L’attaque israélienne, toujours en cours, contre l’Iran vient sanctionner l’échec de négociations menées depuis plusieurs semaines entre la Maison Blanche et Téhéran.
Le 12 avril dernier, Donald Trump avait fixé un délai de 60 jours aux Iraniens pour parvenir à un accord sur le nucléaire.
Ultimatum américain
Comme l’a rappelé le président américain, ce vendredi sur CNN, cet ultimatum expirait donc le jeudi 12 juin. Et c’est précisément un peu après minuit que les premières bombes israéliennes ont frappé les installations nucléaires iraniennes. 200 avions ont été engagés dans le raid soit quasiment la moitié de la flotte aérienne israélienne.
Pour les Israéliens, il s’agit d’empêcher les Iraniens de se doter de l’arme atomique. Le 1er juin, un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le gendarme de l’ONU sur le sujet, indiquait que Téhéran n’était plus très loin de devenir une puissance nucléaire.
L’accord de 2015
Et ce, en violation d’un accord signé en 2015 avec la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Russie et la Chine. Partie prenante de l’accord, les États-Unis s’en sont retirés en 2018.
Aux termes du traité, l’enrichissement de l’uranium était limité – en quantité et en qualité – à 3,67 %.
Selon le rapport de l’AIEA, la quantité totale d’uranium enrichi de l’Iran dépasse désormais de 45 fois la limite autorisée par l’accord de 2015, et s’élève à 9247,6 kg.
Il s’agit d’uranium enrichi à 60 %. Un seuil très proche des 90 % nécessaires à la fabrication d’armes atomiques.
Les États-Unis à la recherche d’un accord
Fin mai, les États-Unis ont adressé une proposition aux Iraniens. En échange de l’arrêt de tout enrichissement de l’uranium, Washington propose la création d’un groupe régional pour produire de l’énergie nucléaire civile. Ce groupe inclurait les États-Unis, l’Iran, l’Arabie saoudite et d’autres États arabes.
Les États-Unis affirment qu’ils ne sont pas derrière l’attaque israélienne. Même s’ils en étaient avertis. Disons qu’elle leur rend bien service. Car Donald Trump, incapable de mettre fin à la guerre en Ukraine, a besoin d’un succès diplomatique, fut-il arraché par la force.
Israël veut en finir avec l’Iran des Mollahs
Pour Israël, il s’agit d’en finir avec une puissance régionale, déjà passablement affaiblie par la disparition de ses proxys : Bachar el-Assad en Syrie et la chaîne de commandement du Hezbollah au Liban. Seuls demeurent actifs les Houtis, les rebelles yéménites.
En interne, le régime des Mollahs voit son autorité contestée, malgré une répression féroce. Le mouvement des femmes a entraîné derrière lui la jeunesse et une bonne part de la population.
Le 7 octobre est un évènement iranien
Il ne faut pas l’oublier, Israël tient l’Iran pour le responsable des massacres du 7 octobre.
Cette semaine, devant la Commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat français, l’ambassadeur d’Israël, Joshua Zarka, a considéré que « l’évènement du 7 octobre est un évènement iranien (…) Sans l’Iran qui a planifié, armé, financé le Hamas et les différentes organisations terroristes autour de nous, le 7 octobre n’aurait pas eu lieu ».
Va-t-on vers un embrasement ? Benjamin Netanyahu a averti que l’opération militaire se poursuivrait pendant de nombreux jours. La destruction des installations nucléaires, enfouies jusqu’à 80 mètres de profondeur, nécessite des bombardements répétés.
Le commandement iranien éliminé
Pour l’heure, la chaîne de commandement iranienne est désorganisée. L’attaque israélienne a éliminé le commandant en chef des gardiens de la révolution, Hossein Salami et le chef d’état-major des forces armées, Mohammad Bagheri.
Certes, ils seront remplacés par leurs adjoints. Mais dans l’immédiat, cela affaiblit les capacités de riposte de l’Iran. Téhéran promet pourtant d’ouvrir les « portes de l’enfer » à Israël.
Militairement, la République islamique ne dispose que d’un arsenal dépassé. Avions, blindés et navires ne font pas le poids face aux armées modernes.
La supériorité balistique iranienne
En revanche l’Iran a développé un réel savoir-faire dans la fabrication des missiles et des drones tueurs. Les missiles hypersoniques Fattah ainsi que les Kheibar – qui ont une portée de 2000 kilomètres – sont des armes redoutables. On doit encore mentionner le drone Kaman-22 qui peut parcourir 2000 kilomètres avant de tirer un missile de croisière d’une portée de 200 km.
Selon les experts, la République islamique disposerait de 2 000 projectiles dotés d’une charge explosive de 1 tonne. De quoi saturer le dôme de fer, la défense antiaérienne israélienne.
La poursuite des raids israéliens peut se transformer rapidement en conflit ouvert. Tout va dépendre désormais de la capacité de la communauté internationale à stopper l’escalade. Ce qui suppose de faire entendre raison à Donald Trump. Ce n’est pas gagné.
Serge Faubert