faut conforter, plus que les actes. Maintenant, plus que les paroles, il faut des actes.
Emmanuel Tjibaou, député GDR, le 1/10/2024
Bien sûr, l’autre député de Nouvelle Calédonie, Nicolas Metzdorf, se montre nettement moins enthousiaste. Voire carrément hostile à la position du Premier ministre.
On a un Premier ministre qui n’a pas saisi complètement la gravité du dossier calédonien. Il donne un gage, en plus, aux indépendantistes radicaux et à Jean-Luc Mélenchon en parlant du Congrès de Versailles. Donc à mon niveau la question de la censure se pose, oui.
L’idée, c’est quoi ? C’est de dire : “Vous avez eu raison en fait de brûler des commerces, de brûler des maisons, de prendre en otage la population calédonienne pour empêcher aux gens honnêtes qui travaillent de ne pas voter”.
On pense toujours à ceux qui cassent, mais ceux qui ne cassent pas, ceux qui subissent, ceux qui ont subi les dégradations, qui n’ont plus d’emploi aujourd’hui, qui ont dû protéger leur maison, qui ont vu leur maison brûler, qui ont vu leur entreprise brûler, qui ont vu leur emploi détruit, et qui ne peuvent pas voter chez eux, c’est quoi le message qu’on leur envoie à eux ? Pourquoi on parle toujours des coupables et pas des victimes ?
Nicolas Metzdorf, député EPR, le 1/10/2024
Rapprocher les points de vue prendra certainement du temps. Mais pour le coup, Michel Barnier peut être l’homme de la situation. Comme un autre Michel, Rocard celui-là, le fut en son temps.
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