On en parle peu et pourtant, derrière cet acronyme mystérieux, se dissimule un mécanisme qui est responsable, pour partie, de la hausse des prix de l’électricité.
Depuis 2011, EDF fournisseur historique est contraint de céder une partie de sa production à prix coutant à des fournisseurs alternatifs. Ils sont aujourd’hui au nombre d’une vingtaine, dont beaucoup d’étrangers.
Ouverture à la concurrence
Cette obligation découle de la loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l’Électricité) qui a ouvert le marché de l’électricité à la concurrence. Le texte institue notamment un Accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH).
Aux termes de celui-ci, EDF cède chaque année, à un prix fixé par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), 100 TWh d’électricité nucléaire. Ce qui représente un quart de sa production.
Jusqu’au 31 mars, le prix du MWh d’ARENH était fixé à 42 €/MWh.
Augmentation de l’Arenh
Le 13 janvier 2022, le gouvernement a annoncé des mesures pour contrer l’envol des prix de l’électricité. Il a décidé de porter le volume d’Arenh à 120 TWh pour la période du 1er avril au 31 décembre 2022 au prix de 46,5 €/MWh.
Le prix du TWh prévu par l’ARENH augmentera encore l’année prochaine. Dans le cadre de l’examen du projet de loi d’urgence en faveur du pouvoir d’achat le 21 juillet 2022, l’Assemblée nationale a approuvé une relève du montant de l’ARENH. Celui-ci devrait atteindre « au moins 49,5 euros » par mégawattheure (MWh) dès le 1er janvier 2023.
L’idée générale est d’éviter que les fournisseurs alternatifs ne s’approvisionnent au prix du marché et répercutent les hausses sur leurs clients. Pour le dire autrement, en augmentant la part d’électricité acquise à prix coutant, on contient l’envolée des prix.
Les fournisseurs alternatifs en déroute
Mais voilà, les fournisseurs alternatifs ne produisent pas d’électricité. Ils se contentent de l’acheter. Et comme ils sont nombreux, la part d’électricité ARENH à laquelle ils peuvent prétendre diminue. Résultat, ces alternatifs achètent aujourd’hui au prix de gros la moitié de l’électricité qu’ils revendent à leurs abonnés.
Une opération qui n’est pas rentable, puisqu’ils ne peuvent pas répercuter intégralement les hausses sur leurs clients. A rebours de toute logique commerciale, ces intermédiaires invitent donc leurs abonnés à se tourner vers d’autres prestataires, ou, à défaut, vers l’opérateur historique, EDF.
Ainsi, l’espagnol Iberdrola a adressé fin août un courrier à tous ses clients français dont les contrats arrivent à échéance en octobre, soit environ 10.000 clients. Le fournisseur les invite à souscrire un contrat chez un autre prestataire.
Effet d’aubaine et pratiques douteuses
Mais des petits malins profitent de l’occasion pour réaliser la culbute. Le quota d’ARENH de chaque fournisseur alternatif est fonction de la consommation de ses abonnés. Si le premier se débarrasse au bon moment d’une partie des seconds, il se retrouve avec un surplus d’électricité. Surplus acquis à bas prix et qui va être revendu au prix du marché de gros. Soit 10 fois plus cher.