Gauche en travaux à partir du 10 juin

Aussi paradoxal que cela paraisse, les choses sérieuses commenceront pour la gauche au soir des européennes. Quoi qu’il arrive, le bloc de gauche ne dépassera pas les 30 %. En revanche, le score de chacune de ses composantes va redistribuer les cartes. Celles de la présidentielle de 2027.

Plus de candidat naturel

Car il n’y a plus de candidat naturel à la magistrature suprême. Jean-Luc Mélenchon, le rassembleur de 2022, incarne désormais la division et la confrontation. La gifle d’Adrien Quatennens, les injonctions pendant le mouvement contre la réforme des retraites, le refus d’appeler au calme au moment des émeutes et les contorsions de l’après 7 octobre ont eu raison de la NUPES.

L’inventaire des responsabilités fera le bonheur des historiens. Mais pour l’heure, le constat est sans appel. La gauche, si elle veut survivre, est condamnée à se réinventer.

Élaborer un programme, trouver un candidat pour l’incarner

Pour cela, il faut un programme et un candidat. Capables l’un comme l’autre de satisfaire un arc qui va des insoumis à l’aile droite du PS.

Dans l’histoire de la Ve République, seul François Mitterrand y est parvenu. En inventant la gauche plurielle, Lionel Jospin avait été à deux doigts de réussir. Mais du pluralisme à la dispersion, il n’y avait qu’un pas. Fatal.

La NUPES a surgi au bon moment. Celui où plus personne à gauche, hormis Jean-Luc Mélenchon, ne pouvait incarner le leadership. On ne soulignera jamais assez combien ce coup tactique fut génial. Mais depuis, les différentes familles ont repris des couleurs et retrouvé des appétits.

Ruffin et Autain

Comment recréer une dynamique unitaire ? Dans la mouvance insoumise, deux noms reviennent : ceux de François Ruffin et Clémentine Autain. L’un et l’autre se préparent, bâtissant des ponts entre les différents îlots de l’archipel des gauches. Dans les semaines qui viennent, – peut-être avant l’été – ils devraient sortir du bois. Car Jean-Luc Mélenchon est tenté d’accélérer les choses.

Au lendemain d’un résultat qui s’annonce médiocre – en dessous de 10 % dans toutes les hypothèses – le leader des insoumis devra installer un récit qui conduise à 2027, sauf à voir son camp se déliter. En d’autres termes, il lui faudra dire s’il repart au combat. Et comment.

Les socialistes vont devoir choisir

Du côté des socialistes, le combat ne sera pas moins âpre. D’un côté, il y a ceux qui n’ont jamais renoncé au social-libéralisme des années Hollande et qui prétendent retrouver l’hégémonie sur la gauche. Dans ce tiroir viennent se ranger François Hollande lui-même, mais aussi Carole Delga et peut-être Valérie Rabault… Sans oublier Raphaël Glucksmann qui commence à se dire qu’un destin national est à sa portée.

En face, il y a tous les socialistes qui ne veulent pas reproduire les erreurs du passé. À commencer par le Premier secrétaire, Olivier Faure. Ce dernier n’est pas hostile à une candidature commune en 2027 qui ne serait pas issue de ses rangs. François Ruffin ou Clémentine Autain ont assurément une carte à jouer.

Les écologistes, espèce menacée

Enfin, il y a les écologistes. Le recul par rapport à 2019 est abyssal. S’ils disparaissent de la carte, Marine Tondelier et l’actuelle direction n’y survivront pas. Et les maires élus en 2020 pourraient bien trébucher en 2026. De toutes les formations de gauche, c’est celle qui a le plus à redouter des résultats du 9 juin.

La menace du Rassemblement national devrait aider les uns et les autres à retrouver le chemin de l’unité. D’autant que le mouvement social a montré l’exemple au moment de la réforme des retraites. Il serait paradoxal que les intérêts boutiquiers l’emportent sur l’aspiration au rassemblement. Mais la politique n’est pas qu’affaire de raison…

Serge Faubert

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