Pour une fois, on ne lui reprochera pas d’en faire trop. On irait même jusqu’à saluer sa réaction. Jeudi, Emmanuel Macron a reçu une douzaine de chefs de parti et de groupe parlementaire pour leur exposer la situation en Ukraine. Le soir, sur les réseaux sociaux, le chef de l’État s’est employé à alerter les Français. « Je sonne un peu le tocsin » a-t-il prévenu dans son propos liminaire.
Les frontières remodelées
Il y a de quoi. Les deux impérialismes, l’américain et le russe, remodèlent les frontières à l’Est tandis que les Chinois étendent leur domination commerciale et militaire. Dans cette redistribution des cartes, l’Europe est superbement ignorée. Quand elle n’est pas humiliée à domicile par le vice-président américain J.D. Vance venu gloser à Munich sur la décadence du vieux continent.
Le triomphe de la politique politicienne
De fait, alors que le monde bouge, la France politique semble anesthésiée. Au-dehors, le bruit des bottes se fait entendre. Mais les Républicains comme les socialistes préparent leur congrès. Marine Le Pen attend le résultat de son procès et la France insoumise qui misait sur une présidentielle anticipée semble tout à coup à court d’arguments. La politique politicienne étouffe toute vision planétaire.
Pourtant, les sondages le confirment, les Français sont inquiets. Ils ont bien compris que le parapluie américain appartenait au passé. Et que l’absence d’une défense européenne devenait un souci majeur.
Une force d’interposition
Quelle que soit sa forme, un cessez-le-feu en Ukraine ne marquera pas la fin des ambitions territoriales de Vladimir Poutine. Les États baltes, la Pologne ou encore la Roumanie sont les suivants sur la liste. Comme tous les empires, la Russie veut s’entourer de confins militaires. Autant de zones tampons qui garantiront sa sécurité, croit-elle.
Tôt ou tard, il faudra bien déployer une force d’interposition à même de dissuader les ambitions de Moscou. Sous quel drapeau, dans quel format, avec quelle mission. C’est encore le brouillard sur le sujet. Et c’est de cela qu’il faudrait débattre.
L’Europe politique a rendez-vous avec l’histoire
Un débat sur l’Ukraine doit se tenir au début du mois de mars à l’Assemblée. Il sera suivi d’un vote. Fort bien. Mais Emmanuel Macron reste un président démonétisé. Et les Allemands seront encore en train de négocier les contours de la nouvelle coalition CDU/CSU. Le leadership européen risque donc de rester vacant quelques mois encore. À moins que le Parlement européen ne se décide à être enfin au rendez-vous de l’histoire. Après tout, l’Europe n’était-elle pas censée éviter la guerre sur son sol ?
Serge Faubert
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