Comme attendu, les Républicains n’ont pas voté, vendredi 29 septembre, la motion de censure déposée par la Nupes à la suite de l’utilisation par Élisabeth Borne du 49-3 sur le projet de loi de programmation budgétaire. C’est la douzième fois qu’ils sauvent ainsi un exécutif qu’ils prétendent combattre.
La séance est reprise. Voici le résultat du scrutin : majorité requise pour l’adoption de la motion de censure, soit la majorité absolue des membres composants l’Assemblée : 289, pour l’adoption : 193. La majorité requise n’étant pas atteinte, la motion de censure n’est pas adoptée. En conséquence, le projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2023 à 2027, est considéré comme adopté en nouvelle lecture.
Yaël Braun-Pivet, députée Renaissance des Yvelines et présidente de l’Assemblée nationale, 29 septembre 2023
Que voulez-vous, la droite, c’est l’éternelle histoire du gars dans la rue qui se cramponne de toutes ses forces à ses copains en disant : « Retenez-moi, je vais lui casser la figure », à propos d’un quidam sur le trottoir d’en face. À preuve, les déclarations d’Éric Ciotti dans Le Parisien de samedi sur les motions de censure qui vont accompagner l’examen du budget.
Borne peut dormir tranquille
[…] censurer un texte budgétaire, ça veut dire qu’il y a une majorité alternative pour construire un autre budget. Personnellement, je ne me vois pas discuter avec les amis de Monsieur Mélenchon pour préparer un autre budget.
Éric Ciotti, Le Parisien, 30 septembre 2023
Élisabeth Borne peut donc dormir tranquille. Jusqu’en février du moins. C’est à cette époque que l’Assemblée nationale examinera le projet de loi sur l’immigration qui prévoit des régularisations de sans-papiers dans les métiers en tension. Là, le groupe LR pourrait mettre ses menaces à exécution. Ou pas, d’ailleurs. À ce niveau de schizophrénie politique, on va rester prudent.
Question : Menacez-vous toujours d’une motion de censure sur ce texte ?
Réponse : Nous utiliserons tous les outils pour nous opposer à cette régularisation suicidaire.
Éric Ciotti, Le Parisien, 30 septembre 2023
Maîtresse d’école
Dans l’intervalle, l’Assemblée risque de connaître quelques séances agitées. Quand on confisque le droit de vote de la représentation nationale, même si la Constitution le permet, il faut s’attendre à ce que les députés remuent. Mais Yaël Braun-Pivet, qui confond de plus en plus son rôle avec celui d’une maîtresse d’école, est bien décidée à distribuer les punitions. Vous me recopierez 100 fois : « Je dois remercier la présidente lorsqu’elle me donne la parole. »
J’en ai parlé lors de la première conférence des présidents, l’ensemble des présidents de groupes, pour leur dire que nous ne pouvions pas repartir sur une année avec ce chahut. Depuis le début je suis intransigeante sur les injures, sur les invectives, sur le bazar. On dit que je suis celle qui a le plus sanctionné. Et je continuerai. Je ne laisserai plus rien passer.
Yaël Braun-Pivet, France Inter, 1er octobre 2023
Il y a un moyen plus simple de ramener le calme : laisser les élus de la nation se prononcer. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils ont été élus. La démocratie, c’est un vieux truc grec inventé par des barbus qui s’enroulaient dans des draps blancs. Mais c’est toujours mieux que la transformation de nos institutions en paravent d’un pouvoir illibéral.