Site icon Pure politique

Se préparer au pire pour l’empêcher

Les capitulations semblent devoir s’écrire à Munich. En 1938, l’Europe a abandonné la Tchécoslovaquie. Elle s’apprête maintenant à détourner son regard de l’Ukraine, cédant au diktat conjoint des impérialismes américain et russe. 

Ce mercredi 12 février, Donald Trump a décidé avec Vladimir Poutine de lancer des négociations immédiates pour un cessez-le-feu. Court-circuitant ainsi les principaux intéressés, l’Europe et l’Ukraine, réunis le lendemain à Munich pour une conférence sur la sécurité.

Colosse aux pieds d’argile

Le vieux continent n’a pas eu son mot à dire, faute de disposer d’une puissance militaire suffisante. Les économies sont en berne, dépendantes de la Chine comme jamais. Le couple franco-allemand, moteur de l’Union, est en panne. Emmanuel Macron est hors-jeu dans son propre pays et le chancelier allemand expédie les affaires courantes dans l’attente du résultat des législatives. Bref, l’Union est un colosse aux pieds d’argile. Au point que le vice-président américain, J.D. Vance puisse l’humilier à domicile en lui faisant la leçon sur sa décadence.

Vassalisation de l’Ukraine

Sans l’aide américaine, l’Ukraine ne pourra continuer longtemps à résister. Si elle s’effondre, ce sera le triomphe de la force et la promesse de nouveaux conflits. Car la Russie poutinienne n’a jamais renoncé à reconstituer l’ancien empire soviétique.

Les conditions pour un cessez-le-feu sont connues. Le maître du Kremlin exige la démilitarisation du pays, autrement dit sa vassalisation. Les Ukrainiens veulent bien abandonner les territoires conquis par l’armée russe – au moins temporairement – mais certainement pas se mettre à la merci de leur voisin.

Figuration militaire

Les armées européennes peuvent-elles, a minima, s’interposer ? Tributaires des équipements américains, elles devront se contenter de faire de la figuration si l’armurier de Washington coupe l’approvisionnement. Plus question d’en appeler à l’OTAN, le vice-président Vance l’a répété, l’Europe doit désormais prendre en charge sa défense.

Seule exception dans cette impuissance collective, la France. Nous sommes le seul pays à avoir conservé une industrie de défense, dernier héritage du gaullisme. La seule, encore, à disposer du feu nucléaire avec 290 ogives, juste derrière la Chine.

Mais nos forces échantillonnaires, quelle que soit leur valeur, ne peuvent stopper une armée russe forte d’un million et demi d’hommes. 

Les dominos

Sommes-nous condamnés alors à voir les pays limitrophes de la Russie tomber les uns après les autres comme autant de dominos ? A commencer par l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie. Et derrière, la Pologne, la Moldavie, la Géorgie ou même la Finlande. 

Le soulagement que l’on peut ressentir à voir une guerre se terminer ne doit pas masquer les périls qui viennent. Pourquoi Vladimir Poutine s’arrêterait, maintenant que Donald Trump lui laisse le champ libre ?

L’Europe a quelques mois devant elle pour bâtir une alliance militaire qui dissuade l’agresseur d’aller plus loin. Quand la force prend le pas sur le droit des peuples, il faut se préparer au pire. C’est le meilleur moyen de l’éviter. 

Serge Faubert

Quitter la version mobile