Les salariés en ont marre de prendre des gnons. Ça les rend grognons. Ils préféreraient prendre du pognon. C’est cette évidence que sont venus rappeler les défilés du 1er mai. Même s’ils étaient moins fournis qu’en 2023, année de la mobilisation contre la réforme des retraites, les cortèges ont montré que la question sociale restait la première préoccupation des Français.
Nous sommes d’abord là pour dire qu’il faut arrêter de mépriser notre travail, les travailleuses et les travailleurs parce que c’est notre travail qui fait tourner la société et qu’il faut que le patronat et le gouvernement arrêtent de prendre les droits des travailleuses et des travailleurs pour son paillasson. Notre travail mérite salaire.
La casse sociale organisée par le gouvernement et le patronat est inacceptable. L’assurance-chômage, les caisses de l’AT/MP, des retraites complémentaires, ça n’est pas le tiroir-caisse du gouvernement dans lesquels il peut se servir à gogo pour aller multiplier ces cadeaux fiscaux pour les plus riches et les grands patrons.
Sophie Binet le 01/05/2024
Les libertés démocratiques en tête de cortège
Cette année, la question des libertés démocratiques s’est également installée dans le débat. La progression du Rassemblement national est dans toutes les têtes.
On a peut-être un 1er mai un peu plus centré cette année sur la question des libertés avec une dérive très grave. On voit bien qu’il y a un climat d’extrême droite qui monte et qui se traduit par une population qui est de plus en plus tentée par les solutions autoritaires et un gouvernement qui court après. Et ça pour le syndicalisme c’est très inquiétant et ça nous donne une responsabilité encore plus grande de former des collectifs, de faire ce type de manifestation, de reprendre les sujets à la base, de dire que les questions elles sont sociales, la question des salaires, de l’assurance-chômage, toutes les questions qui sont posées aujourd’hui qui sont d’autant plus importantes qu’on a vraiment besoin d’avoir ces collectifs.
Benoît Teste le 01/05/2024
Je pense qu’on confond une volonté de satisfaire un désir d’autorité dans le peuple français avec une dérive qui pourrait conduire à faire que ceux qui raflent la mise ce soit les vrais ennemis de la démocratie. C’est un jeu très dangereux.
Laurent Escure le 01/05/2024
Jean-Luc Mélenchon était à l’unisson de ce retour du social. Délaissant les questions internationales, le tribun avait retrouvé sa verve anticapitaliste de la campagne présidentielle.
Nous sommes entrés dans une nouvelle phase de lutte de classes particulièrement intense et violente. Une nouvelle fois, la répartition entre ceux qui produisent la richesse et ceux qui la confisquent entre dans une phase tendue. Il est temps de stopper cette machine infernale. Il est temps de procéder, ce qui en langue française ordinaire, s’appelle un soulèvement. Et, comme tous les mots se traduit dans toutes sortes de langues. C’est le soulèvement des consciences. Assez d’injustice ! Assez d’inégalité !
Jean-Luc Mélenchon le 01/05/2024
Aussi juste et nécessaire que soit la mobilisation contre la guerre à Gaza, on peut se demander si cet activisme n’a pas laissé le champ libre au gouvernement pour poursuivre sa destruction de l’État social.
Moi je pense que ce n’est pas contradictoire. Maintenant il faut qu’on puisse parler des deux. Bien évidemment apporter notre soutien et notre solidarité au peuple palestinien, interpeller Emmanuel Macron pour qu’enfin il reconnaisse l’État de Palestine aux côtés de l’État israélien. Mais on peut aussi parler du social. On est aujourd’hui le 1er mai, c’est la fête des travailleurs, moi je souhaite mobiliser fortement sur les questions sociales, permettre de mettre la focale là-dessus, parler de la hausse des factures énergétiques, des bas salaires dans notre pays, et je pense que c’est la priorité de tout le monde.
Léon Deffontaines le 01/05/2024
Puisque Pure Politique avait un communiste en face de lui, nous en avons profité pour demander à Léon Deffontaines une réaction sur Raphaël Glucksmann. Le leader de Place publique a été empêché de manifester à Saint-Étienne. Une action revendiquée par des militants des Jeunesses communistes.
Moi je tiens à apporter d’abord tout mon soutien et ma solidarité aux militants socialistes et leur tête de liste Raphaël Glucksmann qui ont été exfiltrés de la manifestation à Saint-Étienne. On peut avoir des désaccords politiques, on peut avoir du débat mais jamais ça doit tomber dans l’outrance, jamais ça doit tomber dans la violence comme ça a été le cas ce matin à l’encontre de la tête de liste du Parti socialiste. Et moi je le dis et je condamne fermement ces violences.
Léon Deffontaines le 01/05/2024
Mis en cause par Raphaël Glucksmann après son expulsion, Jean-Luc Mélenchon a réagi à son tour.
