Élisabeth Borne lâche du lest. Sur France info, ce matin, elle a annoncé qu’elle renonçait à un projet de décret controversé sur la durée d’indemnisation des chômeurs et affirmé que le départ à la retraite à 65 ans n’était pas un totem.
Pour faire passer son projet de loi sur les retraites, le gouvernement se cherche des alliés. Ou, du moins, des partenaires de négociation.
Ménager la CFDT
Au premier rang de ceux-ci, il y a la CFDT. Mais voilà, le 23 décembre dernier, Laurent Berger, le patron de la centrale a très mal réagi en découvrant le projet de décret réduisant de 40 % la durée d’indemnisation chômage si celui-ci venait à passer en dessous de la barre des 6 %. Il l’avait écrit dans un tweet :
Découvrir dans le projet de décret une disposition encore plus dure pour les chômeurs sans qu’il n’en ait été question dans la concertation avec les partenaires sociaux. C’est de la pure déloyauté de la part du gouvernement
Pour la Première ministre, il n’est pas question de se mettre la CFDT à dos à la veille d’une séquence sociale délicate. Le projet de décret a donc été remballé.
Accélérer la réforme Touraine en échange d’un départ à 64 ans
Second relais sur lequel le gouvernement compte s’appuyer, les Républicains. Olivier Marleix, le président du groupe parlementaire, a fixé ses conditions. Oui à un départ à 63 ans d’ici la fin du quinquennat. Après on verra.
Éric Ciotti, le nouveau président du parti, s’est aligné sur la position des sénateurs LR. Comme chaque année depuis 4 ans, ces derniers ont introduit dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) un amendement portant l’âge de départ à 64 ans. Cette mesure s’appliquerait progressivement. Chaque année, l’âge de départ serait relevé d’un trimestre. La génération née en 1967 serait ainsi la première à partir à 64 ans.
Emmanuel Macron avait laissé entendre qu’il n’était pas fermé à un départ à 64 ans. Mais qu’il fallait des contreparties.
Élisabeth Borne a exclu ce matin d’augmenter les 43 années de cotisations prévues par la réforme Touraine votée en 2014. Entré en vigueur en 2020, ce texte prévoit que la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein augmente d’un trimestre tous les trois ans. Objectif : atteindre 172 trimestres en 2035, soit 43 années de cotisation.
Situation bloquée ? Non. Car la Première ministre pourrait proposer à ses interlocuteurs de raccourcir les délais. Par exemple, un trimestre tous les deux ans.
Le nombre maximal de trimestres ne serait pas modifié, mais il serait atteint plus tôt. Ce qui permettrait aux uns et aux autres de revenir devant leurs troupes avec un gain.
Mais il n’est pas certain que ce type d’arrangement suffise à désamorcer l’hostilité générale vis-à-vis de cette réforme.