Ce n’est pas le moindre paradoxe de la séquence politique. S’il n’y avait eu la dissolution de l’Assemblée nationale et la perspective d’une victoire du Rassemblement national aux élections législatives, jamais la gauche n’aurait retrouvé le chemin de l’unité. Sans la décision d’Emmanuel Macron, pas de Front populaire et pas de programme commun.
L’intéressé doit s’en mordre les doigts. Il avait parié sur les divisions et la dispersion. Et voilà que l’onde de choc du 9 juin lui renvoie un programme qui entend remettre les compteurs à zéro.
Le retour de l’État social
Pouvoir d’achat, services publics, retraites, assurance chômage, fiscalité, santé, durée du travail, justice, police… Pas un secteur qui ne se voit expurgé des mesures libérales qui l’ont rongé sinon détruit ces dernières années. L’abrogation de la réforme des retraites étant le plus flamboyant symbole de ce mouvement.
Ce programme est un gigantesque coup de gomme sur les sept années de macronisme. Ce n’est pas une révolution. Plutôt une réparation ou une restauration. Celle de l’État social qui protège les plus faibles et compense les inégalités de naissance et de condition. Enfin la gauche revient à ses fondamentaux, a-t-on envie de dire. Enfin elle s’adresse à tous les citoyens.
Réformisme tranquille
Ce réformisme tranquille est la véritable force de ce programme. Les Français ne rêvent pas de changer le monde. Ils aspirent simplement à retrouver un pays apaisé et prospère. Ce n’est pas pour rien que le programme du Conseil national de la Résistance avait choisi de s’appeler Les jours heureux. Au fond, que souhaite un peuple sinon le bonheur ?
Quinze jours de campagne suffiront-ils pour convaincre une majorité de Français que la gauche a retrouvé son intelligence collective ? Elle a tant déçu par le passé. Y compris récemment. Mais les seules batailles perdues sont celles qu’on ne mène pas.
Serge Faubert
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