Pour m’éviter qu’on me pose 200 fois la question : je ne suis pas d’accord avec l’expulsion qui a été organisée par le groupe qui le revendique, la Jeunesse communiste, de monsieur Glucksmann à Saint-Étienne. Mais je note qu’il aurait dû réfléchir avant de parler et d’accuser la France insoumise qui est le confort se donne à toutes circonstances.
Jean-Luc Mélenchon le 01/05/2024
Du côté du Parti socialiste, on entend tourner la page de l’incident.
A gauche, certains prennent pour cible notre candidat tête de liste, mais prennent pour cible de manière générale toute la liste, j’en ai moi-même fait les frais. Mais, je pense qu’on réagit de la bonne manière. Aujourd’hui il faut dénoncer avec fermeté et avec force ces attaques parce qu’elles sont intolérables, elles sont clairement intolérables mais notre lutte, notre combat, ce n’est pas celui-là. C’est bien parce qu’on est là pour faire en sorte que les Françaises et les Français, les européennes et les européens, vivent mieux qu’on est présents dans les manifestations aujourd’hui. Nous, on n’a pas l’intention de se faire parasiter par des débats qui n’ont rien à voir avec la vie des européennes et des européens.
Emma Rafowicz le 01/05/2024
La Palestine dans toutes les têtes
Bien sûr, dans le cortège, la Palestine occupait les conversations militantes. En particulier, les récentes mobilisations à Sciences Po et à la Sorbonne.
Nous, on trouve qu’il est légitime que des étudiants s’émeuvent d’une situation qui à Gaza est tragique avec un million de personnes menacées par la famine, avec plus de 40 000 morts dont plus de 10 000 enfants. Donc qu’il y ait des mouvements étudiants dans nos facs pour s’alarmer de cette situation et pour porter des revendications que nous, nous rejoignons dans l’ensemble c’est quelque chose que nous soutenons et nous disons que la liberté d’opinion et la liberté doivent être respectées en France dans les limites définies par la loi. Donc ces mouvements, il faut faire attention aux expressions qu’il peut y avoir, s’il y a des expressions antisémites nous les condamnons mais ce n’est pas ce que nous avons observé. Nous avons observé dans l’ensemble un mouvement largement pacifiste.
Chloé Ridel le 01/05/2024
Lundi dernier, Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France a annoncé suspendre le versement des subventions promises à l’école de la rue Saint Guillaume. Un million d’euros, sur un budget annuel global de 200 millions d’euros. Dans un post sur le réseau X, elle déclare notamment : “Une minorité de radicalisés appelant à la haine antisémite et instrumentalisés par la LFI et ses alliés islamo-gauchistes, ne peuvent pas dicter leur loi à l’ensemble de la communauté éducative”.
Juste pour la forme, on rappellera que la région versera cette année 917 000 euros à Stanislas, l’établissement parisien privé bien connu. Et ce malgré les manquements de cette école à ses obligations comme l’a reconnu Valérie Pécresse elle-même. Quoi qu’il en soit, cette décision a été saluée par la présidente d’un groupe parlementaire…
Je suis ravie que notamment la région Ile-de-France ait répondu à la demande qui a été effectuée par le Sénateur Durox, il y a plus d’un mois de cela, de supprimer les subventions notamment à Sciences Politiques. Si les gens ne souhaitent plus subventionner ni les collectivités ni les fondations et si Sciences Po est assimilée à ce type de manifestations et d’appels à la haine, alors il n’y aura plus Sciences Po. C’est ça qui arrivera en fin de compte.
Marine Le Pen le 30/04/2024
Mais ce même mardi, c’était surtout l’audition de Mathilde Panot qui retenait l’attention des députés. Tôt dans la matinée, à proximité du commissariat où elle-même et Rima Hassan devaient être entendues, la présidente du groupe LFI à l’Assemblée haranguait ses partisans.
Dans quelle démocratie une présidente de groupe parlementaire d’opposition est-elle convoquée devant la police pour répondre de ses opinions politiques pour un communiqué de presse du groupe, c’est-à-dire dans le cadre de ses activités parlementaires pour une convocation aussi inouïe qu’apologie du terrorisme ? Dans quelle démocratie une candidate à une élection européenne est-elle convoquée elle aussi pour le même motif en pleine campagne électorale ? Dans quelle démocratie la liberté de réunion et d’expression de l’opposition politique est-elle réprimée au point que nous avons eu 6 annulations de conférences pour Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan, là aussi en pleine campagne électorale.
Mathilde Panot le 30/04/2024
Quoi que l’on pense de Mathilde Panot ou des communiqués du groupe LFI, cette audition par un service de police pose la question des limites de l’immunité parlementaire. Comme l’a rappelé la patronne des députés insoumis, elle est entendue pour avoir exercé ses prérogatives de représentante de la nation. Et puis il y a, bien sûr, le débat autour du délit d’apologie du terrorisme.